Scène 8

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Maelys se concentra sur son jeu. Ce n'était pas évident de jouer avec Sad. Il était intimidant, dominateur, sa présence sur scène était écrasante... D'un autre côté, c'était dans cette présence qu'elle puisait l'essence même de son jeu. Ce rôle de comte arrogant mais blessé lui allait bien au teint. Personne n'aurait pu mieux exprimer que lui ce cynisme, cette rancœur qui caractérisait le personnage. C'était pourtant un bel homme, un badboy à la peau pâle et aux cheveux sombres. Ses yeux noirs avaient quelque chose de fascinant. Sauf que c'était un sale type, un con qui avait des démêlés avec la justice parce qu'il avait frappé sa femme. Le genre de type sur lequel on fantasme de loin mais qu'on évite d'approcher. 


À la fin du tournage, une petite célébration avait été improvisée pour fêter le début du travail en extérieur. Sad s'était contenté de boire un verre avant de partir pour sa soirée après avoir salué tout le monde. Maelys s'y était attardée un instant en consultant sa montre, puis s'était esquivée. Elle s'était assurée de ne croiser personne dans les couloirs jusqu'à atteindre la porte d'Ismael. Un peu surprise, elle la trouva fermée. Elle frappa et en l'absence de réponse, attendit un moment, puis se décida à envoyer un message.

" Je suis à ton bureau. Tu arrives bientôt ?"

Elle salua un groupe et confirma à une jeune femme que non, monsieur Maudraira n'était déjà plus là. La réponse lui parvint quelques minutes plus tard.

" Désolé, puce, j'ai eu un empêchement. On se voit demain ?"

Elle gémit, frustrée. Non, pas ça ! Elle avait compté sur cette soirée. Bougon, elle se dirigea vers l'accueil pour commander un taxi.

- Désolée, mademoiselle, lui répondit-on, mais la zone est bouclée à cause d'un évènement important sur un autre plateau.

Il y avait plusieurs kilomètres à faire pour atteindre la sortie du complexe et elle était en talons. Elle n'aurait pas dû attendre et partir quand il était encore temps. C'était la poisse, vraiment la poisse.

Dégoûtée, elle se dirigea vers sa loge pour aller s'y enfermer pour la nuit avec un bouquin, sauf qu'elle comprit tout de suite qu'elle ne pourrait pas non plus compter sur ce plan-là. Son nom avait été décroché de la porte et la pièce avait déjà été vidée. Évidemment...

Alors quoi ? Elle aurait pu appeler Rion, mais elle se sentait mal de le rappeler alors qu'elle lui avait assuré qu'elle rentrerait seule. Elle pouvait aussi accepter l'invitation de Sad, son chauffeur aurait forcément l'accréditation. Mais l'idée d'une soirée privée avec ce type lui faisait froid dans le dos. Cela dit c'était sans doute mieux que de faire le pied de grue ici dans l'espoir qu'Ismael change d'avis. Après une longue hésitation, elle finit par envoyer un message à Sad pour lui confirmer qu'elle acceptait sa proposition. Après tout pourquoi pas ?

'' J'ai changé d'avis, écrivit-elle à contrecœur. Tu m'envoies ton chauffeur au studio ?"

Ça faisait décontracté, peut-être un peu trop. C'était Sad, c'était une grande star, si elle s'écoutait, elle lui aurait plutôt écrit " Je suis très honorée de céder à votre invitation, monsieur Adams." Mais il se serait fichu d'elle. Depuis le temps, dans ce métier, elle avait compris qu'il valait mieux faire comme si le monde entier était à ses pieds. Alors qu'elle commençait sérieusement à envisager de faire le chemin en marchant, son téléphone vibra.

" Ok, princesse. Il sera là dans quinze minutes."

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