~ Chapitre 3 ~

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28 Décembre.

Depuis que maman est partie les vacances sont une horreur. Pas toutes ! Seulement les vacances de Noël. A ce moment, on reçoit la famille ou on est invités. Je déteste ces instants. Trop de souvenirs. Bons ? Mauvais ? Les deux. Et on s'en fiche. Ces souvenirs, ceux de maman, je n'ai pas envie de les partager. Non. Ce sont mes souvenirs. Pas les leurs. Et je ne veux pas de questions.

C'est aussi une période douloureuse parce que Elle est partie le 28 Décembre. Voilà. Aujourd'hui ca fait trois ans pile qu'elle est partie. Trois ans... J'ai limpression que ca fait 3 éternité. 3 siècles qui se sont écoulés depuis l'accident.

Aujourd'hui j'ai ''pété un cable'' comme on dit si bien. On était trop. Les oncles, les tantes, grands pères, grands mères, cousins... Tous à nous interroger. ''Tu te souviens quand... '' oui, je me souviens. C'était MA mère. Elle était tout. Je me souviens de tout. Les ''ça va ?'' toutes les 5 minutes. ''Mmmh..'' que répondre de plus ? J'ai envie de crier. Maman est morte !! Comment veut on que j'aille bien ? Et tu le sais ! Alors arrête avec tes questions idiotes !!
Et Benji... depuis qu'Elle est partie, il déprime. Je le voit. Je le sais. Et il ne parle presque plus. Très rarement. Mais ici tous le savent. Et ils veulent montrer qu'ils peuvent le faire parler, qu'ils sont plus fort que tout, qu'ils sont capables de faire en une minute ce que nous n'avons pas réussi en 3 ans. Alors j'ai crier.
《 Ça suffit !!! 》
Tous le monde s'est tue. Elle ? Elle qui déprime depuis des mois, elle... elle nous crie dessus ?
《 J'en ai marre ! Arrêtez ! Vous êtes tous des faux culs, je ne vous supporte plus ! Trois ans... trois ans que ca dure... avant déjà j'avais du mal. Jamais vous n'avez fait un pas vers nous. On ne faisait plus partie de vos vies. Et on n'a jamais su pourquoi. Et maintenant, depuis que Maman est... depuis qu'elle est partie vous ...vous ... vous ne nous prenez que pour des moins que rien. Oui on pleure. Parce qu'on a le droit d'être triste. Et non on ne va pas bien.
Benji ne parle plus depuis des mois, et c'est pas avec trois mots que vous allez le réparer !! 》
Je sens un noeud de former dans la gorge... pourquoi je m'énerve ? Arrete toi ! Ambre tais-toi !!! J'en suis incapable.
- On pourrais avoir des moments joyeux, ou au moins faire semblant ! Avec vos questions, vous ne voyez pas que vous nous foutez en l'air ? Ça suffit. Je ne veux plus que vous bousilliez m'a vie plus qu'elle ne l'est déjà. Vous n'êtes qu'une bande d'hypocrite. Vous étiez jamais là pour nous. Mais là oh oui ! Quand il s'agit de se montrer il y a toujours quelqu'un !

Soudain je ressens quelque chose de mouillé sur mon menton. Une larme. Je suis surprise. J'ai passé un ans à pleurer et deux dans aucune larme. Comme si j'était vide. J'ai l'impression de revivre. Est ce que j'aime pleurer ? Est ce que c'est le fait de crier qui m'a fait ça ? Sans doute. Je n'ai pas exprimé mes sentiments depuis un bout de temps alors...

Je n'ai plus envie de voir personne. J'ai honte de mon comprtement. Qu'est ce qu'ils ont fait pour mériter ca ? Ils essaient juste de nous réconforter ! Ils le font mal. J'ai envie de courir me réfugier dans ma chambre.

Mon frère me regarde. J'ai l'impression qu'il m'est reconnaissant. Papa aussi. Il a un oeil rouge et ses yeux semblent mouillés. Est ce qu'il a eu honte de moi ? En fait tout le monde me regarde. Il y a un grand silence. Je n'arrive pas à déchiffrer leurs expressions. D'habitude ce travail revient à...

Josef. C'est la seule personne que j'ai envie de voir. Alors je monte me réfugier dans la chambres sous les regards gênés des invités. Je saisi mon téléphone, compose son numéro et appuie sur la touche pour appeler. Je raccroche aussitôt. Josef est au ski. Cette année, ses parents n'ont encore pas pu se délivrer de leur travail durant une semaine. Alors il est parti avec Gabriel. Je ne lui en veux pas. Mais je me sens soudain vide.
J'entend un bruit derrière moi. J'essuie mes larmes et me retourne. C'est Benjamin. Il est à la porte, la main sur la poigné. Il s'avance et me prend dans des bras. Je me sens fondre. Les larmes reprennent de plus belle. Moi qui était incapable de le protéger à présent je suis dans les bras de celui qui es le plus à plaindre de nous deux. Je m'en veux terriblement. J'ai honte. Et je pleure. Je sanglote. Alors il lève la tête et pour la première fois depuis longtemps j'entend sa voix. Douce. Mélodieuse. Sucrée.
《Je t'aime.》
Jamais je n'ai été aussi heureuse depuis le départ de maman.
Alors à mon tour je l'enlace et lui murmure à l'oreille : 《Je t'aime Benji. Je t'aime de tout mon coeur, mais je ne sais pas te protéger. Pardonne moi sil te plait.》Il ne m'a pas répondu. En guise de pardon, il a resséré son étreinte et j'ai senti une goutte d'eau sur mon chemisier. Il pleure aussi.

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