Fake ?

Scène 31

Rion les servit sur la terrasse de l'hôtel au milieu du reste de l'équipe.

- Tu veux manger avec nous ? lui proposa Maelys. Il y a largement assez pour trois.

- Non merci, j'ai déjà un engagement pour ce midi.

- Ah bon ? Du travail ?

- Bon appétit, répondit Rion avec la mine satisfaite.

Elle le regarda partir avant de reporter son attention sur Sad.

- Le soleil, ça a l'air de lui réussir, constata-t-elle.

- Hum... C'est vrai qu'il n'a plus autant sa tête de croque-mort...

Elle fronça les sourcils d'un air réprobateur.

- Tu es obligé de faire ce genre de réflexion ?

- Non, mais ça fait partie de mon charme, répondit-il en battant des cils. Bon appétit.

Il ouvrit sa boîte repas pour découvrir un tian coloré.

- Tu es végétarienne ? demanda-t-il.

- Oui et non. J'évite la viande, mais si c'est la seule chose de servie et bien j'en mangerai, sinon c'est trop compliqué. Est-ce que c'est un motif de rupture ? plaisanta-t-elle en le voyant goûter avec circonspection.

- Non. C'est bon, fit-il après un long moment.

- Tant mieux. Avec toi, je pense que je n'ai pas à craindre que tu ailles te taper un fast food juste après. Tu es assez franc pour ne pas faire comme si... Et c'est reposant.

- Ça sent le vécu, remarqua-t-il.

- Ouais, fit-elle simplement.

- J'en ai pas l'air, mais je fais attention à ma ligne, ricana-t-il. Enfin... Lys y fait attention pour moi.

- Quand tu demandes à Nihilys d'être à toi, tu es sérieux ? s'enquit-elle tout à coup.

- Ce serait pratique... Je l'aurais toujours rien que pour moi, je serais sûr qu'elle ne découche pas à droite à gauche et qu'elle soit à mon entière disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, trois cent soixante-cinq jours par an.

- La pauvre, grimaça-t-elle.

- C'est une affaire en or, dit-il en haussant les épaules. Je ne comprends pas pourquoi elle refuse... Je prendrais soin d'elle.

- Je crois qu'elle cherche autre chose que de devenir ton esclave à plein temps... Je la plains.

Elle piocha dans un assortiment de tomates cerises colorées et ajouta.

- Je crois que je sais avec qui elle sort. Mais je préfère ne rien dire.

- Tu sais ? dit-il surpris. Qui ? Quelqu'un de l'équipe ? Je croyais que c'était un mec de l'île.

- Je ne dirai rien, affirma-t-elle. Ça ne nous regarde pas.

Il fit la moue, boudeur.

- Je ne suis même pas sûre... bref, peu importe, changeons de sujet.

- Dis-moi, insista-t-il. Tu meurs d'envie de vendre la mèche.

- Combien tu me payes pour cette info ? demanda-t-elle en croisant ses mains sous son menton.

- Je ne paye pas. Je harcèlerai Lys pour qu'elle me le dise et ce sera ta faute, voilà tout.

- Je veux un massage, marchanda Maelys. Un massage et je te donne ma théorie.

Il lui adressa un demi-sourire sexy et se leva. Devant toute l'équipe, il fit le tour de la table et posa ses mains sur ses épaules.

- Parle... susurra-t-il à son oreille en faisant glisser ses doigts sur ses muscles.

Elle gémit, embarrassée. Ses doigts sur elle lui provoquaient de longs frissons, et que dire de sa voix sensuelle. Elle avait été si tendue toute la matinée, ça lui faisait tant de bien... mais devant tout le monde ! Au moins elle était certaine que ça ne tournerait pas de façon dramatique.

- Tu es impitoyable, remarqua-t-elle avec un soupir.

- Parle et je te promets bien plus ce soir...

- Ok... tu as gagné.

Elle soupira longuement et savoura ses attentions une seconde encore.

- Bon, d'accord... je crois qu'elle sort avec Rion, lâcha-t-elle. J'ai surpris un geste tellement incongru que ça ne peut-être que ça. Elle lui a discrètement mis la main aux fesses... Rion a simplement souri.

- Rion... Ton manager ? fit-il en s'arrêtant tout net.

Elle acquiesça.

- Je sais, ça parait bizarre, ils ne se ressemblent pas du tout, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Et puis la réflexion de tout à l'heure... Je suis certaine qu'il ne me parlait pas de travail. Il est peut-être en train de déjeuner avec Nihilys.

- J'y crois pas...

Il se rassit.

- Non...

Il fit la moue.

- Et... Rion, c'est quel genre de mec ? Tu le connais depuis longtemps ?

- Quelques années, je le connaissais avant même qu'il devienne mon agent. C'est un type très gentil, mais... un peu... je ne veux pas dire barbant, mais un peu rigide, disons. Calme, silencieux, posé... extrêmement efficace dans ce qu'il entreprend... mais dans la sphère intime je n'en sais rien. Je n'imaginais même pas le voir sortir avec une fille un jour.

Elle s'étira pour faire disparaître la frustration qu'il lui avait provoquée.

- Ouais... Pas du tout le genre de Lys...

Il joua avec sa nourriture, contrarié avant de se remettre à manger.

- Ça ne me plait pas, conclut-il. Mais ça ne me regarde pas.

- En effet. Ne sois pas contrarié, ajouta-t-elle avec une petite moue. Je suis sûre que ça se passera bien, parce que c'est un type bien. Mais si tu es jaloux, ça ne changera rien...

- Je ne suis pas jaloux. Je suis inquiet. Et je ne veux pas non plus que ça se passe trop bien, qu'elle fonde une famille et me laisse en plan...

- Ça, c'est le risque.