~ Chapitre 18 ~

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Benjamin.

J'ai envie d'aller le voir, mais je n'ose pas. Il est à deux pièces de moi, je suis dans la chambre et lui dans la sienne. Pourquoi j'ai autant de mal à me décider à aller parler à mon propre frère ? Je ne me comprend pas.

C'est en fin d'après midi que je me décide. Il est quand même mon frère. Je ne peux pas le laisser tomber comme ça. Je me lève du fauteuil et me dirige vers sa chambre. J'ai préparé mon texte. Je ne voit pas pourquoi j'a suis autant stressée à l'idée de parler à mon petit frère. Sans doute parce que je ne l'ai pas fait depuis 11 jours... Je frappe à la porte en me répétant ce que je doit lui dire. Il ne m'a pas entendue. Je toque une seconde fois. Toujours rien. J'abaisse la poignée et ouvre la porte. Il n'est pas là. Je le cherche dans le salon. Il n'y est pas. Au deuxième étage ? Non plus. Dans la salle de bain ? Toujours pas.
J'envoie un message à papa, sans doute est-il avec lui, ou alors chez un ami...

Moi :
*Coucou Papa, tu rentre qd ? Il est avec toi Benjamin ?*
Vu à 16h53

Papa :
*Dans 20-30 minutes je suis là.*
Vu à 17h02

Papa :
*Attends... OÙ EST BENJAMIN !??!!*
✔ Vu à 17h02

Moi :
*Je pensais qu'il était avec toi ou chez un ami...*
✔ Vu à 17h05

Moi :
*J'ai cherché partout il est pas là !!!! Il est ni dans la maison ni dans les alentours j'ai été jusqu'au lac j'ai crié il répond pas !!*
✔ Vu à 17h29

Papa :
*J'arrive.*
✔Vu a 17h30.


Je ne sais plus où chercher. Faut il que j'attende mon père ? Que je parte à sa recherche ?

Pourquoi n'est il pas là ? Je ne suis pas allée en ville. Il y est peut être, il y a un petit espoir... j'avais dit que je ne voulait plus d'espoir... Si je ne retrouve pas mon frère je ne survivrais pas. Il était l'une des raisons qui me maintenaient en vie.

Je court à l'arrêt de bus et monte dans le premier qui m'amènera en ville. Je descend à Jackson Hole et remonte la rue. Il ne fait déjà plus très clair et je ne le trouve pas. Je cours dans les rues, les chemins, regarde à droite, à gauche, dans les petites ruelles, dans les magasins ou les restaurants ouverts...

Il a fugué. J'en suis presque sûre. Ou alors il lui est arrivé la même chose qu'à moi... sauf qu'il a 7 ans de moins et une rapidité moins forte que moi... et personne n'aurait été la pour le sauver... Gabriel est parti.

Je m'arrête net et regarde devant moi. Mes pieds m'ont d'eux même portés au commissariat. J'entre sans hésiter et accoste la première personne que je vois.
《S'il vous plait ! Excusez-moi, mon petit frère à disparut aidez moi je vous en prie !》
La femme en uniforme de police semble attendrie et alertée par mes pleurs. Elle m'entraîne vers un bureau, y entre et explique la situation à son supérieur. Il me demande des informations précises, je les lui donne, non sans difficulté car mes pleurs me donnent du mal à parler.
《Nous prenons cela en charge. Vous pouvez rester ici mademoiselle, nous vous contacterons lorsque nous aurons des informations.》
J'acquiesce et le suis du regard sortir et fermer la porte. Je réfléchis. La dernière fois qu'ils m'ont dit qu'ils me recontacterais j'ai du attendre presque une journée entière et j'ai retrouvé une personne défigurée et blessée de partout. Mais Benjamin n'a que 10 ans et pas la même carrure que Gabriel. Et personne ne sais ou il est contrairement à mon ami dont je connaissais l'emplacement. Je sors du bureau en trombe avant même que quelqu'un n'ai le temps de me rattraper. Je quitte le commissariat et arrive dans la rue. Je reprend mes recherches où je les avais laissées. Je fouille la ville de fond en comble. La nuit commence à tomber. Je suis exténuée. Je m'arrête et me retrouve devant une fontaine qui me semble familière. La place est assez petite et sombre et une pizzeria italienne est éclairée derrière. C'est la que j'avais mangé avec Josef, Gaëlle et Gabriel au début de l'année. Je me souviens. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir. Je me redresse et tente de repartir en courant. Je m'écroule par terre. J'ai fais trop d'effort, mes jambes ne me portent plus, ma tête tourne et je vois flou. Je pose mon dos contre le mur et laisse mes larmes couler à flots. Je n'arrive plus à me contenir. Je sanglote, et crie le nom de mon frère en pleurant. Personne ne me répond. Personne ne m'entends. Au travers des vitres, j'aperçois les gens, heureux dans leur maison, dans leur confortable petite vie... Je sens la rage monter en moi. Pourquoi y a t'il des gens heureux dans ce monde ? Comment peut on connaître le bonheur quand des personnes souffrent ? Comment osent ils la montrer cette joie immense qui les entourent ?
Je suis jalouse oui. Je suis aussi très orgueilleuse. J'en ai marre. La vie est inutile. À quoi bon être vivant quand notre âme est perdue ? Quand notre esprit est hanté par le désespoir et votre existence comblée de malheurs ?

