Métamorphose

Chapitre 50

Je déboule sur la terrace du grand précipice, ma lame déjà trempée de sang.
Une veine bat ma tempe, me faisant penser à un tambour qui marque le rythme de mon angoisse.
Mon regard se pose sur les traces de sang qui tâchent le marbre blanc, puis sur le trous imposant qui perfore la dalle.
Une goutte de sueur goule lentement le long de mon dos tandis que je m'y precipite, me penchant vivement dans le vide.
Une eau tumultueuse se fracassent sur la roche une bonne centaine de mètre plus bas, tandis qu'une roche effritée aux allures de monstres sort de la falaise vertigineuse pour former plusieurs petits plaques bancales et irrégulière le long de la paroie.

Aucune trace de corps...

....

Les bras douloureux et la hanche couverte du sang de ma blessure réouverte, je désescalade le plus rapidement possible sans me soucier des multiples écorchures qui apparaissent au fils de temps. En vérité je ne me soucie de rien, seulement du coeur qui bat dans ma poitrine, et de l'âme qui hante mes pensées.

Le temps passe, glisse entre mes doigts. Tout comme mes forces qui s'ammenuisent.
Mon pied ripe sur une roche trop lisse, et mes bras, incapable de soutenir mon poids lâchent, me faisant dégringoler de plusieurs mètres pour m'écraser violemment sur une plaque.
Mes poumons se vide de toute l'air en leur possession à cause du choc pendant que ma blessure m'envoit une onde de douleur, me terrassant sans aucune pitié.
Des points noirs dansent decant mes yeux avant que je ne plonge dans l'inconscience.

....

Des cris. Des hurlements. Des murmures. Tout un tas de bruit qui se bousculent dans ma tête, m'arrachant un gémissement de douleur.
Puis une voix. SA voix.

-Pourquoi n'es-tu pas là ? Je t'attend mais je ne te vois pas.

Un coup au plus profond de mon âme.

- Ai-je si peu d'importance ?

Un silence qui me glace le sang.

- Je suis tombé, et tu ne m'as pas ramassé. Je me suis cassé et tu ne m'as pas réparé. Tu m'as abandonné alors je ne fais qu'espérer. Où es-tu ?

Un bruit rauque sort de ma bouche. Un léger cris enroué qui m'arrache la gorge.

Puis une image. Son corps se fracassent dans les rochers. Son corps désarticulé qui tombe dans les vagues monstrueuses. Et moi hurlant, impuissant.

Je cris à m'en faire exploser la voix. Un hurlement qui sort de mes tripes, arrachant tout sur son passage. Mon coeur et ma raison.

Je sursaute. Sortant de mes douloureux songes. Désorienté. Meurtris dans l'âme et dans le corps.
À défaut de ma voix, mon corps hurle sa douleur, me faisant grimacer.

- J'ai bien cru que tu allais y passer.

Je sursaute de plus belle. Et ouvre en grand les yeux pour me tourner vers mon jumeau.

- Tu es bien loin de l'enragé qui a failli me décapiter sur place hier.

Perdu. Je ne répond pas, encore plongé dans le rêve qui est en réalité mon pire cauchemar.

- Tu tires une de ses têtes. Je suis sûr que si Elena te voyait elle se barrerait en courant sans demander son reste, blessures ou non.

Mon cerveau bloque net sur SON nom. Seul mot cohérent qu'il accepte de retenir.
Une douleur sans nom se propage, provennant du coeur, et ravageant au reste les ruines qu'est aujourd'hui mon corps.

Je me mord vivement la langue, une larme traitresse roulant lentement sur mon joue.
Mon bras courbaturé se lève malgré lui et dépose une main sur mes yeux, tentant de cacher le désastre. Geste inutile puisque la perle salé passe entre mes doigts, insensible à mon effort pour cacher la faiblesse qui me ronge.