La Princesse des Monts Vertigineux

Chapitre 45. L'apparition

Chapitre 45.

L'apparition

Covey avait longé le long couloir jusqu'à arriver face à un cul de sac.

- Je suis certain que c'est bien ici pourtant ! ragea-t-il en frappant du poing contre le mur qui lui barrait le passage. Il avait mémorisé les plans du château avant de venir, les autres Seigneurs de Guerre s'étaient moqués de lui, pourtant, il était sûr que connaître l'emplacement de chaque pièce pourrait l'avantager un jour. Il se souvenait avec précision de la position du passage secret. Il tenta de trouver une prise sur le mur, peut-être coulissait-il ?

C'est alors qu'une silhouette passa devant lui. Il recula, surpris.

Covey se retourna, prêt à se retrouver nez à nez avec un garde, mais il n'y avait personne, le couloir semblait désert.

Un bruit s'éleva soudain, une sorte de grondement sourd, comme si quelqu'un tapait lourdement sur des pierres.

Il colla son oreille tout contre le mur, le bruit enfla aussitôt.

- Qu'est-ce que...commença-t-il.

Soudain, le mur céda sous une poussée inconnue, un passage sombre apparut alors devant les yeux de Covey tandis qu'une odeur d'humidité lui parvenait.

Il éternua sous le coup de la poussière, accumulée à travers les siècles et à présent dégagée.

Il allait s'y engager prudemment quand la silhouette réapparut, le faisant sursauter, elle avançait résolument dans sa direction.

- Qui êtes-vous ? gronda t-il en adoptant une posture d'attaque.

Avant même que le visage de l'apparition se découvre, il l'avait reconnu.

- C'est impossible ! hurla t-il sans se préoccuper du fait que quelqu'un pouvait l'entendre et que les gardes pourraient rappliquer. Qu'elle sorte de démon êtes-vous ! reprit-il en faisant un pas en arrière.

L'apparition se fendit d'un sourire si tendre qu'il faillit y succomber encore, comme la première fois qu'ils s'étaient rencontrés.

- C'est moi Covey ! murmura Marguerite d'une voix douce.

Elle paraissait flotter au-dessus du sol.

Son mari leva une main tremblante vers elle, une main qui passa à travers son corps comme si elle n'était que du vent.

- Non ! s'étrangla-t-il en se frottant les yeux, c'est un cauchemar !

- Je n'ai pas le temps de t'expliquer la raison de ma présence...

- M'expliquer la raison de ta présence ? reprocha Covey, tu devrais plutôt me dire comment tu as pu devenir ce...cet esprit ? Il m'avait pourtant promit que je te retrouverai...je vais le tuer ! rugit-il en serrant tellement les poings que ses jointures blanchirent.

- Tu dois rejoindre la Reine, toi seul peut la ramener au château et faire en sorte qu'elle provoque la perte du Maître, tu es notre seul espoir...chuchota sa femme sans tenir compte de ses paroles.

- Laiyana, maintenant toi, mais qu'est ce que vous avez tous avec cette Darkshadow ! s'énerva Covey. Je croyais qu'elle était notre ennemie, à présent, vous voulez tous que j'aille lui demander de l'aide ? Et puis je suis tout à fait capable de combattre cet homme seul, qui a dit que ce devait être cette femme qui...

- Chut mon amour l'apaisa-t-elle, il aurait alors juré sentir une main glacée se poser sur son épaule. Tu sais que Laiyana possède un étrange pouvoir, je ne suis d'ailleurs pas étonnée que tu ais gardé le secret quand j'étais toujours vivante...

Covey se rembrunit à cette mention.

S'apercevant qu'elle l'avait blessé elle s'excusa : je suis désolée...

Elle changea aussitôt de sujet : comme tu le sais Laiyana à des visions du futur, elle ne t'aurait jamais demandé cela si elle n'était pas tout à fait sûre...

- Laiyana est imprévisible ! coupa-t-il, je ne sais pas trop en quoi consiste son « pouvoir», ce dont je suis absolument certain, c'est que je ne l'ai jamais compris. Quand nous étions enfant, c'était une gamine réservée qui restait toujours dans son coin, elle avait tout le temps le regard perdu dans le vide, comme si elle vivait dans un autre monde, même moi je ne m'approchais pas d'elle !

- Si tu n'as pas confiance en elle ai au moins confiance en moi ! implora Marguerite.

Après un bref temps de réflexion il finit par soupirer : c'est d'accord, de toute manière je n'ai jamais pu te résister...

Le visage pâle de Marguerite s'éclaira d'un sourire.

Elle remarqua alors les larmes qui s'échappaient des yeux de son mari .

- Oh Covey ! s'attrista-t-elle.

- Je voulais qu'on fonde une famille, j'avais même l'intention de nous acheter une maison, je nous voyais déjà finir nos jours ensemble entourés d'une ribambelle d'enfants et tout cela...tout cela disparaît d'un seul coup ! regretta-t-il.

Impuissante, Marguerite ne détachait pas son regard de son mari.

- Je t'attendrai, mais trouve toi quelqu'un d'autre et aime-la comme tu m'as aimé ! souhaita-t-elle.

- Quoi ? ! grinça t-il en la fusillant du regard, jamais je ne pourrais en aimer une autre tu m'entends ! Jamais ! Tout ça c'est ta faute ! Pourquoi n'as-tu rien fais ? Pourquoi l'as-tu laisser te tuer ! l'accusa-t-il.

Car c'était bien le Maître qui l'avait assassiné, il n'en avait aucun doute.

Marguerite ouvrit la bouche pour dire quelque chose puis la referma, secouant tristement la tête.

- Sois prudent et suis la lumière conseilla-t-elle c'est le moins que je puisse faire pour toi !

Elle s'effaça alors non sans lui avoir auparavant soufflé un baiser.

Sa femme laissa la place à un faisceau de lumière blanche éclatante qui filait dans le passage qu'elle avait libéré.

- Je ne t'oublierai jamais, non....je t'aimerai...pour toujours ! promit Covey en restant immobile.

Il attendit ainsi plusieurs minutes, le regard fixé droit devant lui, comme si sa femme allait réapparaître, cette fois en chair et os, puis il se décida enfin à suivre la piste illuminée.

Marguerite voulait qu'il mène à bien sa mission, alors il le ferait, pour elle.

Maintenant qu'elle avait disparue, il redoutait d'avoir rêvé sa présence. Peut-être son cerveau lui avait-il joué un tour ?

Mais alors, comment le passage s'était-il soudain révélé à lui ? Qu'en était-il de cette lueur étrange qui éclairait à présent son chemin ?

Il ne le saurait jamais...