La Princesse des Monts Vertigineux

Chapitre 53. Trahison révélée

Chapitre 53. 

Trahison révélée

Laurental releva la tête. L'espace d'un instant, il avait crû apercevoir Angélica qui le regardait de la plus haute tour du château.

Il n'osa pas faire marche arrière de peur que les habitants le soupçonne de préparer un mauvais coup et préféra continuer sa route en traînant les pieds.

Aucun regard ne s'arrêtait sur lui, seule une fillette l'avait rabroué alors qu'il passait devant elle.

Elle s'était écriée : et toi le clochard ! Bouge de là tu empestes !

Le guerrier s'était retenu de la fusiller du regard et avait forcé l'allure.

Le froid engourdissait ses membres, si bien qu'il se prit à rêver d'un bon feu de cheminée...

Il serait bientôt à l'intérieur du château se réconforta t-il, il y ferait plus chaud.

Tandis qu'il tournait à l'angle du mur Est du château, espérant trouver une entrée discrète dans laquelle se faufiler, il remarqua quelque chose.

Laurental s'approcha prudemment.

Il s’aperçut bientôt que quelqu'un était enfoui sous la neige, inquiet, il se mit à gratter la couche neigeuse avec frénésie, dégageant un cou puis un visage de femme.

Cette dernière respirait difficilement, sa peau blafarde était tellement glacée que des taches violettes y apparaissaient. Même ses lèvres gercées avaient perdu leur couleur.

Il lui sembla connaître ces traits, figés par le froid, mais il n'y prêta pas plus attention que cela et entreprit de dégager le corps de la femme.

Laurental parcourut les environs du regard, personne n'était en vue, qu'allait-il faire d'elle ? S'il l'amenait au château, adieu la discrétion qu'il s'efforçait de conserver ! songea-t-il.

La respiration de la femme devint imperceptible, elle était en train de mourir !

Il fallait qu'il fasse quelque chose, et vite !

Paniqué, il décida finalement de la prendre dans ses bras et revint sur ses pas. Peu importe que tous ces gens le voit après tout, le Maître devait déjà être au courant de sa présence de toute façon !

Laurental abandonna l'idée de chercher une autre entrée derrière le château et préféra se précipiter sur celle que tout le personnel du Maître empruntait habituellement.

Tandis qu'il traversait la place à grands pas, tous tournaient vers lui des regards effrayés, murmurant entre eux.

La femme qu'il tenait fermement dans ses bras avait toujours les paupières closes, ses mains, d'un violet presque noir, pendaient négligemment dans le vide.

Le guerrier se mit soudainement à courir, craignant que la femme ne rende l'âme avant qu'il ait pu tenter quoi que ce soit pour la sauver, les habitants qui se trouvaient sur son chemin s'écartèrent en vitesse avec de petits cris terrifiés.

Un vent glacial collait ses vêtements à sa peau et lacérait son visage mais il n'en avait cure, tout ce qui comptait à ses yeux, s'était de secourir cette femme qu'il avait trouvé.

C'est alors qu'un bracelet qu'elle portait au poignet attira son regard. Il faillit la lâcher tellement sa surprise était grande.

- Jenny ? ! s'exclama t-il en observant son visage inexpressif, il était conscient qu'elle ne pouvait pas lui répondre mais il refusait de croire ce qu'il avait pourtant devant les yeux.

Il ne l'avait même pas reconnu avec ses vêtements aussi sombres que de l'encre et ce voile étrange qui lui couvrait une partie du visage. Comment était-ce possible qu'elle soit encore vivante et surtout, qu'il la retrouve au château de l'Ennemi ?

Jenny était perdue dans ses souvenirs, elle se rappelait d'un cerf-volant en forme de papillon qui dérivait dans le ciel gris, lui ayant échappé. La petite fille qu'elle était autrefois pleurait à chaudes larmes en le désignant. Elle se souvint que son frère avait parcouru des kilomètres pour le lui ramener, bravant la pluie qui commençait à tomber. Sa mère s'était inquiétée pour lui, elle avait tenté de lui faire promettre de ne plus jamais recommencer lorsqu'il était enfin rentré à la maison, les vêtements pleins de boue.

Ça me paraissait juste de l'aider puisque j'étais capable de le faire avait-il répondu.

Jenny ne l'avait jamais remercié, se contentant de serrer le cerf-volant qu'il lui avait rapporté contre son cœur.

Son frère, lui, ne l'avait jamais trahi. Elle avait fait une erreur, une erreur qui lui coûterait cher...