Jeudi 14 Février

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 22h13

Cher Journal,

J'ai passé une journée éprouvante.

À cause d'Emma. Grâce à Emma.

Parce que oui, grâce à elle, j'ai pu retoucher à la chose qui comptait le plus dans ma vie voilà quelques années. Je l'avais oubliée.
J'ai rejouer du piano.

J'ai pu ressentir les émotions que je ressentait autrefois. La fierté quand les autres vous félicitent ou vous applaudisse. La joie de savoir jouer un morceau, même si l'on ne la pas joué depuis longtemps.

Et puis ce Bonheur. Ce Bonheur intense de jouer sur le grand piano, d'entendre le son cristallin et doux de l'instrument...
Certaines personnes ne pourront pas comprendre. Vous demanderez aux musiciens ce qu'ils ressentent quand ils jouent, vous leur demanderez pourquoi ils continuent de jouer. Ils ne sauront pas vous expliquer. Parce que sans savoir, sans l'avoir jamais vécu on ne peux pas comprendre.

En rentrant du lycée j'était seule dans la maison. Papa était au travail et la nourrice n'avait pas encore ramené Benjamin (ce n'est pas vraiment sa nourrice, c'est une vieille dame qui s'occupe de lui quand moi et papa ne sommes pas la depuis que maman est partie).

J'avais donc la maison pour moi seule. Je suis entrée dans la grande salle de séjour et me suis approchée du grand instrument. Du grand piano à queue de maman...

En m'asseyant sur le siège, une bouffé d'air m'a secouée. J'ai eu l'impression de sentir l'odeur de Maman, même trois ans après. De même en ouvrant le couvercle. J'ai appuyé une touche.
Le la. C'est toujours la première note que je fait. Et puis j'ai joué. Beaucoup. Longtemps. Quand papa et Benjamin sont arrivés je jouais encore. Ils se sont assis derrière moi. Et ils m'ont écouté.

J'ai rejoué Spring Waltz mais également Tristesse de Chopin, la Sonata Tempest de Beethoven et plein d'autre encore.

Papa était heureux. Il m'a appris après que j'avais la même manière de jouer que ma mère. Souple. Fragile. Je ne sais pas s'il sait à quel point son compliment m'a touchée profondément.
Benji s'est levé à la fin de ma prestation et ma embrassée sur la joue droite. Et il a murmurer《Merci》à mon oreille. Il a encore parlé pour moi. J'aimerai qu'il soit comme avant. Qu'il parle, qu'il rie, qu'il joue. Comme autrefois. Je voudrais que rien ne se soit passé. Que maman soit là, et qu'elle me voit jouer.

Ambre.

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