Scène 61

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Sad s'installa à la terrasse et ouvrit le dossier devant lui. Il le fixa longuement sans le voir, pensif. Trois mois. Ça faisait trois mois qu'il avait emménagé dans cette villa près de l'océan. Trois mois qu'il vivait avec Maelys. Bien sûr, elle était très occupée par son tournage et ils se voyaient peu. Mais ça n'empêchait. Depuis trois mois, ils vivaient leur bonheur au jour le jour et ça marchait. Ça marchait même très bien. Tellement que Sad commençait à ressentir les élans familiers dans sa poitrine et au creux de son ventre. Il était en train de tomber inexorablement amoureux de Maelys.

Et ça... Ça lui faisait peur.

Il se pencha enfin sur les documents et commença à lire à nouveau. Ce n'était pas de la précipitation. Ce n'était pas une fuite. C'était ce qu'il attendait. Un vrai projet. Un pari risqué. Un projet dans lequel il pourrait s'investir tout entier. Vraiment. Et aussi, c'était vrai, l'occasion de prendre ses distances avec la jeune femme. Prendre du recul.

Il tendit la main et se servit un verre de rhum. Il le fit tourner distraitement en se rendant compte que Maelys avait eu beaucoup d'influence sur lui. Même s'il aimait toujours s'amuser, il sortait moins qu'avant. La presse n'avait plus un seul incident à signaler au monde à son sujet. Il buvait moins aussi, n'avait plus été ivre depuis longtemps... Elle l'avait apaisé, comblé de bien des façons. Il savait aussi que s'il s'éloignait d'elle, il recommencerait... Mais c'était peut-être mieux ainsi. Remettre les choses comme elles étaient vraiment, abattre les masques que cette promiscuité leur imposait. Qu'ils puissent à nouveau faire face à la réalité avant que celle-ci ne les rattrape et les détruise. Comme elle avait détruit son mariage.

Il but lentement, savourant les saveurs de l'alcool comme il ne l'avait pas fait depuis des siècles. Maelys n'allait pas tarder. Il n'avait plus qu'à l'attendre. Bon sang comme elle allait lui manquer...

- Je suis rentrée ! annonça sa voix dans l'entrée. Je n'en peux plus, je suis épuisée.

- Je suis sur la terrasse, appela-t-il en rejetant la tête en arrière.

Elle laissa son sac dans l'entrée, se déchaussa et retira sa veste.

- J'ai fait des trucs de dingue à moto, dit-elle en approchant.

- Oh... J'ai hâte de voir ça, sourit-il. Avec ton partenaire bien accroché à toi...

- Pas encore, non. Mais bientôt, c'est sûr. Comment vas-tu ?

Elle s'accrocha à son cou pour l'embrasser. Il enroula ses bras autour d'elle et l'attira sur ses genoux.

- Ça va. Il faut que je te parle, dit-il en caressant son nez avec le sien.

- Je t'écoute.

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