Scène 33

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La première étape, comme promis, c'était le taï-chi au bord de l'eau sur la plage privée de l'hôtel. Expérimentés tous les deux, ils se mirent d'accord sur un enchaînement et se synchronisèrent. C'était calme et agréable, sentir la présence de l'autre, le son des vagues, le vent chaud... Maelys savoura cet instant comme jamais. C'était bien la première fois qu'elle pouvait profiter d'un moment pareil avec un ami. C'était peut-être un peu prétentieux de le sentir comme ça, mais elle appréciait de pouvoir évoluer avec quelqu'un d'aussi fort qu'elle, et peut-être même, sans doute plus fort qu'elle.

Étape suivante, elle avait prévu de l'inviter se détendre dans un spa où ils profitèrent d'un jacuzzi, d'un sauna et d'un hammam.

Allongée dans la vapeur brûlante, Maelys poussa un long soupir lascif.

- Comment tu te sens ? Tu aimes ?

Elle se redressa un peu et l'admira, ruisselant dans la pénombre. Elle avait envie de se rapprocher de lui et de le serrer dans ses bras, de caresser les muscles de son torse qui l'obsédaient de plus en plus.

- Tu avais raison, murmura-t-il les yeux rivés au plafond. Je me sens bien...

Il tourna la tête vers elle et lui sourit.

- Cela dit, moi aussi, j'avais raison... On s'amuse quand même moins.

- Oui, j'imagine. Je ne l'ai pas démenti, tu étais prévenu.

Il la regarda longuement des pieds à la tête.

- Tu sais... J'ai vraiment du mal à te cerner. Tu aimes prendre soin de toi, de ton esprit, de ton corps. Tu as l'air coincée, mais pas tant que ça, tu sais boire et tu sais t'arrêter. Tu sais t'amuser, mais tu sais aussi dire non fermement. Tu es fière, mais tu te perds complètement dans une relation dévastatrice. Je ne sais jamais si tu dois m'agacer ou m'inspirer...

- J'aimerais être libre, dans ma tête comme dans mon corps, répondit-elle. Je fais de mon mieux, mais parfois j'échoue. C'est aussi simple que ça. Je n'ai pas envie de t'agacer ou de t'inspirer. Je ne sais pas trop de quoi j'ai envie avec toi. D'amitié ?

- De sexe ? sourit-il.

- Non. Enfin... je ne préfère pas. Je n'arrive jamais à te cerner, à te comprendre. Tu as l'air d'un sale type, mais en fait tu es sympa. Tu as l'air d'un débauché et tu respectes le mariage, du moins tu le dis. Et si je te propose une soirée sans une goutte d'alcool, tu essaies sans hésiter. Tu as l'air de te foutre de tout et de tout le monde et pourtant tu me juges et tu me donnes des conseils sur comment gérer ma vie amoureuse. J'adore passer du temps avec toi, mais j'ai un peu peur du moment ou je vais déchanter amèrement.

Il rit.

- Il y a de quoi... admit-il.

- Voilà, répondit-elle simplement en regardant la mosaïque du plafond.

- Je vais tâcher d'être gentil, résolut-il. J'étais de mauvaise foi avec toi. Mais vu la façon dont tu me considérais, j'avais de quoi être sur la défensive.

- Tu n'en sais rien. Mais c'est vrai qu'avec ton procès... La première approche est difficilement enthousiaste.

Elle se redressa et se massa les jambes et les bras. Il se renfrogna.

- Je ne suis pas en procès, souffla-t-il en se redressant. Je divorce, c'est tout. Et c'est bien parce je les gens réagissent comme toi que je dois me plier à cette mascarade...

- Oh, je suis désolée. Je ne sais que ce qui a été dit dans la presse... Mais c'est vrai que ce sont souvent des conneries...

- Ça t'est déjà arrivé ? Demanda-t-il les yeux rivés à ses gestes.

- Des rumeurs idiotes de coucheries, répondit-elle. Rien de bien méchant, je ne suis pas assez connue pour ça.

- Ouais...

Il n'arrivait plus à aligner deux pensées cohérentes. Ses mains glissant sur ses longues jambes parfaites accaparaient toute son attention. Il se laissa glisser jusqu'au sol et inspira doucement.

- On passe à la suite ?

Elle lui tendit la main.

- Je te propose de dîner dans ma chambre et de se finir devant un film.

Il se releva et garda sa main dans la sienne pour l'attirer contre lui.

- Je pensais plutôt à ce que je t'ai promis ce midi, susurra-t-il.

Les deux mains sur son torse brûlant, elle sentit la tête lui tourner. Il était si près...

- Ok, dans tous les cas, rentrons, murmura-t-elle.

Elle s'arracha à son regard à grand-peine pour le guider hors du hammam puis jusqu'aux douches, entrant dans une cabine avec lui. Face à lui, elle se rapprocha, peau contre peau comme pour l'embrasser, mais alluma l'eau froide et le poussa en dessous. Il hurla, puis éclata de rire.

- C'est gelé ! gémit-il.

Il leva le visage vers les jets et ferma les yeux. Pendant une seconde, il avait vraiment cru qu'elle allait l'embrasser. Et peut-être même qu'il l'avait voulu. Il fallait qu'il arrête ce petit jeu, parce qu'il était dangereux. Un mois. Il ne restait qu'un mois avant qu'il ne retrouve sa liberté. Il fallait qu'il soit patient.

Maelys avait ri aussi, mais à peine, parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de le dévorer des yeux. Elle se détourna vers une autre cabine à son corps défendant. Elle avait envie de lui, envie de le serrer contre elle et de poser sa bouche sur sa peau blanche, envie de le goûter, de remonter jusqu'à ses lèvres pour l'embrasser, envie de ses caresses, de ses baisers jusqu'à perdre la tête, s'abandonner. Mais elle en avait aussi peur. Ce n'était pas un type bien, et puis c'était un type marié, et elle avait déjà assez de problèmes comme ça avec celui avec lequel elle sortait en ce moment. Il fallait absolument garder la tête froide.

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