Scène 72

2.2K 147 19
                                    


Maelys rentra du travail tôt dans la journée, épuisée, fatiguée. Elle regarda son téléphone puis le magasine qu'elle tenait dans son autre main. Sad n'avait pas rappelé, Sad n'avait pas envoyé de message, et ce que lui avait dit Anna lui tournait en boucle dans la tête. Sad en briseur de femme, c'était tellement facile à imaginer... Et si ce qu'il avait fait à cette femme était réel ? En tout cas, à elle, il faisait beaucoup de mal.

Elle était très attirée par le zen, par la méditation, par la paix de l'esprit, la pensée positive, et clairement, Sad mettait un coup de pied dans tout cela. Elle n'était plus optimiste, ce soir, ni zen, ni heureuse. Elle avait mal. L'état dans lequel elle l'avait vu hier l'avait bouleversée. Elle avait eu l'impression de l'avoir un peu rassérénée... pourtant il n'avait pas donné de nouvelles aujourd'hui. D'ailleurs... elle, elle avait parlé. Lui, il ne lui avait rien dit. Et puis il était ivre... encore ! Clairement, elle devait remettre en question les choix qu'elle avait faits ces derniers temps. Alors elle regarda à nouveau cette photo et écrivit un message.

"Salut, Sad... Je crois qu'il y a un moment où il faut admettre que ça ne marche pas et que ça ne marchera jamais. Je ne perds pas cette impression que tu te moques de moi... je n'ai que les photos dans la presse pour trancher puisque tu ne m'adresses même plus la parole. Je me sens seule et j'en ai marre qu'on me regarde avec pitié parce que je sors avec toi. Alors... Je crois qu'il est temps de se dire au revoir."

Elle envoya le message sans le relire pour être sûre de ne pas regretter. Il le fallait, c'était important. Elle laissa le magazine sur sa table et sortit pour aller marcher dehors, au hasard, le cœur en miettes, avec dans l'idée qu'elle finirait bien par trouver la mer.



Tenu par son serment de se remettre sérieusement au travail, Sad ne vit le message que tard le soir en rentrant chez lui. Et le choc fut si grand qu'il resta un long moment immobile à regarder son téléphone. Il n'arrivait pas à le croire. Quelque part, ce message, c'était celui qu'il avait attendu tout ce mois où il s'était conduit comme un abrutit. Et maintenant qu'il avait décidé de se reprendre en main, d'aller de l'avant, voilà qu'il lui tombait dessus comme un coup de massue.

Hier encore, elle lui disait qu'elle l'aimait et qu'elle voulait se battre pour leur couple et maintenant, voilà qu'elle laissait tout tomber. Qu'elle le plaquait ! Par message, en plus... Alors que quand il l'avait suggéré pour mettre un terme à sa relation avec Ismael, elle avait refusé d'un air outré...

Quand il reprit ses esprits, son premier réflexe fut d'appeler Nihilys.

- Dis... fit-il d'une voix atone quand elle eut décroché. Maelys... Elle est bien venue hier soir... n'est-ce pas ?

- Euh... Oui. Pourquoi ?

- Donc je n'ai pas rêvé... Ce n'était pas juste un délire dû à l'alcool ? C'était réel, n'est-ce pas ?

Sa voix était presque suppliante.

- Sad, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Et là ? Je suis en train de rêver ?

Il y eut un silence.

- J'arrive tout de suite. Tu es à ton appart ?

- Non ! Non... fit-il d'une voix plus calme. Ça va, c'est rien... C'est juste... La fatigue. Ne t'en fais pas, je vais gérer ça. Bonne nuit Lys.

Il raccrocha.

Il n'avait pas rêvé... C'était une bonne chose.

Il respira profondément. Il aurait pu s'effondrer. Il aurait dû. Mais non. Il avait décidé de reprendre les choses en main et il n'allait pas abandonner maintenant. Surtout pas maintenant qu'elle avait besoin de lui. C'était parce qu'il avait méprisé ses sentiments, qu'il l'avait fait souffrir indirectement qu'il en était là. Même si, à part un comportement destructeur, il n'avait rien à se reprocher, si ces photos avaient pu être prises, c'était qu'il l'avait permis implicitement. Il avait permis qu'on lui fasse du mal en se servant de lui. Et maintenant, si, entre hier et aujourd'hui, elle avait été tellement blessée qu'elle en vienne à lui jeter cette bouteille à la mer, il ne pouvait pas juste la prendre et s'en contenter. Non. Il fallait qu'il soit là, comme elle l'avait été pour lui à chaque moment où il avait été au plus mal.

Alors il fit la seule chose à faire dans ces circonstances. Il sauta dans le premier avion et deux heures plus tard, il arrivait à Brest et tentait de la joindre sur son portable.

Fake ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant