❌ Depuis toujours la haine cause la perte de centaines d'âmes. Emplis d'une irrésistible envie de vengeance, de gloire et d'argent, nombreux sont ceux qui chaque année y passent. Les ambitions et désirs d'un tiers n'ont eu de cesse de provoquer la m...
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Mardi 13 Août 2013 / 10:00 🕙
J'ai jamais été doué pour me présenter aux gens alors j'ai toujours laissé les autres se faire leur propre opinion sur moi. De toute façon c'est comme si tout le monde avait déjà construit son avis me concernant. Aux yeux de tous j'étais Adel, le pote de Samy, rien de plus. Pas assez intéressant pour avoir ma propre identité. Pourquoi auraient-ils pris la peine de m'appeler autrement, j'étais juste une personne de plus à la cité, j'ai jamais pris la peine de me montrer chaleureux avec les inconnus, j'en avais rien à foutre qu'on me trouve froid, j'ai jamais non plus cherché à intégrer les autres, sans parler des meufs chez qui je n'arrivais jamais à trouver un réel intérêt.
Je me suis jamais posé la question de savoir ce que j'aimais vraiment. On faisait toujours tout ensemble avec Sam alors je finissais par croire que c'est aussi ce que je voulais faire : Les courses de vitesse à la plage, les acrobaties sur l'aire de jeu, les après-midi à observer les gars jouer au foot, la vente de drogue en bas des tours. On trainait tellement ensemble que je n'avais jamais vraiment eu le temps de construire ma propre personnalité.
C'est à peine si je me connais moi-même, à part m'apitoyer sur mon sort j'ai jamais été capable de voir plus loin que le bout de mon nez.
C'est toujours plus simple de détester, ouais j'étais fort pour ça, chaque année la haine prenait une part plus grande en moi. J'aime pas la musique, les films, les parfums mais ce n'était qu'un détail, ce qui me rongeait était la rancœur grandissante que j'avais pour mon oncle Mohammed, les riches, les blancs autres que ceux de la cité, la société. Elle me tuait à petit feu.
Je crois que la seule chose dont je suis sûre est que j'aime bien être musulman mais je fais tout de la mauvaise manière. Et puis je me comporte plus comme un depuis que ma mère est tombée malade. C'est elle qui me guidait mais tout a fini par perdre son sens. Qu'est-ce qui me donne le droit de demander la miséricorde de Dieu ?
Paradoxalement, même si on m'associait souvent les traits de calme et serein on me considérait aussi comme violent à cause de toutes les personnes que j'ai passées à tabacs. Je suis pas violent, j'ai juste l'impression que c'est la seule manière pour moi de régler mes problèmes. Je suis pas doué pour tout ce qui sentiment. C'est plus fort que moi, je finis toujours par blesser les gens. Je sais jamais jusqu'où je peux aller.
[...]
« Tu sais, ça ne te ferait pas de mal d'essayer, personne ne tient jamais longtemps sans manger » a dit Aicha d'un air désapprobateur.
Aicha était vieille selon l'échelle de Samy. Elle devait mesurer au maximum un mètre cinquante si bien qu'elle utilisait un escabeau pour atteindre les placards du haut et que le reste des meubles de la cuisine avaient été construit pour elle. Ses cheveux étaient toujours pris dans un foulard. Elle était malgache de l'un de ses deux parents mais j'étais trop con pour savoir où ça se trouvait.
