Fake ?

Scène 51

- Tu es sûre que tu ne m'en veux pas ? 

- Mais non ! assura Maelys avec un sourire. Je savais très bien que vu la situation, ça n'était pas fait pour durer. Mais... Ismael... J'ai vraiment passé de bons moments avec toi.
- Moi aussi, dit-il avec tendresse.

Maelys quitta le bureau et prit le bras de Rion qui l'attendait à l'extérieur. Ils firent quelque pas. À chacun d'entre eux, Maelys perdait de sa superbe et de son sourire. Elle s'effondrait sur elle-même, complètement sous le choc.

- Tu as tout entendu ? demanda-t-elle.
- En substance, répondit l'agent en la soutenant.
- Comment je m'en suis sortie ?
- Comme une championne. Est-ce que ça va aller ?
- Ça ira. Je vais rentrer chez moi et dormir un peu. N'essaie pas de m'appeler, je vais tout couper, internet, téléphones, tout... j'ai besoin de dormir.
- D'accord.

Il lui tapota doucement l'épaule, geste très affectueux pour un homme comme lui.

- Fais-moi signe si tu as besoin de parler, dit-il.
- Ouais.

Elle monta dans la voiture qui l'attendait et rentra chez elle, complètement abattue. Elle y était allée pour rompre avec Ismael. Elle n'avait pas du tout été prête à ce que ce soit lui qui le fasse, à être congédiée comme une prostituée d'un air affairé. Oui, évidemment, il s'était radouci quand elle avait acquiescé avec un air serein et juste quelques regrets polis... Ça l'avait rassuré, elle n'était pas une furie qui allait hurler pour qu'il quitte sa femme, non... Ils avaient parlé un peu, du rôle pour lequel elle avait postulé, de la promotion de Naufragés, il lui avait demandé s'il était possible de faire passer la relation avec Sad à un niveau plus officiel... tout ça, tout ça... ça c'était mélangé dans sa tête. Elle n'avait plus envie d'y penser. Elle rentra chez elle et s'effondra sur son lit pour pleurer comme une madeleine en regardant la télévision et en dévorant tout ce qu'elle se refusait de manger d'habitude parce qu'elle tenait à garder la ligne pour les tournages. Elle avait besoin de s'en remettre.

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En mode déprime, une bouteille de whisky à la main, Sad regardait défiler sur son grand écran trois ans de vie commune. Des moments parfaits aux derniers instants d'une froideur abyssale. Rien là-dedans ne pouvait lui expliquer ce naufrage. Rien. Sans doute qu'il n'était simplement pas fait pour l'engagement à long terme, pour s'occuper de quelqu'un d'autre que de lui même.

Dans un élan de courage, il supprima toute cette partie de sa vie en trois manipulations élémentaires. Êtes-vous sûr ? Oui. C'était fini. Avec Anna, tout était fini. Définitivement. Et il ne pourrait jamais revenir là-dessus. Il s'était foiré. Il fallait l'accepter.

Il se pencha vers la table basse pour attraper son téléphone. Il grimaça en se massant les côtes. Cette cinglée n'y allait pas de main morte. Et pourtant, elle ne pesait pas bien lourd, la garce.

Il vérifia ses messages, et comme il n'avait toujours pas de nouvelle de Maelys, il lui en envoya un. Si elle avait rompu, elle était peut-être dans un état comme le sien. Peut-être... Qu'elle voudrait en parler... Ou juste...
Il soupira et jeta son portable un peu plus loin et porta à nouveau la bouteille à ses lèvres. Quelle vie de merde...