~ Chapitre 15 ~

86 6 2
                                    

Je suis assise sur mon lit. Allongée en fait. Aujourd'hui mercredi 26 février est le pire jour de mon année. Il était aux environs de 23h45 quand je me suis couchée. Je n'arrive pas à dormir. En fait, je repousse le sommeil qui me gagne. Je n'ose pas fermer les yeux. Je sais que s'il se closent, je vais revoir la journée défiler devant mes yeux. Et je ne veux pas. J'ai peur.

Mes joues sont chaudes, je transpire. Je porte ma main à mon front et consulte ma température approximativement. Je doit avoir environ 39 degrés de fièvre. Je m'essuie le visage. Mes joues sont trempées de larmes. Je ne m'y attendais pas. Je me rappellais avoir pleuré, mais pas à ce point. Je retire ma couette, je ne supporte plus la chaleur. Je me tourne et ferme les yeux inconsciemment. Je les rouvre presque immédiatement en sursautant. Quelques images seules me sont revenues. Je ne les supporte pas. Mes yeux se posent sur la table de nuit. J'y vois la lettre. Un sanglot me secoue, suivit d'un autre. Je fond en larmes. Je pleure bruyamment.
La porte s'ouvre violemment et papa accourt dans ma chambre. Il reste quelques secondes immobile sur le pas de la porte, me voyant sangloter, recroquevillée sur moi-même. Il sapproche de moi et me prend dans ses grands bras et me cajôle. Je sens son épaule de mouiller sous mes larmes. Nous ne parlons pas. Il sait que je ne préfère pas, il me connaît trop bien. Au bout d'un long moment, je me calme et parvient à articuler.
《Papa...?
- Oui ma puce ?》
Avant de lui répondre, je relève ma tête tout contre sa joue puis glisse au creu de son oreille :《Je t'aime mon Papa.
- Et moi plus encore.》
Il m'embrasse sur le front et desserre son étreinte. Il me laisse retomber sur mon lit qu'il borde comme quand j'était petite. Il se penche une fois de plus vers moi, m'embrasse encore, me souhaite la meilleure nuit possible et quitte la pièce.

Je me retrouve à nouveau seule dans le noir. Depuis quelques temps, j'en ai peur. Je met de la musique pour me calmer et me force à fermer les yeux. Je met en mode aléatoire. La première qui se fait entendre est une de mes préférées. Primavera (primptemps en italien) de Ludovico Einodi.

Celle qui suit est La Ballade de Mélodie. Je l'adore. À en pleurer.

Les événement de ma journée me reviennent.

Je me rappelle que je n'ai jamais été aussi stressée que ce matin, ou en tout cas, pas depuis bien longtemps. J'était heureuse d'aller voir Gabriel, mais nerveuse à l'idée de voir ses blessures, d'entendre sa voix tremblante, et surtout, plus que tout, j'avais peur qu'il ne m'accepte pas, qu'il refuse de me voir. J'ai attendu comme redouté cet instant toute la matinée. Finalement,cela a été inutile. Mon attente a été inutile. Tout mes espoirs ont été anéantis.

En arrivant, j'ai appris que sa famille n'était pas venue. Personne. Si Joseph. C'était le seul à l'avoir vu. Ses parents ne se sont pas déplacés. Pourtant, il était déjà 16h et les visites se terminaient à 17h. Je ne comprenais pas. Est ce qu'ils n'étaient pas au courant ? On m'a indiqué la chambre (bien que je connaisse déjà le numéro) et une infirmière m'y a emmenée. Elle m'a dit que son état s'était grandemaent amélioré. Cependant, il avait refusé son déjeuner, et avait demandé à ne pas être dérangé. L'infirmière m'avait aussi dit qu'ils avaient autorisé ma visite malgré les recommandations de Gabriel, à cause de ma venue déçue, dans la nuit de vendredi à samedi.
J'ai redouté mon entrée. L'infirmière m'avait abandonnée plantée devant la porte. Je n'osait pas entrer. Je frappais d'abord timidement. Comme personne ne répondait, je réitérait  mon geste plus fort. Rien. Pas de réponse. J'ai alors abaissé la poignée et poussé le battant. Un courant d'air me gela sur place. Ou est-ce ce que je trouvait qui me figea ? Je n'en sais toujours rien. Toujours est-il que je fus bouleversée. La fenêtre était grande ouverte, les rideaux volaient. Le lit, défait, était vide. Frais. Vidé depuis quelques heures déjà. Lorsque j'ai retrouvé l'usage de mon corps, j'ai cherché Gabriel dans toute la chambre. J'avais l'impression d'être hystérique. Personne aux toilettes, personne dans la salle de bain, personne dans les placards ni dans la pièce du lit. Rien. Nada. Niet. Niente. Tout les mots de toutes les langues pour dire ''rien''.
Je suis sortie en trombe et ai couru dans les couloirs. Dans la salle des recherches ? Non. Dans la pièce à vivre alors ? Non plus. Dans la salle de jeux des enfants ? Encore moins. Je suis allée à l'accueil, demander d'il était sorti. Tous m'ont affirmé qu'il était censé être dans sa chambre. Il est parti. Je me suis rendue dans le parc et l'ai fouillé de fond en comble. Arrête de chercher tu vas être déçue une fois de plus. J'ai demandé aux passants. Personne ne l'avait vu. Stop je t'ai dit. Tu vas encore pleurer.  Je suis remontée dans la chambre et me suis assise sur le lit. Une voix dans ma tête me disait d'arrêter, qu'on ne le retrouverait plus. C'est peine perdue je te dit.
《Ta gueule !!》j'avais hurlé dans la pièce. Mon cri avait fait place à un silence de mort. 《T'es où ? S'il vous plait dites-moi qu'il est là, s'il vous plaiiiiiit !!!》
Je me suis alors transformée en fontaine. J'ai eu soudain une idée. J'avais son numéro. Il me suffisait de l'appeler. Ce que je fit. Une fois. La sonnerie me dit sursauter. Elle resonna dans la pièce sans que je comprenne. Il avait laissé son téléphone. J'ai du rappeler deux fois avant de trouver son portable. Mon numéro avait été renommé en ''tirroir gauche.'' Je ne compris pas tout d'abord. J'ai du bien rester bloquée 2 minutes sur l'écran. Tirroir gauche. Une révélation me pris. Je relevait la tête et foullais de nouveau la piece, à la recherche à présent d'un meuble à tirroir. Une commode à côté d'un bureau faisant face au lit en avait trois. Deux à droite, et un à gauche additionné à une étagère.
Je prie une profonde inspiration. Peut être y aura t'il quelque chose d'important. Peut être rien. Il faut quand même que je tente. J'ai regardé à l'intérieur. Rien. Vide. J'ai été découragée. J'ai tout de même arraché le tirroir, l'ai retourné et ai tapé sur le dos. Le double fond est tombé. Avec une enveloppe. Marquée à mon nom. Une lettre de Gabriel. Il était donc bien parti apparement. Une larme tomba et s'écrasa sur le papier, mélangeant l'encre et brouillant le message. Je voyais flou. Je n'arrivais pas à le lire.

EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant