♦️24♦️ Parce que tout a un début

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Mes arrières grands parents, Jeddi Mohammed et Jedda Amira sont arrivés en France dans les années 40 juste après l'invasion nazis

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Mes arrières grands parents, Jeddi Mohammed et Jedda Amira sont arrivés en France dans les années 40 juste après l'invasion nazis. Marseille c'était la destination favorite des maghrébins et les taudis là-bas s'entassaient les uns au dessus des autres. Ils étaient envahis d'algériens de tous les côtés, pire, ça en pleuvait. Ils avaient débarqués sans rien si ce n'est que leur fils, Isham et Jedda Amira enceinte de trois mois. Tout le monde cherchaient à fuir la misère là-bas au bled mais ce n'était pas mieux ici, en France. Mon arrière grand père, Jeddi Mohammed est mort très vite après son arrivée sur les terres coloniales alors Jedda Amira a élevé ses deux enfants seule.

Puis ce fut au tour de mon grand oncle Isham de décéder alors qu'il n'avait que dix ans, Allah y Rahmo. C'était en 44, peu de temps avant la libération de la France par les russes et les américains. 58 autres personnes avaient été touché par les bombes ce jour là et Jeddi Isham n'était pas le plus jeune d'entre eux. Les gosses mourraient par centaine à cette époque. Parfois ils ne faisaient que sortir et se retrouvaient piégés par les avions allemands qui les assénaient de tous les côtés. Je crois que Jedda Amira avait été donné en mariage à l'âge de dix huit ans et sa vie s'était finalement métaphoriquement arrêté peu de temps après.

Comme ci tout le monde se devait de mourir, mon arrière grand mère a eu le mal du pays et un mal inconnu s'est propagé en elle. Ma grand mère, Fatima est restée avec elle jusqu'aux derniers instants de sa vie refusant la main de tous les hommes qui se présentaient à elle. Puis Jedda Amira a finit par décéder et la même année ma grand mère a épousé ce qui serait mon grand père un autre Mohammed.

1973, Mes grands parents ont réussi à obtenir un appartement dans les nouvelles immenses tours du 15ème. Jedda a eu son premier enfant, Hassan à l'âge de 30 ans puis les six autres ont suivi en l'espace de onze ans. Ma tante Souheila a été la dernière à venir au monde.

Mon grand père Mohammed était antipathique mais il m'appréciait je le sais même si j'avais apporté la honte sur sa famille. Assis dans son fauteuil en bois, il fumait sa chicha en me parlant de toutes les guerres auxquelles il avait assisté.

Ma grand mère Fatima souffrait d'Alzheimer, elle ne nous reconnaissait pas tellement mais moi je sais qu'elle nous aimait toujours autant au fond d'elle. Elle n'avait jamais pu oublier le Maroc semblait-il et ne vivait que dans la nostalgie. Elle divaguait souvent en racontant ses souvenirs de quand elle y habitait_la plage, le soleil, le sable, l'eau, le désert_même si tout le monde savait bien que tout n'était que fruit de son imagination. "Tu es née en France, Yemma, lui répétait alors ses enfants." Mais moi je pense qu'elle n'avait pas tellement tord, ce sont les souvenirs que sa mère ne cessait de lui comptait enfant dont elle s'était imprégné. On avait vu en cours que certaines images de paysage, visuelles ou auditifs pouvaient être si forte qu'on avait l'impression d'y avoir déjà mit les pieds.

Je pense que le plus regrettable pour mon grand père c'est de ne pas avoir su progresser dans la société. On en voyait des arabes qui ouvraient des magasins, des restaurants ou qui se lançaient dans les études mais lui n'était jamais parvenu à faire tout ça. Il enchaînait les petits bouleaux et les gens le traitaient lui comme bien d'autres comme de la sous merde.

Il n'y avait pas encore de terroriste en terre française mais les soldats du clan FLN ( un parti Algérien) enchaînaient attentat sur attentat visant à tuer le plus de pieds noirs possible. Jusqu'à ce que l'Algérie finisse par obtenir leur indépendance en 1964. Ils ont vu arriver les Harkis ( soldat algérien combattant pour la France), les femmes et enfants par millier en plus de ces pieds noirs ( français née en Algérie) dont on ne voulait plus. Et la Haine n'a fait qu'augmenter. Ils se permettaient d'envahir les autres mais quand c'était à leur tour alors tout le monde se braquait.

Alors peu importe d'où tu venais arabe c'était arabe et on ne voulait pas de ces parasites.

Sûrement que des gens comme Leon, Jules ou Nelson auraient raconté les choses différemment mais moi c'était comme ça qu'on me les avait rapportés.

Dans la classe, les profs se vêtaient de gilet par balle quand il s'agissait d'entamer ce chapitre et tout le monde intervenait ajoutant sa propre version. Les descendants de Harkis, considérés comme des traîtres et les fellaghas_ les soldats qui s'étaient battus pour leur pays_ ne cessaient de s'insulter.

Je suis venu au monde en 1996, le début de la hess et des problèmes pour ma mère et moi. Le début de toute cette histoire. Une fin désastreuse pour un début qui ne s'annonçait de toute façon pas très prometteur.

À suivre...

À suivre

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Adel et Thelma : Les mondes inversésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant