Scène 43

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- Je suis comment ? demanda Sad à Nihilys en s'inspectant dans le miroir.

Dans son costume noir très classe, ses cheveux sombres artistiquement décoiffés, il était diaboliquement beau et l'agent se demanda si le pli contrarié de ses lèvres était juste là pour satisfaire son reflet ou réellement sincère.

- Tu es parfait, répondit-elle en levant les yeux au ciel. Comme toujours. Allez ! Allons-y ou on va être en retard. On ne fait pas attendre une dame...

- Bah voyons.

Il quitta son image comme à regret et se détourna. Il n'avait pas osé l'appeler, mais il avait proposé à Maelys par message de passer la prendre. "Pour les apparences". Certes, ça faisait une semaine qu'ils ne s'étaient pas vus, mais il ne comprenait pas pourquoi il était aussi nerveux.

La limousine s'arrêta en bas de l'immeuble de la jeune femme et ils l'attendirent, Sad les yeux rivés sur la fenêtre opposée pour ne pas la voir arriver et Nihilys frétillante comme une adolescente.

Maelys avait mis le paquet. Elle ne s'était sans doute jamais payé une robe aussi chère, et ça valait le coup d'œil. Le tissu argenté semblait ruisseler sur sa peau. Elle était restée un temps fou à l'admirer tandis qu'elle avait confié ses cheveux à sa coiffeuse. Cette simple petite invitation, ce « détail » pratique qui consistait à partager une voiture, l'avait mise dans un tel état de stress qu'elle était presque soulagée d'en finir enfin avec cette attente, même si la soirée pouvait être bien pire. Et on y était. En entendant la limousine se garer, elle prit son sac et quitta l'appartement pour la rejoindre. 

Elle s'arrêta net. Stressée, elle tourna pendant plusieurs secondes dans sa chambre à la recherche de la gourmette de Sad avant de se rendre compte qu'elle la portait toujours au poignet. Rassurée, elle sortit enfin. En voyant Nihilys, elle sourit et la rejoignit pour lui faire la bise. Et comme elle se penchait, elle vit Sad regarder ailleurs... ce fut comme un ascenseur émotionnel. La joie d'en finir avec ce stress se transforma en une terrible angoisse : il lui en voulait, elle aurait dû appeler. Toutes ces émotions, ça l'épuisait. Vivement qu'elle retourne à ses séances de méditation, Sad avait un effet vraiment néfaste sur elle...

- Salut, dit-elle en prenant place à côté de lui.

L'acteur daigna enfin tourner les yeux vers elle. Le regard soucieux il sembla l'inspecter, comme au ralenti, puis un sourire franc étira ses lèvres. Il se pencha vers elle et déposa un baiser sur sa joue.

- Salut, répondit-il. Tu es magnifique, ce soir.

- Merci.

Elle se sentit à nouveau décompresser. Zut, il avait vraiment un effet terrible sur elle. Pour trois fois rien, en plus.

- Comment vas-tu ? dit-elle en se demandant pourquoi elle était tout de même toujours aussi tendue.

- Ça va. Je suis en vacances. Et toi ?

- Je cherche du travail.

Elle haussa les épaules.

- Et ça va toujours. Tu as vu un peu le boucan qu'a fait la presse à cause de ce qu'on a dit l'autre soir ?

- Vaguement, dit-il. Je laisse Lys s'occuper de ça. On en a peut-être un peu trop fait...

Il afficha une moue adorable. Cette petite moue, elle n'échappa pas à Maelys, et en baissant les yeux sur ses lèvres, elle se rendit compte qu'il y avait une raison très simple à cette tension qu'elle ressentait. Elle avait embrassé Sad. Et elle était prête à se damner pour recommencer. Elle détourna les yeux vers Nihilys pour se sortir d'embarras.

- Tu trouves ? lui demanda-t-elle.

- Penses-tu  ! Quand c'est exactement ce qu'on attend de vous, j'imagine que non.

Elle haussa les épaules d'un air fataliste. 

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