Fake ?

Scène 41

Ils rentrèrent hilares et ivres mort à l'hôtel, montèrent péniblement jusqu'à leurs suites, étroitement enlacés, puis Sad regarda en riant Maelys tenter de déverrouiller sa porte.

- Bonne nuit, Maelys, souffla-t-il tout à coup plus calme alors qu'elle parvenait enfin à ouvrir.

Adossé à sa propre porte, le sourire aux lèvres, mais le regard triste, il semblait la détailler comme pour la graver dans sa mémoire. Comme si c'était la dernière fois. Ça l'était peut-être...

- Tu ne viens pas ? s'étonna-t-elle, sa crise de fou rire passée d'un coup.

- Pas ce soir, sourit-il. J'avais prévu de te faire mes adieux cette nuit... Ce n'est plus la peine de jouer la comédie, n'est-ce pas ? C'est la fin du voyage...

- Ne dis pas ça. C'est la fin de quelque chose, mais pas de tout. On se reverra, mais moins, c'est tout.

- Ce ne sera plus pareil.

Elle pinça les lèvres.

- Oui... tu as raison. Comme tu voudras.

Elle déposa un baiser sur le bout de ses doigts et le souffla vers lui.

- Si tu changes d'avis, tu as mon numéro. Il sert à d'autres choses qu'à m'insulter.

- Ha oui ? fit-il surpris. C'est vrai... À savoir si tu ne t'es pas noyée aussi.

Il rit doucement, puis se laissa emporter par un fou rire alcoolisé. Maelys sourit, mais un peu tristement.

- Allez. À demain.

Elle se fit violence et ouvrit la porte. Elle se figea comme pour dire autre chose, mais renonça et rentra dans sa suite. Elle referma et resta longtemps dans la nuit à écouter le silence, toute euphorie envolée. C'était la fin des vacances.

Son téléphone sonna dans sa main. C'était Sad qui appelait. Elle décrocha, le sourire aux lèvres.

- Tu as noyé ta clef ?

Il rit dans le combiné.

- J'ai changé d'avis, sourit-il d'une voix grave et douce.

- Viens, la porte est ouverte. Je t'attendais.

La seconde d'après la lumière du couloir s'infiltrait dans la suite, puis la porte se referma dans un bruit sec. Les bras de Sad s'enroulèrent autour d'elle et pour la première fois, ses lèvres se plaquèrent sur les siennes pour un vrai baiser, pas un faux semblant. Un baiser profond et passionné. Elle répondit à ce baiser avec la même fougue s'agrippant à lui de toutes ses forces, comme désespérée, et s'écarta à bout de souffle, sonnée et perturbée. Elle se reprit pourtant très vite.

- Tu dors sur le canapé, plaisanta-t-elle.

Il rit et la souleva, l'embrassant encore alors qu'il l'emportait jusqu'à la chambre. Jusqu'à son lit. Elle se laissa faire et l'embrassa de plus belle, et lorsqu'il fut allongé avec elle, elle prit ses mains et les retint au-dessus de sa tête. Elle l'embrassa encore, longuement, savourant le goût de ses lèvres, puis elle s'écarta et le relâcha doucement.

- Bonne nuit, Sad.

Il gémit en se blottissant contre elle.

- Bonne nuit, Maé... murmura-t-il enfin, ses bras crispés autour de sa taille.

Elle le serra contre elle et caressa doucement ses cheveux. Elle le berça un peu. Ils restèrent ainsi un long moment sans bouger puis finalement, ils s'endormirent.

Le lendemain aux aurores, ils furent tirés du lit par Nihilys et Rion et s'envolèrent pour quitter l'île et retrouver la civilisation.