Scène 64

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Un peu moins d'une semaine plus tard, Sad rentrait chez lui. Maelys se disait que c'était une bonne chose, que ça mettrait de la distance entre eux et que ça leur permettrait de relativiser. Lui, il fallait qu'il fasse le point par rapport à son divorce. Elle, il fallait qu'elle sache si ce qu'elle ressentait était sérieux et réel. C'était facile de dire je t'aime après l'amour. C'était une erreur de sa part de l'avoir fait, une faiblesse. Alors oui... autant prendre le temps de relativiser un peu.

Le soir, quand elle rentra dans le "nid d'amour" et qu'elle le trouva vide, c'est sa vie tout entière qu'elle trouva vide de sens. Allongée sur son lit, seule, elle prit son téléphone et envoya un message.

"Tu te souviens quand tu m'as dit que tu souffrais de la solitude ? Ce soir, je comprends à cent pour cent. Tu me manques."

Son portable resta muet pendant une trentaine de minutes avant d'afficher un appel entrant.

- Salut, bébé. Tu ne peux déjà plus te passer de moi ?

- Tu sais bien que je suis accro, répondit-elle. Comment ça s'est passé pour toi ?

- Génial. On est déjà à fond dans le travail. Je viens juste de rentrer. C'est cool. Ça m'a plu.

- Ça, c'est super. J'espère que ça va durer. J'aimerais bien être là pour voir ça, mais il va falloir attendre encore. Alors ? C'est qui l'actrice du premier rôle féminin ? ajouta-t-elle mine de rien.

- Angelina Adams, répondit-il avec un sourire dans la voix. Elle a accepté le rôle aujourd'hui même. Bien sûr, le premier rôle masculin, c'est moi.

- Évidemment, dit-elle avec un soupir. Et ça va être chaud ?

- Limite pornographique, acquiesça-t-il. J'ai hâte qu'on commence les répétitions...

- Bon... et bien, on dirait qu'il ne faut pas que j'escompte te récupérer.

Il rit.

- Je te fais marcher. C'est pas du tout ce genre de film. C'est très... psychologique ? Bref, c'est très sage, promis. Rassurée ? En plus, Angélina est en couple, tu le sais bien.

- Je plaisantais, mon ange. Je ne la connais pas très bien... un jour peut-être.

- Je te la présenterai. Elle est très gentille.

- D'accord. Et sinon... Je ne te manque pas, même pas un tout petit peu ?

- Tu me manques à la folie, ma puce, évidemment. Mais Angélina nous rejoint dès la semaine prochaine. Elle me consolera.

- Angelina, hein ? On verra bien. En attendant, si tu es sage je peux te montrer que je n'ai pas besoin d'être près de toi pour te rendre chaud comme la braise.

- Ho... Non, pitié... Comment je ferais si tu n'es pas là ? Condamné à rester frustré pendant des mois ?

- Mmh... tu as une main. C'est très efficace.

Il pouffa.

- Oh, je vois... Et toi ?

- Pareil, qu'est-ce que tu crois ?

- Intéressant. Attends, je me mets en condition.

- Tu te déshabilles ? Parce que je vais en faire autant.

- Oh que oui ! J'ai besoin d'une bonne douche. Raconte-moi !

Elle s'amusa à lui décrire la façon dont elle retirait ses vêtements, s'inventant de la dentelle et des dessous affriolants. Elle raconta la façon dont la soie caressait sa peau, dont ses mains lui provoquaient des frissons et comment elle pensait à lui tandis que sa poitrine se tendait.

- Je te laisse un instant ? demanda-t-elle en faisant couler l'eau de la douche.

- Ouais... Ma main et moi on va... se laver aussi.

Il rit.

- À tout de suite, ma belle.

- À tout de suite, Sad.

Elle laissa le téléphone sur le bord de l'évier. Elle s'amusa à pousser de longs soupirs tandis qu'elle entrait sous l'eau chaude, volontairement provocante.

Sous sa propre douche, Sad, qui avait laissé le haut-parleur lui aussi, ne pouvait s'empêcher de sourire. Ça ne faisait qu'une journée, mais elle lui manquait déjà. Elle était vraiment mignonne.

En sortant de l'eau, et pour lui rendre la pareille, il prit une photo de lui, nu, mais coupée à la limite de la décence.

- Pour t'aider dans ton... introspection, sourit-il en se séchant.

- Mmh... je sens que ça va bien m'inspirer. Tiens, je te rends la pareille, ajouta-t-elle.

Elle, par contre, n'hésita pas une seule seconde à lui envoyer une photo entière, prise dans le miroir.

- Oh... Celle-là, elle vaut cher, souffla-t-il. Je vais me faire une fortune en la vendant à des journaux et en la diffusant sur le net.

- Tu n'as pas intérêt ! fronça-t-elle. Parce que sinon, je vends toutes celles que j'ai prises de toi pendant ton sommeil... ainsi que les sextapes prises à ton insu.

- Tu es vraiment terrible, soupira-t-il. Bon, tant pis, je la garde pour moi, alors.

Il repartit vers la chambre et s'allongea sur son lit.

- Et toi, au fait. Ça se passe toujours bien ?

- Oui, mais crevant. J'adore, je me sens vivante, c'est vraiment génial. Ça te dit une vidéoconférence ?

- Ouais, attends. Je te branche à la télé.

- À la télé, carrément ? pouffa-t-elle. Tu veux me faire jouer dans un film porno ?

- Oh oui...

Il lança l'appel et sourit en la voyant apparaître.

- Salut, ma belle, dit-il d'une voix douce en reculant vers le lit.

- Salut beau gosse.

Elle passa l'appel sur sa tablette et la cala à côté de son lit sur lequel elle s'installa.

- Alors, metteur en scène, quels sont les ordres ? demanda-t-elle en jouant avec ses cheveux.

- Ho... Il faudrait que je me rhabille alors... Ça ferait plus sérieux.

- Non, non, j'ai besoin qu'on soit sur un pied d'égalité pour ne pas me sentir trop gênée.

Il rit.

- Mais avant que je te prenne pour le rôle, il faudrait peut-être que tu me fasses une petite démonstration de tes talents... Lève-toi. Montre-moi un peu ce corps, voir s'il peut faire l'affaire...

Elle obéit très sérieusement et prit la pose devant la caméra.

- Pas mal... fit-il. Voilà le scénario. Tu es seule dans ta chambre et ton amant est parti depuis quelques jours. Il te manque beaucoup et dans tes rêves il est là... 

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