Calum Hay

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Quand on frappa à sa porte, le Préfet se précipita pour ouvrir. En découvrant la femme magnifique qui se tenait devant lui, l'homme ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux en ouvrant bêtement la bouche.

- "Calum Hay ?" demanda cette dernière.

Le Préfet secoua la tête et reprit ses esprit :

- "Oui... C'est moi," bégaya-t-il.

Il s'écarta pour la laisser entrer et referma la porte derrière elle. Elle marchait avec élégance et son pas était si souple qu'elle paraissait flotter dans les airs. Non, ce n'est que mon imagination, songea le Préfet en s'essuyant le front du revers de la manche. La jeune femme s'arrêta au milieu de la pièce principale et se retourna vers lui. Ses yeux, qui ressemblaient à deux amandes, étaient d'un bleu profond, et les traits de son visage en forme d'ovale étaient parfaitement symétriques. Elle avait des lèvres joliment dessinées et très sensuelles, et des épaules toutes fines. Elle portait une tunique confectionnée dans un tissu fluide qui mettait l'arrondi de sa poitrine en valeur et soulignait sa taille. Ses jambes étaient interminables. Le Préfet la dévora des yeux. Elle lui sourit.

- "C'est la première fois que nous nous rencontrons," remarqua-t-elle. Il acquiesça d'un hochement de tête.
- "Sais-tu ce qui va se passer ?" l'interrogea-t-elle ensuite.
- "Hé bien, je... Nous allons... Euh, non, je ne sais pas vraiment..."
- "Allons dans ta chambre, nous y serons mieux installés."

L'homme déglutit avec une légère difficulté. Il indiqua où se trouvait la petite pièce et y suivit docilement la jeune femme. Comme Nyle venait tout juste de nettoyer son appartement, la propreté et le rangement étaient irréprochables. Il se réjouit intérieurement de la bonne impression que cela pouvait donner. La jeune femme examina les lieux puis se tourna vers lui. Elle sortit un petit paquet bleu de la poche de sa tunique et le lui tendit.

- "Prends ça, ce sont des pastilles qui vont t'aider à te détendre. Ensuite tu te mettras à l'aise. Quand tu te sentiras prêt, nous pourrons commencer."

Le Préfet observa les pastilles avec incertitude. Bien qu'on lui ait expliqué auparavant comment le rendez-vous allait se dérouler, il éprouvait de la réticence à avaler quelque chose dont il ne connaissait ni l'origine, ni le contenu.

- "Je dois toutes les prendre ?" tergiversa-t-il.
- "Oui," confirma la jeune femme. "Ne t'inquiète pas, ce ne sont que des essences de plantes. Elles t'aideront à te relaxer tout en restant conscient. Ainsi, quand nous aurons terminé, tu te souviendras de tout, dans les moindres détails."

S'il ne s'agissait que d'un simple décontractant, il n'avait rien à craindre, pensa-t-il. Il les mit dans sa bouche et les laissa fondre sur sa langue. Elles avaient un goût sucré qui n'était pas désagréable. Très vite, il sentit son appréhension disparaître et être remplacée par un nouveau sentiment de bien-être mêlé d'audace. Etait-ce encore son imagination, ou les pastilles étaient-elles vraiment efficaces ? Son corps fut envahi par une douce sensation de chaleur.

Tout en le regardant, la jeune femme commença à défaire ses vêtements. Il n'y avait dans ses yeux ni jugement, ni dégoût par rapport au physique peu attrayant de Calum Hay, Préfet de police d'Antagorria. Alors ce dernier fit ce qui lui paraissait désormais naturel, et se déshabilla avec hâte. Il ne ressentait plus aucune anxieté et était désormais entièrement disposé à découvrir ce que la suite du rendez-vous lui réservait.

- "C'est bien... Et maintenant, regarde-moi dans les yeux", lui demanda la jeune femme.

Obéissant presque malgré lui à cette voix profonde et si persuasive, il plongea ses yeux dans ceux de son invitée. Il n'avait jamais vu une couleur aussi belle et aussi intense. Il sourit malgré lui. La jeune femme, qui avait déjà laissé tomber sa veste, retirait maintenant les bretelles de sa tunique, dénudant ses épaules. Elle passa une main dans son dos pour y défaire l'attache de son vêtement qui glissa jusqu'au sol, le long de son corps, dans un délicieux bruit d'étoffe froissée. Calum Hay aurait voulu se repaître de la vue de son corps nu, mais il était comme hypnotisé par ce regard qui l'attirait irrésistiblement et semblait lire en lui comme dans un livre ouvert.

- "Je vois ce que tu veux," murmura la jeune femme sur un ton envoûtant, et l'homme sut qu'elle disait la vérité.

Il sentait qu'à présent, ni son inconscient, ni ses fantasmes les plus secrets n'avaient de secret pour elle. Elle voyait les tréfonds de son âme et de sa pensée. Il n'avait plus la force de garder les yeux ouverts, alors il les ferma. Mais même en faisant cela, il continuait de la voir, et il se perdait encore dans le bleu extraordinaire de ses yeux. La couleur s'adoucit et se réchauffa, ce n'était plus du bleu, c'était devenu violet. Oui, il flottait maintenant dans un nuage dont la chaude couleur l'enveloppait et le vivifiait. Il était quelque part dans sa propre tête, il en était conscient, et la jeune femme était là, elle aussi. Nue et belle comme une déesse, elle l'accompagnait, bienveillante, dans le monde imaginaire de ce rêve semi-éveillé. Comment s'appelait-elle ? Il ne lui avait même pas demandé son nom... Sema ? Elle venait de le lui dire. Ou bien elle l'avait juste pensé, et il l'avait entendue. Il se mit à rire. Un rire sincère et libéré, qui partait du fond de son coeur et de l'intérieur de son ventre. Jamais il n'avait ri comme ça. Il ne se souvenait pas avoir un jour été aussi heureux et en harmonie avec son corps. Et soudain, quelque part dans ce rêve imaginaire, la belle Sema le prit par la main et le tira vers elle. Un geste tout simple, et pourtant si fort. Puis elle l'emmena loin, tellement loin de cette vie austère qu'il menait depuis toujours. Et il ne pouvait s'empêcher de rire. Non, vraiment, jamais il n'avait ressenti un tel bonheur à être en vie, ni un tel plaisir devant l'infini des possibilités qui s'étalaient aujourd'hui devant lui.

Antagorria [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant