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« suis-je ce que les gens pensent que je suis ? ou bien suis-je ce que je suis quoi que les gens pensent, tu me suis ? »

anaë


Je souffle en basculant ma tête en arrière. J'en ai marre d'avoir toutes ces pensées en tête. J'aimerais qu'elles s'en aillent. Et puis, en plus, il fait froid. Mais j'ai aucune envie de rejoindre les autres. Il y a trop de monde et j'arrive pas à suivre.

— Toujours à l'écart, hein ?

Je sursaute et me retourne rapidement. Je découvre Ken à l'autre bout de la pièce, appuyé contre l'encadrement de la porte.

— Je peux ? Il demande.

J'hoche la tête et il referme la porte derrière avant d'avancer vers moi. Je reporte mon attention vers les immeubles devant moi. Il vient s'assoir à côté de moi, posant ses coudes sur ses genoux.

— Comment t'as su que j'étais là ? Je lui demande.

— Alad m'a dit que je te trouverais ici.

— Quel traître, je souffle.

Il rit et et je tourne ma tête vers lui. Mon cœur se serre dans ma poitrine en le voyant sourire comme ça. Il est tellement beau, comme d'habitude. Sa casquette fait de l'ombre sur son visage mais étant donné qu'il fait nuit, j'arrive à très bien le voir.

— Ça fait longtemps, il dit.

— Ouais...

— T'as répondu à aucuns de mes messages.

Je ne réponds rien. Je n'ai rien à répondre. Il a raison, je les ai tous ignorés.

— Ana... Anaë, il se reprend.

— Tu peux m'appeler Ana, je lui dis en le regardant.

Ses sourcils s'hausse légèrement et le coin de ses yeux se plissent tandis qu'un petit rictus se dessine au coin de ses lèvres.

— Ne te réjouis pas trop vite quand même ! Je l'avertis.

— Jamais avec toi, il dit. Je voulais te dire, t'es pas obligée de fuir tu sais. J'attends rien de toi et je suis désolé si j'ai pu te faire penser le contraire.

— C'est parce que j'ai peur.

— Peur de quoi ?

— Peur que si je m'attache à toi, tu partes. J'ai vu tout mes amis se faire quitter, Ken. Tous. Même Math. Personne ne s'en remet. Ça reste une blessure mal cicatrisée pour toujours, je dis en baissant la tête.

— Il faut aller de l'avant dans la vie quand quelque chose nous arrive. Nous on peut essayer de se remettre d'une rupture, et toi de ton accident. C'est la même chose en vrai, mise à part le fait que toi, tu ai aussi une blessure physique.

Je baisse le regard vers ma cuisse en pensant à ma cicatrice. Si ce qu'il dit est vrai, alors j'ai encore moins envie d'essayer quoi que ce soit. J'ai déjà eu du mal à me remettre de mon accident et ce serait de la folie de vouloir traverser une chose similaire à nouveau.

— Si c'est ça alors non merci.

Je me lève aussitôt et Ken suit mon geste, se mettant lui aussi à ma hauteur.

— Ana...

— Non, pas Ana ! Ça fait un an et pourtant il m'arrive toujours de me réveiller la nuit parce que je crois que j'y suis toujours ! Je me réveille en croyant que je suis toujours dans cette putain de voiture ! Je revois ma vie défiler à chaque fois ! C'est de la torture ! Si tu penses que je veux revivre ça tu te met le doigt dans l'œil.

— Arrête de toujours voir le mauvais côté des choses ! Il dit. Tu crois quoi Anaë, qu'en continuant à te braquer comme ça tu vas quelque part ? C'est toi qui te met le doigt dans l'œil.

Il fait un pas en avant et je recule par réflexe. Il plante ses yeux dans les miens et quand je devine qu'il compte faire un autre pas en avant j'anticipe en reculant une nouvelle fois. Faute d'espace sur le balcon, je me retrouve collée à la rambarde.

— Tu sais, si tu comptais m'échapper dès que tu trouverais les choses trop compliquées t'es tombée sur la mauvaise personne.

— Arrête.

Je pose ma main sur son torse pour l'empêcher de s'avancer un peu plus mais il le fait tout de même, sentant sûrement que de toute façon, ma main tremble, et que je n'ai pas la force de le repousser.

— Je vais nul part. C'est vrai que t'es sacrément têtue, il rit dans un souffle. Mais dommage pour toi, je crois qu'avec moi tu as de la compétition.

Je me mord les joues aussi fort que je peux mais même là je n'arrive pas à laisser échapper un petit sourire. Je me mord l'intérieur de la lèvre pour le stopper mais trop tard, quand je vois ses lèvres s'étirer, je comprends qu'il l'a vu.

— Serait-ce un sourire mademoiselle Gaultier ?

— Pas du tout.

— Si, s'en était un !

— Non c'est faux !

Il sourit de plus belle et vient se coller à moi, posant une de ses mains dans le creux de mes reins. Comme à chaque fois, je frissonne à son contact.

— T'es tellement belle Anaë. Mais t'es aussi tellement intéressante et franchement je serais fou de te laisser me filer entre les doigts. Tout le monde m'a dit qu'espérer quelque chose avec toi c'était de la folie, c'était un défi impossible. Que personne n'avait jamais réussi à t'approcher. Mais moi je suis pas du genre à écouter les autres...

Un second sourire m'échappe et je pince immédiatement mes lèvres entres elles. Évidemment qu'entendre ça me fait sourire, c'est vrai qu'il est le premier à me dire aussi ouvertement qu'il serait prêt à relever le défi pour moi. Il sourit lui aussi mais quand ses yeux se plantent une nouvelle fois dans les miens, nos sourires s'estompent, sûrement brusqués par le sérieux dans nos regards. La main qu'il avait dans le bas de mon dos glisse sur ma hanche et la saisie plus fermement tandis que sa main libre vient se poser sur ma joue. Je baisse la tête, évitant son regard, tout en posant mes mains sur son torse. Il décale sa main gauche sous mon menton et le relève.

Quand mes yeux croisent à nouveau les siens je devine son futur geste mais pour toute réponse j'amène ma main près de son visage et fait glisser mes doigts sur sa tempe gauche, jusqu'à sa mâchoire. Il replace sa main sur ma joue et sans attendre il dépose délicatement ses lèvres sur les miennes. Je m'accroche automatiquement à son cou, répondant à son baiser. Je sens mon bas ventre s'enflammer et mon cœur se soulever. Nos lèvres se détachent et nos regards se croisent. C'est donc ça, embrasser quelqu'un pour qui on a des sentiments ?

. . .

hello mes chats. j'espère que ce chapitre vous plaît hehe... dites moi ce que vous en avez pensé! hier je vous disais merci pour les 10k, et on a 11k aujourd'hui haha c'est trop chou vraiment jvm.

plein d'amour — l e a.

bonnie sans clyde / nekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant