~ Chapitre 17 ~

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Cela fait maintenant une semaine et quatre jour que Gabriel a disparut. J'essaie de l'oublier. C'est très difficile, tout me ramène à lui. Des souvenirs, mes amis,  les siens qui semblent seuls et abandonnés, et Josef. Surtout Josef. Il sait quelque chose j'en suis persuadée. Il ne me regarde plus droit dans les yeux. Il observe mes réactions quand quelqu'un fait allusion au Disparu, il guette mes moindres faits et gestes, il ne me laisse jamais seule...
Je ne lui ai pas demandé. Je ne veux pas savoir. On m'a demandé d'oublier, je ferai tout pour respecter ma promesse. Même si je doit en venir à avoir une vie vide, sans aucun intérêt, sans aucune utilité.

Vous savez ce que c'est de vivre ? Moi non. J'ai su, j'en suis certaine. Il y a encore peu de temps, ce mot faisait parti de mon vocabulaire. Il a disparu de mon dictionnaire. La vie ne ressemble plus qu'à une ligne. Une ligne uniforme, homogène, droite, sans aucune malformation. Mon corps est vide. Mon âme s'est envolée, mon esprit est parti. Sans eux la ''Vie'' est impossible.

J'ai toujours pensé qu'avoir une vie banale était embêtant, énervant. J'enviait tous les héros de mes livres, qui avaient une vie palpitante, de l'action, des combats... J'ai souhaité avoir une vie comparable. Ou qu'il ne se passe qu'une chose minime qui pourrait l'animer un peu.

Je suis sure, à 200% que vous aussi. Tout le monde à toujours rêvé de ça.

Sauf ceux qui l'ont véritablement vécu.

C'est maintenant que je me rend compte que je n'en veux pas. Mais il est trop tard. Les événements de ma vie qui l'ont animée, l'ont complètement dérangée. Bousculée. Dévastée. Anéantie. Tuée.

Vivez votre banale d'existence. Elle vaut mieux que cents autres palpitantes. Elles apportent la tristesse, le chagrin, le désespoir.

Un instant à causé le trouble d'une vie. Une minute a brisé une existence.

Je ne veux pas survivre. Je veux Vivre.