Ma vue se brouille. Une brume occupe mon esprit. Je n'arrive plus à penser, à réfléchir. Tout devient noir. Je me sens tomber.

Lorsque je me réveille, il fait nuit noire. Une sensation étrange m'envahit soudain me ramenant à toutes les choses passée avant que je ne m'évanouisse. La disparition de Benjamin, mes peurs, le fait qu'il fasse nuit, que je soit dehors, seule, et qu'on m'ai poursuivie jusque dans la montagne il y a environ deux semaines. Que personne n'est là pour m'aider, me sauver. Retrouver mon frère.

Je consulte mon téléphone et apprend qu'il est 02h38, que j'ai 14 appels de mon père, 3 du commissariat, 22 messages et 43% de batterie.

Je réfléchi. Premièrement, il faut que j'appelle mon père, 14 appels, c'est trop. Mais le commissariat m'a appelée 3 fois ! Est ce qu'on a des nouvelles de Benjamin ? Qui faut il que j'appelle en premier ?
Mon téléphone répond de lui même à ma question.

*APPEL ENTRANT
Commissariat*

Au moins je n'aurais pas besoin de réfléchir trop longtemps... Mes mains tremblent. Elles sont moites d'ailleurs. Je décroche.

*Moi : Oui, allô ?
Commissariat : Mademoiselle Ambre Cleevs ?
Moi : c'est moi.
Commissariat : nous avons des nouvelles concernant votre jeune frère, Benjamin.
Moi : Je... je vous écoute...
(Je tremble, je begaye, j'ai peur)
Commissariat : Très bien. Votre frère n'a pas encore été retrouvé mais.... non, non, ne paniquez pas calmez vous ne vous inquiétez pas. Merci. Je disais donc, il n'a pas été retrouvé mais de nombreuses personnes semblent l'avoir vu. Il n'a donc pas été kidnappé puisqu'il se promenait seul. Nous pensons à une fugue. Auriez-vous des éléments de...
Moi : Où ?
Commissariat : Je vous demande pardon ?
Moi : Où est ce qu'on l'a vu ?? Aux environs de quoi, à quels endroits précis ??!!
Commissariat : Aux alentours du centre mais également dans les coins plus retranchés de la ville, mais pouriez-vous nous....*

Je ne prend même pas le temps de les remercier ni de les laisser finir. Je raccroche et court vers le centre. Là, je débute mes recherches. Je frappe à certaines portes qui m'ont l'air accueillantes _ n'oublions pas qu'il est 3h du matin _ et pose mes questions.
On me dirige vers différents endroits. Je suis les indications que l'on me donne. Au bout d'une heure et demi, je me retrouve sur une route qui sort de la ville. Je désespère. Je m'asseois sur le sol, épuisée. Je me laisse aller et mes larmes remontent jusqu'à mes yeux. Je regrette. Je ne sais même pas la raison de la fugue de mon propre frère. Il en faisait pas mal il y a trois ans après la mort de maman. Mais ce n'était pas aussi grave. Il disparaissait et on le retrouvait à 500 mètres de la maison, au bord du lac. Aujourd'hui, il a du se passer quelque chose de grave pour qu'il disparaisse ainsi. Et je ne sais rien. Pourquoi ? Parce que depuis que j'ai perdu un ami, j'ai laissé tomber tout les autres, toutes les personnes qui m'étaient proches. Sans en oublier une seul. J'ai honte de moi-même. Je me hait.

J'entend un bruit. Des petits pas doux et légers s'approchent de moi. Je tend l'oreille. Un enfant. Pas n'importe lequel. Je lève la tête et la tourne vers la gauche. J'aurais reconnu ses pas entre mille.

Ceux de Benjamin.

Ceux de mon petit frère.

EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant