~ Chapitre 44 ~

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Le garçon me fixe, une expression étrange dans le regard. Nous restons immobile quelques instants.

《Ambre ?》
Je me retourne lorsque j'entends la voix de mes amis.

Les yeux de Josef sont posés sur mon inconnu et Gaëlle me regarde inquiète avant de l'apercevoir à son tour. Elle plaque une main sur sa bouche et ses yeux s'écarquillent. Je me sens proche des larmes pour une raison qui m'est inconnue.

Je me retourne vers le jeune homme.
《Excusez moi, je...》

Je lâche son bras en m'écartant à reculons.

Je m'excuse une dernière fois avant de m'enfuir en courant.

Pourquoi ? Pourquoi je pleure ? Qu'est ce qu'il m'arrive ? Qu'est ce qu'il m'a pris ?

Je ne comprend plus rien. Tandis que je fuis, mes larmes continuent de couler le long de mes joues.

Assise sur des rochers, j'observe la mer en me remémorant la scène. Je sens que quelqu'un s'assoit à ma droite.

《Est ce que... on peut rentrer ?》
Je tourne les yeux vers Josef qui acquiesce avant de me prendre dans ses bras.

Les sanglots me reprennent. Cette fois c'est différent, c'est moi qui pleure, pas mon subconscient qui pousse mes larmes à couler.

Je ne supporte plus cette vie. Pourquoi est ce que tout ça m'arrive à moi ? Est-ce que j'ai fait quelque chose qui mérite ce sort ?

Mon Dieu je vous en prie, aidez moi à surmonter tout ça.

~*~*~*~*~*~

Je me réveille en sursaut, le front plein de sueur.
Je jette un regard vers l'armoire dans laquelle j'ai enfermé le paquet que je n'ai pas ouvert. Je n'en ai pas eu la force.

Je me lève, ouvre ma fenêtre et contemple le ciel noir parsemé de milliards d'étoiles brillantes.

Une unique larme coule sur ma joue.
Mon rêve n'en était pas réellement un. C'était un souvenir. Celui de ma chute.

Je me souviens de l'eau glacée, de la lumière du jour s'éloignant à vue d'oeil, me laissant dans le noir. Je me souviens de ma peur. Celle de mourrir, certes, mais pas seulement. J'avais peur d'autre chose. Peur de ne plus revoir quelqu'un. Celui que j'ai aimé.
Je me souviens également d'une main qui m'a saisi le poignet et m'a tirée vers le haut, vers la vie.

Aujourd'hui je ressens une peur comparable à celle que j'ai vécu à l'instant de la chute qui devait entraîner ma mort. Je redoute de ne jamais retrouver mes souvenirs, de ne jamais revoir les personnes que j'ai tant aimé. Celui que j'ai tant aimé.

Je ne me suis pas rendormie et suis restée plus de quatre heures à observer les étoiles et le soleil levant. Puis Gaëlle est venue me chercher en m'annonçant qu'ils avaient une surprise pour moi.

À l'arrière de la voiture de Josef, mon sac pour la semaine sur le siège à côté de moi, je fixe le paysage Californien disparaître derrière les vitres de la voitures au fil des heures.

Au bout d'un certain temps je comprend enfin la destination que nous prenons.
Je me redresse brusquement sur mon siège.

《On va... je demande un sourire sur les lèvres.
- On rentre à la maison !》m'annonce Josef en m'adressant un clin d'oeil dans le rétroviseur.

À cette phrase, je sais que nous allons dans le Wyoming, l'État où j'ai passé presque l'intégralité de ma vie.

Vers vingt-deux heures, nous traversons la ville de Jackson Hole. Une demi heure plus tard, nous nous retrouvons non loin du petit village d'Alpine, devant une magnifique maison de bois. Derrière celle-ci, un grand lac et une forêt prennent la place inoccupée de la campagne. À part ce bâtiment, il n'y a rien. Pas d'autre maisons, rien. Une fois de plus, j'observe le ciel se refléter dans les eaux sombres du lac.

EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant