~ Chapitre 13 ~

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Allongée sur mon lit, le portable serré entre mes mains, je réfléchit. Je sais qu'il est vivant. C'est le principal, je ne devrait penser qu'à ça. Mais je n'y arrive pas. Je veux tout savoir. Tout sur tout. Sans oublier une miette, en commençant par la raison pour laquelle quelqu'un m'a suivit, jusqu'à celle expliquant son état en passant par une expliquation du mystère qui l'entoure.

Je voudrais le voir maintenant malgré l'heure tardive, malgré le froid et la distance qui me sépare de lui. Mais papa n'est pas d'accord. Premièrement, il faut que je me remette de mes émotions, que je reste calme, que je ne m'agite pas. Je ne lui ai pas tout expliqué mais il a compris que je lui cachait quelque chose. Il n'a pas cherché à savoir. Il est intelligent et il me fait confiance. Je l'aime tellement ! De plus, Gabriel n'a pour le moment pas le droit aux visites. Je me pose beaucoup de questions à ce sujet. Notamment pourquoi n'y a t'il pas droit ? Est il en si mauvais état ? Serait il dans le coma ? Ces questions m'angoissent.

Trop de questions se bousculent dans mon cerveau qui commence à fatiguer. J'ai très mal à la tête. Je vois tout trouble. J'ai froid. Je me roule en boule sur moi-même et ferme les yeux.

Il me semble que seulement quelques minutes sont passées avant qu'un sursaut me secousse. Je suis en sueur. Malgré cela, j'ai froid. Je m'assied sur mon lit et tourné la tête vers le radio réveil indiquant 3h37.
J'ai dormi. Mal. Affreusement mal. Les cauchemars ont hanté mon esprit. Je voyais Gabriel, allongé sur son lit de mort. Je voyais un ours qui se transformait en homme puis encore en ours et qui fondait sur moi. Je voyais Gabriel, sortant de derrière moi se jeter sur lui qui le blessais horriblement. Je le voyais se retourner vers moi et m'accuser d'être la cause de ses blessures. Il me disait qu'il me détestait, qu'il avait tout perdu par ma faute. Puis je me retrouvais seule dans un couloir d'un hôpital sombre munit de multiples portes de chaque côté. Je les ouvrais et découvrait dans chacune d'elles des dizaines d'hommes et de femmes, assis sur leurs lit de malade, me pointant du doigt. Leurs visages arboraient une expression de colère, de mépris, de haine. Puis dans la dernière chambre, je trouvais Gabriel, étendu de tout son long sur un lit d'hôpital. Je m'approchait. ''dans le coma'' était l'inscription que je pouvait lire sur la pancarte accrochée au lit. Je l'ai observé. Il s'est réveillé d'un coup et s'est relevé. Il m'a fixée à son tour. Son regard ressemblait aux expressions que je pouvait observer sur les autres malades. Mais il y avait quelque chose d'autre. La vengeance.
Il s'est jeté sur moi.

Il faut que j'aille le voir. Je ne peux pas attendre, il faut que j'y aille maintenant. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il sera trop tard si j'y vais plus tard.
Je me lève et me dirige vers l'armoire qui me fait face. J'y prend un jean et mon gros pull de laine. Je les enfile ainsi que d'énorme chaussettes. Je me sens ridicule mais c'est indispensable si je ne veux pas perdre mes doigts ! J'attrape mon téléphone et consulte l'application ''Move in Wyoming'' afin de voir les horaires de bus. Le prochain est à 3h59. Dans exactement 11 minutes. C'est ma chance, je considère cela comme un signe. Celui d'après est à 5h02. Il y a très peu de bus la nuit et encore moins en cette saison.
Je sort de ma chambre le plus discrètement possible, et traverse le couloir. Je tourne vers la droite et descend l'escalier. Le plancher craque légèrement sous mon poids. Dans le hall, j'attrape mes chaussures et enfile mon duffle Coat beige que j'adore.

J'ouvre la porte en prenant gare à mes mouvement et aux grincements, et m'extirpe au dehors

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J'ouvre la porte en prenant gare à mes mouvement et aux grincements, et m'extirpe au dehors. Là, je repère le petit chemin de terre qui mène a l'arrêt de bus et qui rejoins ensuite la ville. Je ne me sens pas fière. Aller la où je ne devrai pas au moment où je ne devrai pas m'a amenée dernièrement à un point de non retour qui a engendré la raison de ma présence ici. Je prend conscience du danger. On n'a pas retrouvé l'homme qui a attaqué Gabriel. Je devrais rentrer. Ma conscience me le crie. Je ne l'écoute pas et me redresse. Je n'ai plus peur de rien. Je doit endosser seule le rôle qui me revient. Si il est là, tant pis pour moi, sinon, tant mieux. J'assumerais pleinement ce rôle que je doit tenir.

C'est bon. Il n'y a rien et je monte dans le bus qui me déposera directement devant la porte de l'hôpital.
Je suis tellement dans mes pensées que je ne réalise qu'au dernier moment que je doit descendre. Ce que je fait.
Mon coeur bat à mille à l'heure, j'ai mal au ventre et un noeud se forme dans ma gorge.

Je pénètre dans le hall éclairé du bâtiment et m'avance immédiatement vers l'accueil. Une femme, petite, boudinée et jouflue m'apprend que Gabriel n'aura le droit aux visites que dans trois jours. De plus, les visites sont autorisées seulement sur une tranche d'heure déterminée et certainement pas durant la nuit. La femme ne veut me donner ni l'étage ni le numero de sa chambre pour cette même raison. Je suis dépitée. Tout ça pour rien, j'aurai dû m'en douter. Je ne me décourage pas pour autant. Aussi je demande poliment où je pourrais trouver des toilettes.
《Tout droit dans le couloir et vous tourner à gauche à la deuxième intersection. Ce sera la porte première porte, vous ne pouvez pas la rater.》
En effet je ne peux pas... Premièrement de nombreuses pancartes m'indique le lieu que je cherche et deuxièmement, le battant porte un grand écriteau ''TOILETTES'' qui m'annonce clairement que je suis au bon endroit. Je n'y entre pas. Je ne tourne pas. Je cours dans les couloirs, monte des escaliers, les descend... je vérifie les noms des patients sur chaque porte. Aucune ne porte le nom de mon ami. Je suis désespérée. Je me décide alors à revenir sur mes pas. Je ne le trouverai pas, cet hospice est trop grand. Trop d'étages, de couloirs, de portes... Si je continue je risque de me perdre.
J'entend un petit bruit. Comme un couinement. Flûte ! Au bout du couloir, un chariot apparaît poussé par une infirmière. Je recule et cherché une sortie à taton tout en restant calme et discrète.
《Eh là ! Vous êtes qui ? Qu'est ce que vous faites la ?!》
Elle a allumé la lumière et ma aperçue. Je tourne les talons et court. À droite puis à gauche puis encore à droite. J'essaie toutes les solutions jusqu'à tourner dans un couloir vide et noir. Inconsciemment, je consulte une fois de plus les noms des écriteau accrochés aux portes. Je m'arrête soudain et recule de deux pas. Quelque chose a attiré mon regard mais je ne sais pas quoi. Je regarde autour de moi et mes yeux tombent sur la pancarte. Je frissonne. Il est là, dans cette chambre, derrière cette porte. Je vérifie que je suis seule, et pose ma main sur la poignée. J'ai peur de ce que je vais découvrir derrière. J'ai peur de ne pas le reconnaître, que son corps mutilé soit défiguré. Et puis, il est dans le coma d'après ce qu'on m'a dit. Tant pis. Je veux le voir.

J'abaisse la poignée et entre.

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