~ Chapitre 45 ~

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Les larmes continuent de couler sur mes joues déjà trempées.

Je me souviens.

De tout, ou presque.

Je laisse tomber le carnet et fixe les eaux noires du lac. Je suis sortie, ne supportant plus la chaleur qui régnait dans la maison trop calme.

Cette maison que j'ai tant aimé, cette maison que j'ai fuis à contre-cœur pour retrouver celui que j'aimais. Celui que je n'ai jamais retrouvé.

Je ne sais plus quoi ressentir.

De la colère ?
Contre qui ? Gabriel ? Je ne sais pas quoi en penser. Relire les moments de ma vie qu'il a inscrit dans mon âme, ressentir de nouveau la douleur qu'il à creusé dans mon cœur avant de l'arracher, de le briser et de le jeter loin de moi à fait renaître la souffrance que je ressentais durant son absence, celle qui s'est forgée lorsqu'il m'a abandonnée, qui s'est construite quand j'ai compris que tout cela n'était que son devoir, qu'il ne m'avait protégée que parce que j'étais "sa mission". Une parmis tant d'autre. Et pourtant, quand je relis sa lettre, j'ai l'impression qu'il est sincère. M'aimais t'il réellement ? Est-ce qu'un jour quelqu'un pourra m'aimer comme je l'ai aimé ? Serait il possible qu'il soit cette personne ?

De la peur ?
Oui. Ça aussi je le ressens. Sommes nous parvenus à notre but ? Avons nous réussi à détruire cette organisation menaçante ?
Je n'en ai aucune idée.

Mais comme tous m'avaient prévenue, avec les souvenirs revient la douleur.

Il y a les sentiments : l'amour, la colère, la peur, le mépris, la haine.

Et il y a le reste.

Une douleur particulière.

Celle qui m'à brisée, qui m'à achever, celle que j'ai voulu oublier, enfermer au fond de mon âme, dans un coin où personne ne viendrait la dénicher.

Et pourtant, c'est moi même qui l'ai découverte.

J'ai tué.

Et je ne l'ai pas supporté.

C'est sans doute la raison qui a poussé mon subconscient à oublier, et il a entraîner avec, toute chose ayant un rapport : les faits et personnes qui m'avaient aidés à parvenir jusqu'ici ainsi que toute la durée de mes recherches et chaque indice qui pourraient me ramener de nouveau à ces découvertes. La deuxieme raison possible de ma perte de mémoire, c'est que c'était enfin l'occasion pour mon cerveau d'oublier celui que je ne pourrais plus jamais revoir, celui que j'aimais profondément.

Je m'assois sur la rive les yeux toujours dans le vague.

Je suis et resterais à jamais une meurtrière, et jusqu'à la fin de mes jours, j'aurais un assassinat sur la conscience.

L'image d'un visage me revient. C'est celui de Gabriel. J'ai enfin un visage sur un nom, car bien que certains souvenirs me soient revenus, j'ai du mal à me remémorer les scènes et les visages de chacun.

Une fois de plus, mes pensées retournent vers lui. Est ce que je l'aime encore ? Comme avant ? Si ce sentiment ne s'était pas effacé après les deux ans que j'ai vécu loin de lui, s'en iront ils un jours ? L'oublierais-je pour de bon ? Me poursuivra t'il jusqu'à la fin de mes jours ?
Et de son côté, s'il m'aime réellement, m'oubliera t'il aussi ?

Je prend alors conscience des paroles d'Emma dans sa lettre, je la comprend soudain beaucoup mieux.

"Ça fait mal de se réveiller et savoir que tu ne penseras plus jamais à moi, que tu m'as oubliée."

Je redoute ce jour. Quand je saurais qu'enfin il ne fera plus attention à moi, que je ne ferai définitivement plus partie de sa vie, j'en souffrirais.

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