Scène 65

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Dans les premiers temps, ils s'appelèrent tous les jours, mais peu à peu, avec le tournage qui commençait, Sad avait de moins en moins de temps et les coups de fil s'espacèrent.

Plus les jours passaient, plus la séparation était difficile et il évitait maintenant tout contact avec elle, tant il avait peur de se mettre à chialer comme un gosse sous le poids de l'absence. Ou d'être carrément désagréable avec elle à cause de la frustration.

Ce soir-là en rentrant chez lui, le poids du silence de son appartement lui tomba lourdement sur les épaules. Il était épuisé, la journée avait été longue et insatisfaisante. Il n'avait qu'une envie, se jeter dans son lit et se blottir dans les bras de Maelys. Mais Maelys n'était pas là. Il avait besoin de la voir, de l'entendre. Il sortit son téléphone de sa poche en s'avançant dans le salon, puis bloqua à nouveau. Il était tard. Il allait la déranger.

Il se passa une main lasse dans les cheveux et avança jusqu'au buffet. C'était des conneries tout ça. Il avait peur, voilà tout. Par un automatisme qu'il pensait avoir perdu, il se servit un verre de whisky et le posa sur la table, à côté de son téléphone. Il regarda les deux longuement, torturé.

S'il appelait, il admettait qu'il était accro à cette fille. Il admettait qu'il était à nouveau tombé dans le piège, qu'il ne pouvait plus se passer d'elle et qu'il en était éperdument amoureux. Alors il devrait prendre son courage à deux mains et lui avouer, s'engager, au risque d'en souffrir encore.

Sinon...

Il regarda le verre plein et son liquide ambré, tentateur. L'oubli. Tempérer encore. Un jour de plus. Il devrait prendre cette décision un jour. Mais ça pouvait attendre. Plus tard. Quand elle rentrerait.

Il tendit la main et ses doigts tremblèrent. Appeler. Oublier.

Il ferma les yeux et le visage de la jeune femme s'imposa immédiatement à lui. Le manque et l'absence lui tordirent les entrailles. Il ne se vit même pas faire. Comme par réflexe, sa main saisit le verre et il le vida d'un coup.

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