~ Chapitre 9 ~

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Elle est là. Finalement c'est elle qui est venue me voir. Finalement je doute de moi. Est ce que j'ai... peur ? Je me défendrait. Je ne me laisserai plus faire. Plus jamais. Pas par elle.

Elle reste plantée devant la porte, les bras croisés sur la poitrine et une expression indéchiffrable sur le visage. Je pose mon sac sur la table devant moi et me tourne vers elle.

Le soleil commence à baisser. Il fait nuit tôt en cette saison. La lumière orangée inonde la pièce, mais Emma reste dans l'ombre. Non. Elle entre et s'approche de moi.
《Il faut qu'on parle.》
Hein ? C'est moi qui au parlé ? À voix haute ? Est ce que je serais plus forte que je ne le crois ?
Emma ne répond pas. Ses yeux plongent dans les miens comme s'ils y cherchaient de la peur. Il n'y en a pas. Tu n'en trouvera plus.
《Je... je souhaiterai m'excuser...
- t'excuser de quoi ?》
Je ne m'attendait pas à cette réponse. Elle me prend au dépourvu. Sa voix est cassée comme si... comme si elle avait ...pleuré ? Je me sens emplie de compassion. Elle a une vie qui ressemble à la mienne. Mais elle ne sait pas que je sais.
《T'excuser de quoi ? De m'avoir foutu la honte devant tout le lycée ? De m'avoir crier dessus ? C'est pour ça que tu voulait me voir ? Pour ça ?》
Sa voix s'est brisée sur le dernier mot. Je ne comprend plus rien. Je ne répond pas. Elle inspire et reprend la parole.
《Alors si c'est ça que tu venait me dire tant pis. Va t'en, j'en ai rien à faire de tes excuses. Rien à foutre ! CASSES TOI !!》Elle a hurlé. Tellement fort que j'en ai tremblé. Mais je n'ai pas bougé. Un noeud se forme dans ma gorge.
《Emma...》
A l'instant ou je pronnonce son nom, elle se fige. Elle lève ses yeux vers les miens et je vois que ceux-ci sont baignés de larmes. À cet instant, la personne que je voit n'est plus l'Emma Smith, reine du lycée. C'est mon amie d'autrefois. Mon Emma.
《Je... Pardon... il n'y a rien d'autre que je pourrais te dire aussi bien. Pardon, pardon, mille fois pardon...
- pourquoi ? Pourquoi tu t'excuse ? Est ce que tu as fait quelque chose de mal ? Est ce que comparée à moi tu as des raisons de t'excuser ? Tu... tu as vu ce que je suis ? Et tu t'excuses ? Et pour quelles raisons valable tu peut t'abaisser à ce point ? Ce que t'as fait vendredi c'était tout ce que je méritais. Tu m'a remis à la place. En quinze minutes tu as été capable de me faire comprendre ce que je te faisait subir depuis 2 ans. Javais peut etre des raisons quant à mon comportement mais rien ne peux le pardonner, rien ne peux le justifier. Et c'est toi qui me demande de te pardonner ?》
À présents les larmes perlent sur ses joues, et Emma pleure davantage.

《Oui. Et je ne mérite même pas que tu me pardonnes. Tu m'as peut être harcelée pendant deux ans, et tu pourrait continuer jusqu'à la fin de mes jours. Parce que je le mérite. Mais je ne méritais pas ton amitié. Elle a été plus precieuse pour moi que n'importe laquelle et elle le restera, mais ce que je t'ai fait subir, ça restera gravé encore plus profond en moi. Je te demande pardon mais je ne mérite pas que tu l'accepte.》
Elle me regarde. Je me sens forte. Mais elle est faible. Non, différente. Pardon.

《Ambre...》murmure t-elle. J'ai senti dans sa voix un tremblement. J'ai tressaillit. Depuis combien de temps n'avait elle pas prononcé mon nom ? Longtemps. J'en suis certaine.

