Chapitre 2. Poursuite dans la forêt

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Chapitre 2.  

Poursuite dans la forêt 

Ils couraient depuis des heures, la suivant entre les branches et les feuilles mortes volant en tous sens. Cette idiote était sur le point de les semer encore une fois, s'ils ne parvenaient pas à accélérer, ils perdraient bientôt sa trace. Pourtant, ils ne pouvaient pas se permettre de la laisser s'enfuir, les ordres venaient d'en haut cette fois, il fallait qu'ils la suppriment ou leur employeur les tuerait.

Le chef de meute jeta un coup d'œil à son voisin au pelage moucheté. Quiconque se serait promené dans ces bois n'auraient aperçu qu'une horde de chiens sanguinaires ressemblant à des loups qui couraient après un tourbillon de vent. Car la forêt était son domaine, quelquefois, elle semblait voler dans les airs tellement elle se déplaçait vite. Pourtant, les bois ne leurs étaient pas non plus étrangers, c'était d'ailleurs  pour cette raison qu'on les avait choisis pour cette tâche où tous les autres avaient échoué.

Merci du cadeau ! songea le chef de meute avec sarcasme tandis que ses énormes pattes s'abattaient en rythme sur le sol jonché de champignons en tout genre.

Ils devaient à tout prix l'éliminer ! Il le fallait ! C'était elle ou eux !

Le grand chien noir sauta par-dessus la branche qui lui barrait le passage, atterrissant sur ses pattes de l'autre côté, il prit appui sur un tas de troncs d'arbre que des bûcherons avaient dû couper et s'élança dans les airs, gagnant ainsi du terrain sur sa proie.

La jeune femme fuyait si vite qu'elle ne distinguait même plus ses pieds, en revanche, elle les sentait fouler la terre, le choc se répercutant dans ses jambes, bientôt, ses forces seraient totalement épuisées. Elle entendait les grognements des monstres qui se rapprochaient de plus en plus.

Ses vêtements verts clairs volant autour d'elle, elle gardait les yeux fixés sur le long chemin pavé, entouré de fleurs magnifiques qui venait d'apparaître à quelques lieues devant elle.

Elle savait que c'était le passage qui délimitait l'entrée des bois magiques de ses pairs les fées, de la forêt humaine, ses poursuivants seraient incapables d'entrer dans la forêt sacrée, lieu de pureté et de vie.

Courage tu y es presque, il suffit simplement de traverser la route et tu y es ! se répéta-t-elle pour la centième fois au moins, n'en étant plus tellement convaincue.

Elle distinguait maintenant avec précision une silhouette d'enfant qui agitait les mains dans sa direction.

- Ma chérie j'arrive ! cria-t-elle, malgré la distance qui les séparait elle savait que l'enfant l'avait entendue, c'était un des nombreux privilèges d'une fée.

Derrière la femme, la meute hurla de satisfaction, elle allait enfin capturer sa proie! Les chiens loups se divisèrent en deux parties, encerclant leur ennemie de tous les côtés à la fois. Alors, la femme comprit qu'elle était piégée...

La fée Rosalia ne savait plus quoi faire, ces créatures stupides barraient toute retraite ! Tandis que les monstres s'approchaient lentement d'elle, des grondements sourds montant de leurs gorges elle aperçut avec effroi sa petite fille quitter l'enceinte des bois protecteurs pour s'avancer vers elle.

-Non ! Vas-t’en Faliaka ! hurla-t-elle à son attention.

Elle reporta aussitôt son regard vers la Horde sans vérifier si sa fille lui avait obéit. Elle en compta huit. Irritée, elle réalisa trop tard : il en manque un !

Sur ses gardes, mais ne sachant pas d'où venait la menace la plus urgente, elle se décida à sortir son arme, c'était une sorte de fleur comportant cinq lames faisant office de pétales mais qui, si elles se plantaient dans de la chair « magique » provoquaient une crise cardiaque presque instantanée à l'ennemi en plus de lui entailler profondément la peau.

Elle n'eut même pas le temps de lancer sa Floris (cette arme se nommant ainsi), le gigantesque chien noir surgit de nulle part, bondissant sur elle. Rosalia s'écroula au sol, le souffle coupé, c'était bel et bien finit ! songea-t-elle en se tournant vers les bois sacrés, mais sa fille n'était plus en vue...

Dans un dernier effort, elle parvint à détacher son chignon parfait, un océan de cheveux argentés tomba sur ses épaules. Effrayés, les monstres reculèrent d'un même mouvement, seul leur chef resta fermement campé sur ses positions.

C'était elle, la femme dont toutes les créatures magiques parlaient avec respect, la dirigeante des fées, première résistante contre ceux que la Horde servait à présent.

Que lui avait-il prit de s'aventurer aussi loin sur des terres humaines ? se demanda le chef au pelage sombre tout en l'observant avec intérêt.

Lorsque la fée se releva à grand peine, il remarqua un petit paquet noir qui pendait à sa ceinture. Qu'était-ce donc ? se questionna la bête, sa curiosité ravivée.

Son employeur ne lui avait donné aucun ordre sur un quelconque paquet, fallait-il qu'il s'en empare ? Non ! Il n'avait jamais été question d'un paquetage, et puis, ce devait être le déjeuner de la fée ou quelque chose comme ça ! se convainquit-il.

Désespérée, la dirigeante des fées tournait la tête dans tous les sens, essayant en vain de trouver une échappatoire, mais le seul chemin conduisant à la liberté était barré par deux monstres au pelage roux.

Les crocs découverts mais se méfiant encore des pouvoirs que la fée pourrait déchaîner contre eux, les chiens loups refermaient leur piège.

Soudain Rosalia entrevit le bout d'un châle blanc qui apparaissait derrière le tronc d'un arbre.

- Non ! gémit-elle.

Alors que la Horde fondait sur elle la fée murmura, sachant que ses paroles ne seraient pas perdues : cache-toi Faliaka ma fille bien aimée et le moment venu, venge-moi !

C'est ainsi que la dirigeante des fées quitta ce monde, pour toujours...

Plus loin, la petite fille dissimulée derrière un sapin se mit à sangloter. Quand elle entendit les monstres se retirer du cadavre de sa pauvre mère et qu'alertés par le bruit de ses pleurs, ils s'approchaient de sa cachette, elle se mit à courir de toute la force de ses petites jambes et disparue dans la forêt sans un regard en arrière.

Elle abandonna dans son sillage son châle blanc comme la neige qui flotta un moment dans le vent tel un étendard de paix, symbole d'un dernier espoir...

La Princesse des Monts VertigineuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant