~ Chapitre 33 ~

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《Je te dois des explications, je sais.》
Emma est assise sur mon lit, et nous nous faisons face. Je viens me poser à côté d'elle et lui souris.
《On peut attendre demain si tu préfère...
- Non, il faut que je te dise. J'ai manqué à ma promesse et je t'ai laissée seule.》
J'acquiesce. Je n'ai rien à ajouter.

Emma est rentrée il y a deux heures à peine, et déjà elle veux tout me raconter. Malgré mes protestations, elle n'accepte pas d'attendre demain.
Lorsque nous sommes montées nous coucher, elle a hésité, plantée sur une marche devant moi. Elle s'est retournée en coup de vent et m'a demandé de dormir avec elle.
《Ne me laisse pas seule...》m'a t-elle implorée. Elle redoutais l'instant où elle entrerait dans sa chambre et où elle se retrouverait dans le silence et la solitude.

En deux heures, nous nous sommes plus rapprochée qu'en deux ans. Nous avons échangé des paroles et des gestes que je n'osais même plus imaginer depuis notre "dispute" il y a trois ans. Je suis heureuse de la retrouver enfin.

《Quand nous nous sommes séparées dans la NYPD, commence Emma, je t'ai promis que je reviendrais. En réalité, je savais très bien que je ne reviendrais pas. Je t'ai envoyée le plus loin possible de ceux que nous devions réellement craindre et je suis partie droit sur eux, sachant que je risquais ma vie.
Je ne suis pas censée être encore en vie. Des hommes m'ont attrapée et m'ont frappée. J'ai fais de même, après avoir courut le plus loin possible de toi. Ce n'était pas des policiers. Non c'était eux, des partisans d'Ethleas. Ils savaient que quelqu'un tenterait quelque chose un jour, mais ils ne devaient absolument pas te voir, ou savoir que c'était toi. J'étais au sol, encore quelques coups et ils me tuaient. Mais tu es apparue au coin à cet instant. Craignant que ce ne sois quelqu'un de la police, ils se sont cachés derrière un mur. J'ai essayé de te faire fuir avant qu'ils ne te voient. Mais tu es restée plantée là, droite comme un piquet, incapable de faire un geste. C'est là qu'ils ont décidé de sortir de leur cachette. Ils t'ont vu et ont tenté de te poursuivre. C'est ça qui m'a sauvée. Je ne voulais pas mourrir, je voulais être sûre que tu étais en vie, que tu allais bien. C'est toi qui m'a permis de vivre. Non seulement parce que tu m'a permis de m'accrocher à un espoir, mais aussi parce qu'en étant à ta poursuite les hommes m'ont laissé le temps de me relever, de me remettre légèrement et de partir. Je n'ai pas pu aller bien loin. Seulement dans un bureau vide à quelques mètres de moi. Je m'y suis endormie. Quelqu'un, un policier, m'a trouvée quelques heures plus tard. Il m'a hébergée pour la nuit, en promettant de ne pas en parler. Je suis ensuite partie après m'être assurée que tu étais en vie. Je suis venue en pleine nuit.
- Si tu étais vivante, pourquoi tu n'es pas restée ? Je l'interroge.
- Avant de revenir, je voulais être sûre que personne ne me suivait, car s'ils me trouvaient, ils te trouvaient. Tu es Ambre Smith, personne ne doit savoir où tu te trouves.
Bref, j'ai eu raison de ne pas revenir. Les personnes qui étaient à la NYPD, avaient retrouvé ma trace. Je les ai aperçus dans le centre de New York. J'ai tenté de les semer mais ils m'avaient aussi vue. S'est enchaîné une course poursuite dans les rues de la capitale avant que je ne me retrouve à bout de souffle. Je me suis battue mais encore une fois, j'étais plus faible, et à trois contre une...》
Elle s'arrête dans son récit et se mord la lèvre inférieure, comme si elle hésitait à continuer.
《Et alors ? Tu es là, ça veut dire qu'ils ne t'ont pas tuée, comment tu as fait ?
-... et bien... quelqu'un m'a aidée. Je n'aurais jamais pu m'en sortir seule.
- Qui était-ce ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas vu son visage, me répond Emma en détournant les yeux.
- S'il te plait Emma, lui dis-je en froncant les soucils, ne me ment pas. Qui était ce ? Pourquoi tu ne veux pas me dire ?
- Euhh... je ne sais pas si...
- Emma...
- ...Gabriel, capitule t-elle. C'était lui. Il est arrivé par derrière et les a battus.》
Elle m'a dit cela très lentement, dans un murmure.
Mon coeur rate un battement et accélère son rythme. J'ai chaud.
《Gabriel est... Il est à New York ?!??》
Je n'en peux plus, je suffoque et les larmes manquent de me monter aux yeux.
Il est à New York, à quelques dizaines de minutes de moi seulement, et je ne peux pas le voir.
《Ambre, il est parti juste après, nous ne nous sommes pas adressés la parole, et même s'il est encore là, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de...
- Je n'ai jamais dit que je voulais le voir》 la coupé-je plus froidement que je ne l'aurais voulu.
Elle me fixe avec des grands yeux, étonnée de ma réponse.
Comme moi. Je suis surprise de ma propre phrase. Mais c'est vrai. Pourquoi est ce que je voudrais le voir ? Qu'est ce que je represente pour lui ? Une amie ? Non. Il était la toujours, simplement parce qu'il devait veiller sur moi. Pas parce qu'il le voulait. C'est sans aucun doute la raison pour laquelle il m'a ignorée pendant si longtemps, celle qui explique qu'il ne m'ai pas répondu lorsque je lui ai demandé si nous étions amis. Il me déteste sans doute. Et je pense qu'il sait que je suis là ; s'il voulait me voir, il serait venu.

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