Scène 56

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- Ça fait bizarre de se dire qu'on est plus marié, remarqua Sad en piochant dans un des plats étalés sur le lit.

- Est-ce que tu te sens mieux ? Ou... vide ? demanda-t-elle curieuse.

Elle prit une chips de pomme et la porta aux lèvres de Sad. Il croqua dedans, pensif.

- Ça n'a duré que trois ans, mais on s'habitue vite au statut marital... Je suis soulagé que le divorce soit enfin prononcé, mais... ça fait bizarre, voilà tout. Un peu comme si on m'avait enlevé une charge... C'est libérateur, mais... ça manque d'une certaine façon.

- Je vois. Tu t'es marié très jeune... et ça aurait été encore pire si tu avais un enfant.

- Ouais, t'imagines... ricana-t-il. Mais avec Anna on avait convenu qu'on en aurait pas. Avec nos jobs respectifs, ça l'aurait pas fait.

- Pas d'enfant ? grimaça-t-elle. J'ai du mal à imaginer ça. Ou alors c'était temporaire...

- Tu te vois avec une grande famille toi ?

Elle hocha lentement la tête, pensive.

- Je veux au moins une fille, ça, c'est certain.

Elle sourit dans le vide.

- Une grande maison avec une grande famille, prendre soin de mes enfants de leur plus jeune âge jusqu'à l'âge bête, l'école, les vocations extraordinaires, leur apprendre à aimer la musique et l'art... J'en rêve.

Il songea que c'était sans doute son enfance troublée qui lui donnait cette envie.

- Dans ce cas, tu n'as pas choisi le bon métier. C'est difficile d'être actrice et mère.

- Je ne vois pas pourquoi. Il y a des difficultés dans de nombreux métiers, mais même les soldats qui partent plusieurs mois en missions ont des familles. Alors un acteur...

Elle leva les yeux au ciel.

- Toujours en déplacement, toujours sous les projecteurs, aucune intimité, le succès qui monte à la tête, l'obsession de l'apparence... Un enfant n'a pas sa place, là au milieu...

- Renseigne-toi un peu. Certains y arrivent... oh, mais suis-je bête... ceux-là tu n'en entendras pas parler. Je ne te dis pas que ce sera facile, au contraire. Mais ça en vaut la peine.

- Si tu le dis... En tout cas, je te souhaite d'y arriver.

Il se pencha vers elle et lui déposa un baiser sur les lèvres.

- Merci. Il va peut-être falloir que je m'active un peu avant d'être trop vieille pour faire les dix enfants que je convoite.

- Dix ?

Il siffla.

- Quelle ambition !

- Ah, ne t'en fais pas, j'en ferai plusieurs d'un coup.

Elle rit et le serra contre elle.

- Tu m'en fais un ou deux ? Promis je ne dirai à personne qu'ils sont de toi.

Il fit courir ses doigts sur son ventre.

- Ça m'a tout l'air d'une proposition indécente, ça, susurra-t-il.

- Qu'est-ce si ce n'en est pas une ? approuva-t-elle avec un clin d'œil.

- On dirait qu'on se rattrape pour toute une vie, sourit-il en l'attirant contre lui.

- Pour un mois, c'est déjà bien.

- J'espère que tu as tout un stock de préservatifs, parce que j'en ai pas prévu autant, sourit-il.

Il remonta sa main sur sa poitrine qu'il caressa en douceur.

- Au pire, il y a une pharmacie avec un distributeur juste en bas. Ne t'en fais pas pour ça.

- Est-ce qu'on doit mentionner ça à la conférence de presse d'après demain ? Combien de fois... Combien de temps... À quel point c'est... bon...

Il ponctua chaque phrase de baisers sur sa peau douce et chaude jusqu'à glisser sa langue dans son nombril.

- Ce qu'on mentionne à la presse, c'est un mensonge, si on leur dit la vérité, ils n'y croiront jamais, remarqua-t-elle en le repoussant avec une grimace.

- Ah oui ?

Il rit.

- Quelle tristesse de devoir mentir encore. Enfin. On s'en balance, après tout. C'est pas leur affaire de tout façon. Et peut-être qu'ils n'en parleront même pas.

- Peu importe la presse, là, juste là, tout ce qui m'intéresse, c'est toi, susurra-t-elle avant de l'embrasser langoureusement. 

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