Chapitre 8. Les Monstres

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Chapitre 8. 

 Les Monstres 

Le général Faucon survola durant un moment l'énorme édifice où demeurait Darkshadow. Il admira le donjon et les deux hautes tourelles qui l'entouraient.

Il était enfin chez lui ! songea-t-il avec bonheur, il allait retrouver la femme qu'il servait depuis si longtemps, celle qui représentait tout pour lui. Il aurait fait n'importe quoi pour qu'elle le remarque, il espérait seulement qu'il lui avait un peu manqué.

Il plongea vers le pont-levis, les gardes en tuniques rouges ne lui prêtèrent même pas attention. Agacé, il reprit forme humaine et passa entre eux en leur adressant un regard assassin.

Il poursuivit sa route jusqu'au gigantesque escalier de pierre qui menait au long couloir bordé de statues de dragons qui semblaient veiller sur le château. Faucon prit garde de ne pas rater de marche car, l'escalier étant très ancien, elles commençaient à s'effriter.

Darkshadow, elle, n'avait pas à s'en soucier, elle se déplaçait peu et lorsqu'elle le faisait, elle passait par les cachots pour retrouver sa monture. Elle chevauchait un dragon noir aux écailles qui luisaient d'un éclat rouge malsain, elle l'avait appelé Frappeur et ce dernier avait l'air d'apprécier ce nom, c'était même rudement bien choisit car il apparaissait soudainement, brisant les nuages, surgissant de nulle part pour fondre sur sa proie qui n'avait aucune chance face à cet adversaire venu d'un autre monde.

La Reine n'était rien sans sa magie, il le consentait, elle n'avait jamais appris l'art du combat et détestait se salir les mains, préférant que les autres fassent le sale boulot à sa place, mais il devait avouer qu'elle volait à la perfection sur son dragon. Si elle se trouvait sur sa selle, son opposant était perdu...

Faucon ne cessait d'admirer cette femme qui n'avait peur de rien ni de personne.

Enfin arrivé à la lourde porte dorée à double battants débouchant sur la salle du trône, il adressa un signe aux deux jeunes gardes richement vêtus qui la surveillait. Reconnaissant aussitôt le général de « Sa Majesté la Reine », ils le firent entrer en ouvrant les lourds battants.

L'un des deux lui souffla au passage : elle est d'une humeur massacrante ! Son compagnon le fusilla du regard, l'air de dire : t'aurait pas pu te taire ? Maintenant elle va nous tuer !

Faucon hocha brièvement la tête et les dépassa, nerveux, la porte se referma avec un grand fracas derrière lui.

Son regard se posa en premier sur la femme de dos, qui semblait marcher au hasard à travers la pièce. Tout dans sa posture indiquait son profond agacement, ses cheveux habituellement si bien coiffés pendaient négligemment derrière elle, sa robe traînait par terre à chaque fois qu'elle se déplaçait. Surtout, elle battait avec rage le sol de ses bottes montantes comme si elle voulait écraser quelque insecte récalcitrant sous ses pieds.

Faucon hésita, se demandant s'il ne serait pas préférable de la laisser se calmer mais elle se retourna soudain vers lui, il sursauta.

- J'espère que tu m'apportes de bonnes nouvelles ! s'exclama-t-elle en rivant ses pupilles enflammées aux siennes.

- Et bien...c'est à dire que...bégaya-t-il.

- Rah ! J'en ai assez, tout va de travers dans ce maudit château ! Qu'ils brûlent tous en enfer ! hurla-t-elle, folle de rage.

- Puis je vous demander ce qui ne va pas ? osa Faucon.

- Ce qui ne va pas ? Tu oses demander ce qui ne va pas ? Ce qui se passe c'est qu'une patrouille de rebelle à encore attaquer mes hommes dans la forêt, qu'ils ont été décimés en moins de deux minutes, que le Maître à exiger que je lui rende des comptes et que je ne vois toujours pas trace de Laurental ni de cette gamine dans les parages ! fulmina-t-elle.

- Et bien justement...commença Faucon.

Darkshadow s'avachit sur son trône, se calmant un peu.

- Vas-y, parle ! bougonna-t-elle avec un geste de la main.

- Je venais pour vous prévenir que notre chère « musicienne » à retourner sa veste...

La femme se redressa d'un coup tandis que son espion poursuivait : je l'ai surpris en train de parler avec l'ennemi, contre toute attente, elle disait se nommer Angélica et vouloir retrouver sa mère, emmenée par des créatures sur une barque...

Le visage de la Reine s'illumina : sur une barque tu dis ?

- Je pensais bien que cela vous intéresserait ! se gaussa-t-il, fier de lui.

- Oui...je vois réfléchit-elle, cette enfant serait donc la fille de Laiyana qui croupit en ce moment même dans mes geôles et refuse de me révéler tout ce qu'elle sait ? Il se peut que la partie devienne amusante en fin de compte, j'ai maintenant un accord de choix à faire valoir...

Elle reporta son attention sur Faucon qui tortillait ses épais cheveux noirs, mal à l'aise.

- Trouve-la-moi !

Il allait acquiescer quand elle reprit vivement : non ! Tout compte fait c'est moi qui irais puisque tu n'es pas capable de me ramener Laurental, tu pourrais très bien faillir encore à ta mission et ça serait très...fâcheux ! Maintenant vas t-en, je dois réveiller la Horde ! s'écria-t-elle en ouvrant les portes avec sa magie. 

Une fois sortit, Faucon entendit Darkshadow s'époumoner : elle m'a trahit ! Et bien elle verra de quel bois je me chauffe !

Son cri parvint jusqu'à l'extérieur, parcourant les plaines hantées de Calangandi. En l'entendant, les vaches cessèrent de brouter, les chiens se mirent à aboyer furieusement et les habitants des villages voisins furent glacés de terreur.

A ce moment même, à des kilomètres de là, Laurental se tut pour écouter et souffla d'une voix vibrante de colère : à présent, elle sait !

C'est ainsi que les attaques commencèrent : des meutes de loups s'en prirent à des villages au Nord, des monstres horribles et répugnants ressemblant à des lions mais d'une couleur étonnante firent des ravages au Sud, enfin, un être immense sortit de terre à l'Est, une femme, terrifiée, nomma la bête          « ogre » avant de mourir d'une crise cardiaque, ces cheveux furent retrouvés aussi blancs que la neige alors qu'elle n'avait même pas atteint trente ans.

Peu de temps après le hurlement de Darkshadow, une vieille femme s'exprima à la télévision : je n'ai jamais vu ça ! dit-elle, ces créatures diaboliques recherchent quelqu'un c'est certain, nous ne serons en paix que lorsque le sacrifice de la personne qu'ils cherchent sera accompli, ils approchent...mon Dieu...ils sont là ! souffla-t-elle.

Ce furent les dernières paroles qu'elle eut le temps de prononcer avant que l'écran de télévision ne devienne noir et que des hurlements retentissent aux quatre coins des Royaumes.

La Princesse des Monts VertigineuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant