Fake ?

Scène 73

Assise sur les rochers, Maelys comparait sa vie à la marée basse qui s'étirait devant elle. Elle sursauta en entendant son téléphone vibrer, décrocha par réflexe, mais raccrocha aussitôt en voyant la photo de Sad à l'écran. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il avait à lui dire, aucune idée de comment il l'avait pris, mais elle n'avait surtout plus envie de lui parler, parce qu'elle avait mal, tellement mal que ça la consummait de l'intérieur.

"Qu'est-ce que tu veux ? "demanda-t-elle par message, prise de remords.

"Te parler."

Elle poussa un soupir. Elle ne pouvait pas être aussi lâche qu'il l'avait été avec elle. Alors elle se releva et marcha lentement en direction de chez elle, tout en l'appelant. Il décrocha à la première sonnerie.

- Salut... fit-il après un moment de silence.

- Salut, répondit-elle d'une voix maussade. Est-ce que tu es ivre ?

- Non... D'accord. Ça, je l'ai mérité...

- Oui.

Elle poussa un long soupir.

- Sad... je n'en peux plus, dit-elle. J'ai vu Anna aujourd'hui. Ton ex-femme. Et...

- Anna ? coupa-t-il. C'est pas vrai ! Qu'est-ce que cette garce est venue foutre jusqu'ici ? Est-ce qu'elle va me pourrir la vie jusqu'au restant de mes jours ?

- Elle m'a apporté... un magazine, tu faisais la couverture avec une nana sur les genoux. Elle m'a proposé de te faire souffrir pour te faire payer ce que tu lui as fait... ce que tu nous as fait, pour reprendre ses termes. Je l'ai envoyé balader, mais elle est vraiment déterminée.

- Et donc, tu as décidé de suivre ses conseils et de me plaquer. Par message...

- Non. Ça fait partie d'un tout. J'ai attendu que tu me parles toute la journée de voir si le fait que je sois venue hier avait servi à quelque chose... non, non, non. Si j'ai envoyé un message, c'est justement pour ne pas commencer à me justifier alors que c'est toi qui m'abandonnes, qui sors t'amuser, qui te bourres la gueule et qui t'entoures de jolies nanas alors que tu ne donnes plus nouvelles. Je n'en peux plus, et je ne le supporte plus.

- Où est celle qui disait qu'elle allait se battre pour nous ? souffla-t-il.

- Je crois qu'elle agonise quelque part.

- Je t'ai dit que je viendrais à toi. Qu'il me fallait du temps ! Tu n'as donc plus aucune confiance en moi ?

- Tu m'as dit ça complètement bourré après un silence radio horrible. Et la partie adverse est bien plus insistante. Anna, cette garce avec qui je bosse, les journaux... J'avoue que je ne sais plus.

- Et pourtant, je suis là, murmura-t-il.

- Là ?

Sad sortit de la voiture qui arrivait derrière elle.

- Juste derrière toi, conclut-il de vive voix et dans le combiné.