Chapitre 49. Mauvaises nouvelles pour le Maître

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Chapitre 49.  

Mauvaises nouvelles pour le Maître

Après le départ de Jenny, le Maître s'était immobilisé en plein milieu de la grange, le regard fixé dans le vide. Il se repassait en boucle le jour où tout avait basculé.

Valtat vaquait à ses occupations habituelles.

Il étudiait certainement les cartes des Royaumes, assoiffé de conquête et refusait de prendre en compte ce que lui conseillait son général : un jeune très bizarre qui se nommait Faucon.

Nul ne savait où il l'avait déniché, les villageois racontaient que Faucon était le fruit d'expériences sur les animaux, d'autres qu'il avait étudié dans des forteresses invisibles enseignant la magie noire.

Mais personne ne connaissait la raison de sa présence au château.

En ce temps là, les plaines de Calangandi étaient sûres et les étrangers qui étaient de passage notaient l'omniprésence de la lumière qui éclairait le Royaume. Le Maître ne se souvenait pas d'avoir vu Darkshadow dans les parages tandis qu'il s'engouffrait dans le long escalier qui menait à la tourelle Est.

Essoufflé et enfin parvenu tout en haut, il ouvrit la porte de chêne qui se trouvait devant lui et découvrit son père non plongé dans ses cartes mais en train de charger Faucon de différents travaux.

A l'époque, l'adolescent qu'était le Maître avait considéré cela comme des aventures que Valtat refusait de confier à son propre fils.

Tout l'intérêt que son père lui portait, c'étaient ces lignes rouges qui barraient son torse, témoignages de sa cruauté. Mais il n'aurait pas fait cela à la fille ! Cette fille qu'il voulait voir à sa place et qu'il avait chargé de le tuer !

Soudain fou de rage, il avait empoigné Faucon par la chemise et l'avait jeté dehors en barrant la porte pour que personne n'entre.

Le reste se brouillait dans son esprit, il se rappelait avoir traîné son père au dehors, le vide s'étendant en dessous d'eux, tout en l'invectivant.

Valtat, quant à lui, ne cessait pas de sourire.

Il en était alors venu au principal problème : tu n'as d'yeux que pour cette garce que tu considères comme ta fille alors que moi, tu m'enfonces et tu ne me fais jamais de compliments ! avait-il hurlé sans se préoccuper du vent qui lui cinglait le visage.

- C'est Darkshadow que tu nommes ainsi mon fils ? Tu ferais mieux de surveiller tes paroles ! avait conseillé son père, c'est une jeune fille très compétente, promise à de grandes choses, un jour, elle deviendra la Reine si ce n'est plus ! il avait prononcé ces paroles avec une telle admiration que la fureur de son fils avait décuplée.

- La...Reine ? s'était étranglé le Maître comme si ce nom lui arrachait la bouche, elle est tout juste bonne à passer la serpillière et à me cirer les bottes ! Ce doit être moi le Roi, c'est moi ton héritier !

- Plus maintenant avait répondu calmement Valtat.

- Tu es sérieux ?

- Le plus sérieux du monde !

Le Maître s'était alors jeté sur son père et tandis qu'ils se battaient, il l'avait violemment poussé en direction du vide, les pieds de Valtat avaient dérapé sur la pierre glissante et il avait chuté non sans avoir regardé son fils droit dans les yeux, ce qu'il n'avait jamais fait auparavant.

La Princesse des Monts VertigineuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant