❌ Depuis toujours la haine cause la perte de centaines d'âmes. Emplis d'une irrésistible envie de vengeance, de gloire et d'argent, nombreux sont ceux qui chaque année y passent. Les ambitions et désirs d'un tiers n'ont eu de cesse de provoquer la m...
C'est fou comme on peut passer de mépriser à aimer une personne. Leon : Qui, moi ? Nan, je ne parle pas de toi, Leon.
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Lundi 7 Octobre 2013 EDINBOURG
J'avais l'impression qu'Edinbourg était un énorme mur entre Marseille et moi érigé des pierres les plus épaisses. Bien plus impressionnant que la muraille de Chine ou le mur de Berlin.
De tout ce qui sépare les humains, la barrière de la culture est très certainement la plus impressionnante que le monde ait connu.
Le rempart qu'elle formait était si grand qu'elle marquait une nette coupure avec le monde de dehors, celui des bourges en l'occurrence. Parlant pourtant la même langue, ce seul élément nous éloigné l'un de l'autre comme si nous venions de pays différents. Un peu comme la séparation que l'on constate entre les riches et les pauvres de St Barthelemy, une île où les riches français n'ont cessé de s'installer depuis des années mettant de côté les natives.
Mais pour moi ce n'était pas la même chose. Le mur d'Edinbourg représentait tellement plus. J'oubliais malgré moi tous les principes qu'on avait depuis longtemps instauré à la cité. C'est con ce que je pouvais dire mais c'était pourtant la vérité. On se fixe des règles, on dénigre l'autre, ce n'est pas pour aller se jeter dans ses bras à la première occasion. Mais pourtant, aussi horrible que cela puisse paraitre, je me sentais libre de pouvoir aimer Thelma de la manière dont je voulais sans qu'Ayman, Saïd ou Naïm ne vienne me faire chier grâce à ce mur.
Je jouais un jeu d'hypocrite, je le savais bien. Parfois je me disais que c'était mal d'autant plus que je savais très bien que je n'assumerai jamais en face d'eux d'oser fréquenter quelqu'un comme Thelma. Pire, c'était toute la cité que j'allais devoir affronter. Mais j'étais loin pour l'instant et le poids des traditions quittait mes épaules.
Je crois que personne ne mesure vraiment ce que je dis pourtant il y a des dizaines d'histoires similaires que les commères chuchotent.
Tiens par exemple Elias. Il avait été moqué, battu et discréditer pendant des années. Avec ses cheveux longs, sa manière de se tenir ou ses discours divers, tout le monde se doutait bien que quelque chose clochait avec lui. Et puis un mec, Omar ou Driss, l'a trouvé un jour loin du quinzième arrondissement de Marseille, là où la classe moyenne vivait. Il était assis dans un café avec un mec. Rien d'autre qu'Islem, un gars du quatorzième en fac de Droit mais que tout le monde connaissait quand même chez nous. Ça aurait pu finir là, tranquille, certes, les deux avaient trois ans de différence et aucun point commun mais après tout, tout le monde pouvait prendre un café sur une terrasse. Sauf qu'Omar ou Driss, qui trainait ce jour là avec d'autres mecs, sont restés là quelques minutes de plus à parler et fumer. Et le temps a été suffisant pour que les deux finissent leur café respectif, ils se sont levés et se sont embrassés avant de se quitter. Les photos ont fait le tour de la cité. Elias s'est retrouvé à l'hôpital dans les jours qui ont suivie tabassé par ses grand frères tandis qu'Islem a dû déménager encore plus loin. Sa famille l'avait renié et il vivait maintenant dans la tour M, au dernier étage.
Je rendais parfois visite à Elias, il payait des gamins pour lui rendre divers services et j'étais l'un deux. Ce mec te filait cinq balles juste pour aller lui acheter une baguette. Ça valait la peine. Et je n'avais rien trouvé de bizarre en lui, il n'avait pas non plus l'air d'être possédé par le Sheitan contrairement à ce que les gens disaient. Alors malgré tous les avertissements qu'on me donnait, j'avais beaucoup trop soif pour refuser tous les verts de soda et les gâteaux qu'il m'offrait. Peut-être qui si j'avais été plus assidu à l'école arabe ou que je faisais mieux mes prières j'aurais réagi comme les autres mais j'étais un mauvais musulman alors même après m'être fait tabasser un jour par Mohammed parce que je continuais à rendre visite à Elias, je n'avais pas arrêté pour autant.
