Scène 16

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C'était la pleine nuit quand Sad revint à l'hôtel. Il sortit péniblement de la voiture et délaissa l'imposant bâtiment pour dériver du côté de la plage. Une bouteille de bière à la vodka à la main il se laissa tomber dans le sable à bout de force et regarda le reflet de la lune sur l'eau.

Il avait fallu que ces grognasses le collent, songea-t-il avec amertume en portant le goulot à ses lèvres. Les nanas... il ne pouvait plus les supporter. Il fallait que ça finisse. Il n'en pouvait plus de cette situation.

Boire seul, ça n'avait rien d'amusant. Et si l'agitation et le bruit l'avaient distrait un moment, l'irruption de ces filles au milieu de sa tentative de lâcher-prise l'avait replongé directement dans sa morosité. Il se sentait tellement mal... Il aurait voulu que ça s'arrête, mais rien ne pouvait empêcher son cerveau de tourner, ses pensées de le torturer encore et encore.

Il vida sa bouteille et la lança aussi loin que possible, avant de se lever pour la ramasser, pris de remords. La pollution, c'était nul. Encore plus nul sur une plage aussi belle... Monde de merde...

Épuisé, il se laissa tomber en arrière sur le sable et compta les étoiles en chantonnant une balade assortie à son humeur. Il fallait qu'il rentre. Il mourrait de honte si on le trouvait là le lendemain matin. Il le fallait, mais quelqu'un lui avait volé ses jambes...

- Ça va ?

Maelys s'approchait, elle venait de l'eau malgré l'heure tardive. Elle portait un bikini noir, plutôt sage et gardait sa serviette à la main malgré le fait qu'elle soit ruisselante.

Sad se redressa pour regarder l'intrus et mit un moment à la resituer.

- Bain de minuit ? demanda-t-il avec un demi-sourire.

- C'est ça. J'ai cru que tu étais en plein coma éthylique. Ne te noie pas... conclut-elle en tournant les talons.

- Et moi je pensais que tu serais en train de baiser le producteur, répliqua-t-il. Ah, mais non, c'est vrai... Le "feu" n'est plus là...

Il ricana en soulevant sa bouteille avant de se rappeler qu'elle était vide. Maelys serra les dents, se baissa, prit une poignée de sable et la lui balança à la figure.

- Sale con ! cracha-t-elle.

Sad partit d'un rire sans joie en secouant la tête.

- On se demandait comment une inconnue comme toi avait pu avoir le rôle, continua-t-il. J'aurais pas dû chercher plus loin... Ne t'étouffe pas en passant sous le bureau, hein...

- Tu ne sais rien, alors arrête ! cria-t-elle. Tu ne sais absolument rien. Je sais que tu me méprises, mais ça... ne t'avise pas de continuer sur ce terrain-là.

- Pourquoi pas ? Je ne fais que dire la vérité, fit-il en haussant les épaules.

- Qu'est-ce que tu sais de la vérité, tu n'es qu'un pauvre mec qui colle des coups à sa femme ! rétorqua-t-elle venimeuse.

- Je ne vois pas le rapport avec le fait que tu couches avec un homme marié.

- Tu n'as pas idée de ce que c'est que d'aimer quelqu'un. Je ne savais pas qu'il était marié. Et je n'ai pas couché avec pour avoir la place, je l'avais déjà. Mais je...

Sa voix se brisa.

- Laisse tomber. T'es complètement ivre, je ne vois même pas pourquoi je m'énerve, dit-elle en tournant les talons pour courir du côté de l'océan.

- C'est sûr que c'est sûrement pas par amour que je me suis marié, répliqua-t-il en criant à son tour. Juste pour avoir un punching-ball ! C'est toi qui parles de choses que tu ne connais pas. Ce mec trompe sa femme avec toi. Tu peux dire ce que tu veux, c'est un sale con et toi, t'es une garce !

- Ta gueule !

Elle plongea dans l'eau et nagea autant que possible pour oublier tout ça. Elle n'en avait rien à faire de son avis.

- C'est ça, fuis. Ça ne changera rien au fait que t'es une garce, souffla-t-il en se laissant retomber dans le sable.

Une vieille envie de chialer comme un gosse lui remonta dans la gorge avec un goût de fiel. Il aurait dû ramener plus de bouteilles... Les femmes étaient toutes immondes. Ça lui collait la gerbe.

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