Chapitre 52

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Ma respiration se coupe. J'ai l'impression qu'une main broit ma tranchée, m'empêchant de respirer. Je suffoque.

Ma transformation amorcée sous le coup de l'émotion. Je me laisse tomber à genoux dans le sang qui m'accule la roche. Près de son corps meurtris et sans vie.

Mes doigts tremblant s'approchent précautioneusement de ses cheveux d'ébène. Une douleur insupportable me lassère de l'intérieur, détruisant sans vergogne ma conscience.
Je décale légèrement une mèche, le coeur au bord des lèvres.

- Je suis désolé...

Ma murmure s'étrangle dans la sang qui s'écoule de ma bouche tandis que je regarde, figé,  la lame qui traverse mon abdomen, à quelques centimètres de celles qui a déjà failli m'emporter.

- Tellement désolé...

....

Une affreuse migraine me tire de mon inconscience.
Aveuglé, je peine à comprendre ce qui m'arrive.
Seul la douleur compte. Une douleur physique et morale.
Je retiens à grand mal un hurlement, avant d'ouvrir les yeux. Complètement au l'Ouest.

Mes oreilles bourdonnent un moment, et désorienté, je met un un certain temps à comprendre ce qui se passe.

Une voix rauque brise mon état stoïque. Crispant l'intégralité de mes muscles.

- Tu es dans un sale état.

Mon regard se fige dans celui d'un jeune homme.  Puis dérive ensuite sur le corps inerte qui pend au bout de son bras. Mes yeux restent un moment fixé sur les doigts qui enserrent le cou boursouflé d'Elena, puis s'attardent sur le sang qui dégouline de ses multiples blessures pour finir sa course sur le sol rocheux.

Ma respiration se coupe, tandis qu'un affreux tremblement secouent l'ensemble de mon être.

- Elle n'en a plus pour longtemps. Le grand mage tenait personnellement à s'en débarrasser.

Mes mains tremblantes se resserent en poing.  Tandis que je tente laborieusement de me relever.

- Lâche là....
A genoux, je ferme douloureusement les yeux.

- Je ne le répèterai pas. Lâche là.

Le jeune homme ricane.

- Tu n'es pas en position pour parler. Regarde dans l'état que tu es.

Je me met difficilement debout et rouvre les yeux, pour les river dans ceux du jeune homme.

- Lâche là.

Ses doigts se resserent lentement. Privant petit à petit d'oxygène Elena.

- Arrête !

Incertain. J'hésite à m'avancer.

Il serait si aisé pour lui de lui briser la nuque. Il serait si aisé pour lui de la tuer.

- Si tu approches ton frère y passe.

Je me retourne pour voir Diego complètement dans les vapes, une arme plaquée sous la gorge.

Je me fige, le coeur battant. Une goutte de sueur dévale le long de mon dos.

Bientôt on n'entends plus que deux respirations laborieuse, et le goutte à goutte morbide de sang s'écoulant sur le sol.
Une seconde goutte de sueur dévale mon front. Seulement deux respirations difficile. Mon visage se tourne et fixe celui d'Elena. Elle ne respire plus. Ma respiration se coupe.

Il faut que je réagisse, vite. Je tourne mon regard vers l'homme qui tient mon frère. Sarnek me lance un regard hautain, un rictus sournois sur le visage.

Que faire ? Réfléchis bon sang !

Mon regard se tourne vers le visage d'Elena. Ces lèvres commencent doucement à tourner en une couleur bleu inquiétante.

Bouge toi ! Fais quelque chose non d'un chien !

Je remonte mon regard sur le visage du jeune homme. Son visage et fermé, et un léger tique impatient secoue la main qui retient le corps d'Elena.

La panique m'envahit et un léger tremblement secoue mes mains. Je ne sais pas quoi faire.
Trop de fatigue, trop de pression, trop d'angoisse. Je ne sais plus gérer mes émotions. Ma raison a tout simplement foutu le camp et me laisse démunis, incapable de faire le moindre geste tant la peur me broie les entrailles.

Toute mon expérience, mes heures de combat, ma maîtrise, tout, tout est partis. Je ne suis plus qu'un homme démunis, ravagé. Ravagé par ses sentiments, ravagé par la douleur.

Mes yeux tombent sur l'épaule ensanglanté d'Elena. Son tatouage à demi-effacé sous le liquide écarlate me fait l'effet d'une bombe. Me rapellant la scène dans l'habitation branlante d'Edwin.
J'avais tant insisté et au final était partis seul pour aller me battre. Pour la sauver.

Et là ? Qu'est-ce que je fais ? Rien. Je tremble seulement de peur. Brillant par mon inutilité.

Non d'un chien ! Qu'est-ce que je fiche ?

Mon cerveau embrumé reprend doucement du service.

Premièrement, viré cette fichu angoisse et tout les sentiments parasites qui se trimbalent avec. Respirer.

Deuxièment, étudier la situation.

Troisièmement, agir en conséquence.

Ma magie s'écoule doucement dans mes veines, me permettant de gagner quelques maigre atouts.

Le calme revient dans mon esprit. Ne laissant que la froide âme d'un guerrier.

Explosant mon corps de douleur insoutenable, d'une rapidité improbable en vue de mon état, je fonce sur Sarnek, et profitant de l'effet de surprise lui assène un méchant coup dans le visage, éclatant son nez. Ce dernier recule sous le choc, libérant d'un geste brusque mon jumeau qu'il tombe violemment au sol, le sortant quelque peu de sa léthargie.

Utilisant l'élan de mon coup je retombe au sol, et me transforme pour bondir d'une puissance et d'une vitesse stupéfiante, utilisant les capacités extraordinaire de mon animal. En plein vole je me retransforme et tombe lourdement sur le jeune garçon. Ce dernier lâche vivement Elena et la projete violemment au sol, pour attraper d'une vitesse stupéfiante la lame qui pend à sa ceinture.

Cette dernière me racle l'épaule tandis que nous tombons tout les deux au sol.

D'un coup de pied, j'envois rouler le corps de mon ennemi sur la roche et me redresse d'un bond pour attraper la lame qu'il a lâché dans l'opération.
Je me redresse et me met en garde.

L'autre se relève et sort une deuxième lame, plus courte, qui pend le long de sa hanche. Nous nous jetons mutellement dessus, faisant entrechoquer nos lames avec violence.

A ce simple geste je comprend qu'en pleine possession de mes moyens j'aurai pu faire mordre la poussière à ce gringalet en une fraction de seconde. Malheureusement mon état critique me ralentis considérablement.

Je repousse la lame ennemi et d'un vif revers trace une ligne de feu sur la poitrine du jeune metamorphe.

Je tourne sur un de mes pieds, et utilisant mon élan pour compenser la force qu'il me manque, j'assene un violent coup qui fait trembler les bras de l'ennemi lorsque que ce dernier l'arrête.

Un souffle dans mon cou m'interpelle et je plonge vivement au sol pour éviter la lame qui aurait dû me décapiter. Cette dernière, va taper dans celle de son allié, prise par son élan, et l'envoie rouler au sol. Je me redresse d'un bon et envois un violent coup de pied dans le ventre de Sarnek avant d'envoyé avec force ma lame dans la tête du jeune homme. Ce dernier, trop surpris par son allié qui l'a involontairement désarmé, se prend le plat de ma lame sur la tempe, l'envoyant au sol, assommer.
Je me retourne d'un bont et plaque ma lame sur la gorge de Sarnek. Se dernier se fige, laissant tomber sa lame.
Dans son dos, mon frère en profite pour lui asséner un bon coup de pommeau à l'arrière du crâne. L'envoyant dans le pays des songes.

Je balance aussitôt mon arme et m'élance vers le corps sans vie qui gît par terre.

....

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