Scène 9

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La voiture de Sad arriva à l'heure dite et la déposa devant un club du centre aux lueurs pourpres, l'Undertaker, avec, en guise de passe, un bracelet néon à la couleur assortie.

Maelys hésita un moment avant d'entrer. Peut-être qu'elle pourrait passer inaperçue, mais dans une soirée privée, il ne faudrait guère y compter. Bah... ce n'était que l'occasion de boire un verre et elle tournerait les talons.

Elle poussa la porte et entra. Dès qu'elle fut à l'intérieur, la musique l'enveloppa. Elle montra son bracelet et on la conduisit dans une salle sombre illuminée de motifs fluorescents peints sur les murs, le sol, les meubles, renforcé par la lumière noire qui baignait la pièce. Ici, les serveuses et les serveurs étaient vêtus en noir et blanc dans des tons résolument gothiques. Une trentaine de personnes étaient assises pour boire et discuter, ou debout à danser devant un groupe de métal.

On la conduisit directement à la table où Sad prenait un verre, entouré d'hommes et de femmes qui semblaient s'amuser bien plus que lui. Un peu à l'écart, il discutait avec un grand type au visage fin mais très grave, sérieux comme son costume classe, sans doute de haute couture. Alors qu'elle s'approchait, elle vit une des filles se pencher vers l'acteur pour lui parler à l'oreille. Il lui répondit, un sourire charmeur aux lèvres. Pourtant l'instant d'après, quand elle fit mine de s'asseoir sur ses genoux, il se décala rapidement, si bien qu'elle se retrouva les fesses par terre sous l'hilarité générale. Maelys s'arrêta net. Elle était encore moins sûre d'avoir envie d'assister à cela. C'était vraiment un con, ce type !

Quand il releva les yeux de la fille, Sad l'aperçut immédiatement et se leva pour lui laisser sa place, mais elle préféra rester debout.

- Je ne pensais pas que tu viendrais, la salua-t-il avec un demi-sourire sarcastique.

- Je ne compte pas rester. Je passais te saluer, tout simplement, répondit-elle avec un sourire assorti au sien.

- Ce serait dommage, fit-il en la faisant asseoir d'autorité. Tu bois quoi ?

Rien, songea-t-elle. Il vaut mieux être sobre pour pouvoir rapidement prendre ses jambes à son cou.

- Hydromel, répondit-elle à la place. Vous fêtez quoi ?

- Le départ de Sad, répondit l'homme en costume à côté d'elle. Enchantée, mademoiselle Amadès. Je suis Cid Falk.

Il lui tendit la main et serra la sienne fermement.

- Cid est ce qui se rapproche le plus d'un ami pour moi, expliqua Sad.

- Vous êtes son avocat, c'est ça ? plaisanta Maelys.

- Ça se voit tant que ça ? répondit Cid toujours aussi sérieux.

Maelys tourna le regard vers Sad d'un air désabusé. Vexé, il donna un coup de pied à Cid sous la table.

- Je tiens à préciser que c'est parce qu'on est pote que je l'ai engagé et pas l'inverse.

- Ça ne change rien...

Elle se raidit tandis qu'un type posait les mains sur ses épaules, glissant les doigts sous la bretelle de sa robe pour se pencher à son oreille.

- Vous êtes Maelys Amadès, c'est ça ? lui susurra-t-il. Moi, je suis votre plus grand fan.

Son haleine puait l'alcool et vu comme il s'appuyait sur elle, il avait déjà plusieurs verres à son actif. Avant qu'elle n'ait pu réagir, Sad attrapa la main baladeuse et le repoussa sans ménagement.

- Dégage, mec, prévint-il. C'est pas un morceau de viande, pigé ?

L'importun ne fit même pas mine de protester et s'éloigna sans demander son reste. Maelys remit sa robe en place avec un grimace. Cette soirée avait tout pour être agréable, pourquoi s'infligeait-elle ça ?

- Fais pas gaffe, dit Sad. Parfois ces cons peuvent être de vrais vautours.

- Je vois ça.

Elle serra les lèvres, stressée et récupéra son téléphone portable. Là, un petit mot d'Ismael, trois fois rien, ça lui aurait fait du bien, ça lui aurait redonné des forces... Mais non. Elle soupira et le rangea dans son sac. Il allait falloir faire sans.

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