Scène 25

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- Où est-ce qu'on va ? demanda-t-elle pour briser le silence.

- Dans un club, répondit-il laconique.

- Quand tu sors, tout seul, c'est ce que tu fais ?

- Ouaip.

Elle se mordilla la lèvre.

- Tu as accepté parce qu'il le faut ou parce que tu en avais envie ? demanda-t-elle cynique.

- J'ai accepté parce que tu me faisais pitié, répliqua-t-il.

- Je ne vois pas le rapport.

Il haussa les épaules, les yeux rivés à la fenêtre. Elle tenta le tout pour le tout et posa sa main sur sa cuisse.

- Détends-toi un peu... sinon ça ne sert à rien d'aller s'amuser.

Il sursauta et ôta sa main, sans violence, mais rapidement.

- Sans doute pas, dit-il avec un demi-sourire. Mais j'y vais surtout pour boire.

Elle grimaça, blessée.

- Comme tu veux, conclut-elle en se renfonçant dans son siège.

- Tu sais, on est dans une voiture aux vitres teintées. T'as pas besoin de faire semblant d'être gentille. On sait tous les deux pourquoi tu es là, alors n'en fais pas trop, d'accord ?

Elle soupira.

- Crétin... Je t'ai dit que ce n'était pas uniquement pour ça, sinon je ne prendrais même pas cette peine et je serais restée profiter de la plage. Je n'aime pas l'alcool, je n'aime pas le bruit... Ou à petite dose. Je sors avec toi parce que j'en ai envie, parce qu'on peut pas continuer à s'en mettre plein la tête comme ça pour rien. Ce que tu as dit qui m'a blessé, tu l'as fait en étant bourré, et puis... pfff... Tu es un blasé, c'est comme ça. Mais je n'ai pas envie de rester en colère contre toi. Des fois, tu es sympa, conclut-elle en appuyant son front contre la vitre de son côté.

- Ça, ça m'étonnerait, ricana-t-il. Tu sors pour te faire voir avec moi, pour que ton petit chéri soit content. Je ne suis pas sympa et tu n'as rien à faire de ce que je pense. Tu ne fais que te servir de moi... ajouta-t-il dans un souffle.

Il ferma les yeux.

- Bah désolé, soupira-t-il. Oublie ça, c'est pas après toi que j'en ai.

- Si tu veux, on peut passer la soirée dans un endroit où personne ne nous verrait, juste pour passer du temps ensemble, boire un coup et profiter de la soirée, suggéra-t-elle. Comme ça, tu pourrais être certain que ce n'est pas pour mon profit personnel. Après qui tu en as ?

- Après le monde.

Il se tourna vers elle et lui sourit.

- Non. Désolé, mais moi, je compte bien boire et m'amuser jusqu'à m'évanouir de fatigue. Pas du tout passer une soirée aussi barbante que gênante à se regarder en chien de faïence.

- Tant pis. J'aurai essayé. Qu'est-ce que le monde t'a fait ?

- À moi ? Rien de plus qu'aux autres. Le monde est moche c'est comme ça. Et les hommes dansent et boivent pour tenter de l'oublier.

- Je ne trouve pas que le monde soit moche, et quand je bois, c'est pour me faire plaisir. Je croyais que tu étais content de venir ici, mais tu as l'air encore plus malheureux.

- C'est toi qui me déprimes... Et c'est même pas dit méchamment pour une fois.

Elle le dévisagea, surprise.

- Pourquoi ?

À nouveau, il haussa les épaules.

- Tu veux que je laisse tomber ? Que je te laisse tranquille ? insista-t-elle. Dis-moi au moins pourquoi !

- Parce que... s'agaça-t-il. J'en sais rien... Ce jeu ne m'amuse plus... C'est tout.

Il fit la moue. Pourquoi ? C'était une bonne question. Pourquoi est-ce qu'il se prenait autant la tête ?

La voiture s'arrêta.

- T'as raison, dit-il en se redressant. Amusons-nous. On est là pour ça.

Il avait presque réussi à la refroidir... Qu'est-ce qu'il avait ce soir ? Pour une fois qu'elle essayait d'être sympa.

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