《Ambre, tu n'as rien à te reprocher. Je n'aurais... jamais du me comporter ainsi et je ne...
- Arrête. Ça sert à rien de t'excuser. Ça fait deux ans, deux ans que tu me fait souffrir. Je n'avais jamais autant pleuré avant il y a trois ans. Mais ma raison ce n'était pas seulement maman, c'était toi. J'ai pleuré, j'ai hurlé des jours et des nuits. Pourquoi tu m'avais abandonnée ? Et pourquoi tu me faisait souffrir ? Pourquoi me détestais tu ? J'avais trop de questions mais pas assez de réponses. Ces réponses, il n'y a qu'une personne qui aurait pu me les donner. C'était toi. Maintenant je n'en ai plus rien à faire. Continue si ca t'amuse. Continue de persécuter les autres. Mais saches que je ne me laisserais plus faire. Malgré ça, je ne t'en empecherai pas. J'essaierai de te faire changer, je tenterai de te raisonner. Mais je sais que tu ne m'écoutera pas. Parce que...
- Mais tais toi à la fin !  Tu parle pour ne rien dire ! Je ne comprend même plus. Je... je suis perdue...》
Emma tombe à genoux devant mes yeux. Elle eclate en sanglot. Pas seulement des larmes, son corps entier est secoué de tremblements. Je ne sais plus que faire. Alors je m'accroupit à ses côté et baisses les yeux vers elle. Elle lève son regard et le plonge dans le mien. Je pose une main sur son épaule mais elle la repousse et je tombe à la renverse.
《Tout est à cause de moi, ai-je dit.
- Qu'est ce que tu raconte ? Ça n'a pas de sens, tu... tu ne penses pas ce que tu dit.
- Oh si au contraire. Tu ne me comprend pas. Non. Tu ne me comprend plus. Il y a 3 ans, tu m'écoutais, tu était forte. A présent tu es faible. Tu persécutes et maltraites les autres. Juste pour prouver que tu es forte. Mais tu te trompe. Tu ne l'es pas. Regardes toi ! Regardes ta vie !
-Tout ça, c'est entièrement de ta faute.
- Oui. Je sais pourquoi tu me dit ça. Tu me l'a toujours caché mais je l'ai découvert il y a quelques mois. Mais je n'y était pas moi dans cet accident ! C'est pas moi qui l'ai tué ton père ! Ma mère est morte aussi merde !!》
Lorsque mon cri eu terminé de rebondir sur les murs et de résonner dans la pièce, Emma lève les yeux vers moi. Son regard est ferme, dur.
Je ne comprend pas. Elle qui était si frêle il y a quelques secondes à peine, si faible ! Elle se redresse et je l'imite.
《Justement. Et ça tu ne la pas compris. C'est la seule chose que je te reproche, me dit-elle, tu prend tout de ton côté. Ta mère est morte d'accord. Mais tu n'es qu'une égoïste. Tu as déprimé, tu t'es éloignée de tout le monde, tu a abandonné tes amis. Moi je n'était déjà plus à tes côtés. Et tant mieux. Je pensais que je n'aurais pas supporté. Mais ça a été pire. Je te voyais, loin de moi, déprimer, quitter tout le monde, tu as même pensé au suicide ! Avoue le !》
Je sursautais. Comment... comment peut-elle savoir ? Je n'en avais parlé à personne !
《Ça te choque hein ? Mais oui, je savais. Je l'avais deviné. Et je te regardais. Tu t'es complètement détruite. Mais tu n'as découvert mon malheur il n'y a que quelques mois. Même si je te l'ai caché tu n'as pas cherché à savoir ce que j'avais. Je savais que mon visage était anéanti par les larmes et la chagrin mais tu ne le voyais pas. Pourquoi ? Parce que tu était trop obnubilée par toi, ta dépression et ta mort. Et je l'ai compris. Ça, je l'ai accepté. Tu pense que je t'en veux parce que ta mère à tué mon père ? Tu pense mal.》
Je ne sais pas quoi répondre. Je m'en veux. Plus qu'elle ne peux penser. Mais elle ne ma pas comprise non plus. Nous sommes coincées dans un quiproquo. Elle pense sans doute que je la déteste. Mais moi même je ne le sait pas.
《Depuis tout à l'heure je te demande pardon, je me confond en excuse. Tu voudrais en savoir la raison ? Et bien je vais te la donner. Il y a trois ans, tu m'as abandonnée. Mais tu avais une raison. Avant je ne la comprenais pas, puis j'ai cru que tu rejetait sur moi la mort de ton père. Mais la véritable raison pour laquelle je m'en veux terriblement, c'est que c'est moi qui t'ai délaissée la première. C'est moi qui t'es laissée devenir ce que tu es maintenant. Pardon pour ça. Je n'ai jamais souhaité que tu prenne le rôle de la méchante. Mais pourtant, c'est moi. Moi qui tient ce role. Moi qui t'ai poussé à prendre ce masque, moi, l'égoïste qui t'ai abandonnée. Je ne me suis plus préoccupée que de moi. Je n'ai pu remarquer ta peine et ton chagrin. Et ça, même si tu m'excuse un jour, jamais je ne me le pardonnerais.》

C'est après avoir prononcé ces mots, les larmes perlant sur mes jours, les gouttes salées roulant sur mes lèvres, que je sort de la pièce. Et je la laisse là. Seule. Abandonnée. Comme il y a trois ans.

Le soleil tombe de plus en plus bas. Je ne le vois même pas et n'y prend pas garde. Je court dans les couloirs, devant les salles de classe vides. En pleurs.

Pardon. Je t'en prit, Emma, je t'en prit, pardonne moi un jour. Peut être pas aujourd'hui mais accepte mes excuses.

Je monte dans le bus et m'installe seule, tout au fond. Mes larmes ont finis de couler. Mes yeux sont secs. Je sort mon téléphone et branche mes écouteurs. Je colle mon visage chaud contre la vitre fraîche et ferme les yeux. Ma musique est en aléatoire. La première que j'entends fait recouler mes larmes. Je sanglote à présent. J'écoute Christina Perry, la chanteuse, chanter sa magnifique chanson qui me rend si triste. J'aime chanter, et je chantait souvent cette musique pour mon père ou pour Benji. Arms. C'est le titre. Elle est magnifique et décrit parfaitement mes sentiments.


'' I can't decide if I let you save my life or if I'll drown...''

C'est la phrase que je retiens le mieux dans cette chanson. ''Je ne peux décider si je te laisse sauver ma vie, ou si j'aimerais me noyer .''
Qui est ce ''tu'' ? Y a t'il quelqu'un dans ma vie qui un jour voudras me sauver ? J'aimerais tant et je le souhaite très fort. Ce jour là, je n'aurais pas à hésiter. Je choisirai de te laisser me sauver. Je ne me noierai pas. Je vivrai.
Je pense aux autres. Papa, Benji, Josef, Gaëlle... tout ces êtres si chers à mon coeur. Je vivrai pour eux, pour les chérir et les remercier de me sauver chaque jour, de me permettre de ne pas me noyer.

EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant