La Princesse des Monts Vertigineux

Chapitre 51. Préparation au combat

Chapitre 51.

Préparation au combat

Le château habituellement si calme était secoué par l'agitation.

Des domestiques couraient, s'engouffrant dans des portes et en sortant quelques minutes après, effrayés.

Les gardes autrefois immobiles, telles des statues s'élançaient à présent à leur trousse en leur criant milles ordres tous plus insensés les uns que les autres.

Non loin des écuries, des rugissements retentirent, émis par des dragons peu enclins à se lancer dans la bataille, n'acceptant pas si facilement d'être tout à coup tirés de leur sommeil.

Leurs écailles variaient, chacun ayant sa propre nuance, leurs tailles aussi étaient différentes. Certains étaient plus petits que d'autres, leurs couleurs allant d'un blanc éclatant jusqu'au noir le plus profond.

Le plus âgé d'entre eux, une bête aux écailles dorées qui brillaient de mille feux même dans l'obscurité la plus totale, refusait obstinément d'être sellé. Les petits bonshommes qui paradaient autour de lui commençaient franchement à l'agacer.

Il tenta de se rendormir mais un des êtres minuscules entreprit d'escalader sa longue queue pourvue de piques pour lui coller de force un harnais, objet qui pesait très lourd sur lui.

Le Maître semblait avoir tout prévu, dans la mesure où personne au château n'avait été formé pour chevaucher les dragons, exceptés Darkshadow et lui même, il avait décrété que ce serait des gardes inexpérimentés qui le feraient.

- Après tout, nous sommes en guerre, cet ordre n'est pas sujet à discussion ! avait-il déclaré tandis que les gardes ronchonnaient, terrifiés à l'idée de monter sur une de ces créatures terrifiantes.

Le dragon d'or chassa le petit homme qui se cramponnait à sa queue comme s'il n'était qu'une simple mouche puis il secoua sa grosse tête d'un air mécontent.

- Allez allez, il faut qu'on te selle mon joli ! essaya de l'amadouer le valet.

La bête le regarda approcher d'un oeil mauvais : il n'avait pas encore compris qu'il voulait qu'on le laisse tranquille ! songea t-il en fouettant violemment l'air de sa queue.

C'est alors qu'un homme étrangement séduisant, tout de noir et de velours vêtu, entra d'une démarche impérieuse, venant constater l'avancée des préparatifs.

Le dragon doré l'observa avec méfiance, il l'avait déjà aperçu alors qu'il venait voir l'un de ses congénères. A sa plus grande joie, il n'avait jamais prêté attention à lui. Pourtant, voilà qu'il avançait soudain avec détermination dans sa direction. Il finit par s'arrêter non loin de ses pattes de devant.

- Que se passe t-il ! lança t-il sèchement au valet qui s'évertuait toujours à faire bouger le dragon.

- Y veut pas de sa selle ! Ch'ais pas quoi faire avec cte bête ! souffla le petit homme agaçant, éreinté

Le Maître fixa d'un regard inquisiteur le Géant.

Énervé, il affirma : ce dragon refuse d'obéir ! ? Et bien qu'il reste, il ne nous sera d'aucune utilité !

Le valet ouvrit de grands yeux surpris.

- Mais c'est le plus grand de tous et...plaida t-il.

- Et aussi le plus vieux ! ajouta l'homme, il n'est pas assez vigoureux pour mener à bien la mission que j'ai confié aux autres, il pourrait faire un écart à tout moment où battre en retraite et cela coûterait la vie à celui qui aurait la malchance de le monter. Ce n'est pas que je me préoccupe de leur sort mais...

Non ! reprit-il, il est bien mieux ici, je parierais même qu'il n'a plus aucune flamme en réserve ! assura t-il avec un mépris non dissimulé.

- Vous voulez le laisser ici ? demanda tristement le valet, mais il va périr...si les rebelles le trouvent, ils vont...

Le Maître chassa ses protestations d'un geste indifférent.

- Cette affaire est réglée, conduis moi à ma monture, j'ai une idée pour la rendre encore plus puissante qu'elle ne l'est déjà.

- Et pour...le dragon de...de la Reine ? hésita le valet.

- Il est rentré sans elle ? s'écria le Maître, étonné.

- Oui...confirma l'autre, il était salement amoché mais...oui...

Le Maître jeta un coup d'oeil vers la créature noire qui se terrait dans un coin de la pièce, toute tremblante.

- Je lui réserve un sort très particulier...prononça l'homme en souriant méchamment.