《Eho tu m'écoute ?》
Je sursaute. Je suis sur le sol, allongée, la tête sur les jambes de Gaëlle assise en tailleurs. Elle me regarde bizarrement. Sceptiquement. Ce serait très désagréable si ce n'était pas elle. Mais ses yeux sont doux, son visage pâle encadré de mèches blonde au dessus du miens est tendre.
《Ok...
-Si si je t'écoute t'inquiète ! _mentis-je_ là j'était plus sur autre chose mais vas y continue !
- Bien sûr ! Je disais quoi du coup ? me dit elle avec un grand sourire.
- Euhhh....
- Voilà ! Je préfère que tu sois honnête. Bon du coup reprenons.
- Oui alors ?
- Il faut qu'on parle.》
Je la regarde, bouche-bée, les yeux grands ouverts, écarquillés. Elle éclate de rire.
《Bah qu'est ce que t'as toi ? Haha c'est bon !!
- Je... je m'y attendais pas...
- Sans blague ! Avec la tête que t'as fait, je comprenais pas...》
Me dit elle ironiquement. Je ne comprend pas de quoi elle veux parler. En fait je pense savoir mais je prie pour que ce ne soit pas de ça .
《De quoi tu veux parler ? Lui demandé-je.
- De toi.
- Hein ?
- De Gabriel aussi. De beaucoup de choses.》
Et merde. Mes prières n'ont pas été exaucées.
《...
- Quoi ?
-...
- Tu veux pas en parler hein ?
- Qu'est ce que tu sais au juste ?
- T'as pas repondu a ma question...
- Non. Et donc ?》
Je la regarde fixement. C'est vrai que jusqu'ici je ne m'étais pas du tout posé la question de ce qu'en pensait Gaëlle. Je ne sais même pas de quoi elle est au courant, ce qu'elle s'imagine.
Elle a l'air gênée, elle ne sait pas comment commencer.
《Oui alors en fait euuh...voilà donc...
- C'est inutile ça, exprime toi clairement s'il te plait. 》 En temps normal, j'aurais rit en la voyant comme ça, à galérer pour parler. Mais aujourd'hui non. Plus maintenant. Elle me regarde d'ailleurs tristement. Excuse-moi, mais je ne peux plus rire. Pardon si ca te blesse, ce n'est pas mon désir.
Mon amie est tout à coup très sérieuse.
《Ce que je sais c'est depuis qu'il a soit disant déménagé, comme on nous l'a annoncé, t'es hyper bizarre. Tu parles plus, tu ris plus, je veux dire encore moins qu'avant, tu ne t'amuse plus, c'est pas une vie, c'est comme si t'étais morte pour moi !》
Le mot me désarçonne. Je ne m'attendais pas à ça. Je lève les yeux vers elle. Les siens sont mouillés, elle est au bord des larmes. Je m'y plonge. J'y cherche quelque chose, une émotions particulière. Elle est triste pour moi mais ce n'est pas tout, je le sens. Je me redresse et l'approche de moi pour l'enlacer.
《Pourquoi tu penses qu'il n'a pas déménagé?
- Je suis pas très intelligente _dit elle en reniflant_ mais assez pour savoir que tu me cache quelque chose et que Josef est au courant.
- Ah... _fis-je en m'écartant_
- Mais pas que. Je sais aussi qu'il nous cache autre chose mais que toi tu ne sait pas. Tu cherches même pas a comprendre ! Tu baisses les bras beaucoup trop vite. Je t'aime mais t'es qu'une imbécile. Je sais pas ce qu'il t'a dit l'autre con, mais quoi qu'il t'ai fait promettre il faut que tu le trouves. Réfléchis putain ! Tu vois pas que t'es en train de mourrir ?! Bouge toi ! Me dis pas si tu veux, j'en ai rien à faire. Mais arrête de rester comme un zombie à rien faire de tes journées, à penser qu'à lui, à tous ce qu'il t'as pas dit ou que t'as pas compris sans essayer de les comprendre. J'ai pas besoin de savoir, mais je sens que tu vas mal et je suis là pour toi.》
Je la regarde, bouche-bée. Elle a tous compris et très vite. Elle est vraiment intelligente. Je me rend compte que oui, ca fait deux semaines que je fait n'importe quoi. Et j'en ai marre. C'est à mon tour de pleurer et à celui de Gaëlle de me prendre dans ses bras. J'ai honte de moi. J'ai toujours été la "faible" et elle la ''forte''.
《Pardon, pardon _dis-je en sanglotant_ je suis désolée.
- Arrête, t'as pas à t'excuser autant...
- Si. Parce que ça fait des jours que je te cache des choses, que je te ment. Et puis à chaque fois je t'apporte des problèmes parce que tu sais très bien quand je suis mal, mais moi je suis incapable de te protéger ou quoi que ce soir d'autre. Incapable d'apporter de la joie à quelqu'un. Je suis trop nulle.
- Cest pas vrai arrête de te dévaloriser comme ça tout le temps...
- Mais c'est vrai ! Là par exemple, qui réconforte qui ? Qui dit à l'autre qu'elle se ''dévalorise'' ? Quand est fe que jai ete a ta place la derniere fois ?
- Oui mais c'est normal toi tu...
- Ouais m'a mère est morte, ouais j'ai une vie de merde. Mais bordel, y a pas que moi ! J'en ai marre d'être celle que tout le monde cajole parce qu'elle a une pauvre vie de merde !
- Ambre, s'il te plaît...
- Quoi !?
- Arrête de crier je t'en prie... arrête s'il te plait, s'il te plaît ...!》
Crier ?
Je suis debout. Dans ma fureur je me suis levée et au commencé à lui hurler dessus. Pourquoi je fait ça ? Je la regarde. Recroquevillée sur elle même, elle pleure à chaudes larmes. Pourquoi je fait ça ? Elle a rien fait ! Elle est gentille et moi je peux pas m'empêcher de l'envoyer se faire voir ? Est ce que je suis aussi horrible ? Oui. Je suis un monstre. Je ne me suis jamais sentie aussi mal. Elle est sous mes yeux et je ne peux encore rien faire pour la consoler.

Je m'enfui en courant, les larmes roulants sur mes joues.

Gaëlle. Josef. Gabriel. Papa. Benjamin.

Je leur ai tous apporté que du malheur.
J'ai même pas pu protéger mon propre frère.
Ça fait une semaine que je ne l'ai pas vu.
Il est resté enfermé dans sa chambre et je n'ai pas essayé d'aller le voir.
Lui il est toujours là quand j'ai besoin. Tout le monde est toujours là pour moi.

Je suis qu'une égoïste,
orgueuilleuse,
hypocrite,
incapable.

Inutile.

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