6○ Toujours aussi sauvage hein

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- Et alors ?

Je sursaute en l'entendant parler. D'abord parce qu'il avait dit qu'il se tairait mais surtout à cause de ce qu'il a dit. Je me retourne vers lui et plante mes yeux dans les siens.

- Et alors ? reprend t-il, Ce n'est pas une excuse pour ne pas parler aux autres. Ok tu peux pas parler, mais tu peux écrire, ou encore signer. Bon je ne connais pas le langage des signes mais je peux l'apprendre pour toi si tu veux, me dit-il dans un sourire sincère.

C'est à cet instant précis que j'ai commencé à changer. C'est à cet instant précis que la vie morose et renfrognée qui m'était destinée a disparu. Grâce à lui, grâce à ses paroles. Mon cœur se serre et je le regarde autrement.

Je vois sa détermination, son espoir et par dessus tout sa gentillesse. Je prends un morceau de feuille et écris avec appréhension "Je suis désolée" et "l'écriture sera parfait". Durant le cours laps de temps qui s'écoule pour qu'il lise, je stresse comme jamais. Va-t-il se moquer, rire et dire que c'est une blague et finir par me rejeter, encore une fois ? 

- Tu vois quand tu veux, me sourit-il chaleureusement. Bon continuons sur la même lancée, allez vas-y écris un truc.

" Pourquoi tu continue de parler, t'avais dit que tu arrêterais"

En lisant mes mots il se met à rire, mais doucement pour ne pas rameuter toute la classe.

- Toujours aussi sauvage hein ? Eh bien figure toi que je n'ai rien promis, et puis même si c'était le cas tu n'as jamais précisé quand exactement.

Incroyable, faut-il toujours faire attention à ses mots avec lui ? On dirait que je suis face à un agent secret qui réfléchit comment désamorcer la bombe que je suis.

" J'ai l'impression que tu passes ton temps à me manipuler "

- J'aimerais pouvoir plaider mon innocence mais c'est un peu vrai. Et avant que tu ne montes sur tes grands chevaux, continue-t-il en voyant que je m'empare avec violence de ma feuille, si je ne l'avais pas fait on n'en serait pas là toi et moi.

Je cherche une réplique sanglante, ce qui ne me manque jamais en temps normal, mais c'est vrai qu'il a raison. Je le vois sourire face à mon abandon et je le laisse dans sa satisfaction en ruminant.

La journée, qui s'est écoulée, était la meilleure et la pire de toute ma vie. La meilleure parce que je ne me suis pas ennuyée une seule fois et que Camille est adorable mais la pire parce qu'il est aussi un peu trop collant. Et trop insistant et trop bavard et trop... enfin bref il est trop.

Je suis vraiment obligée de lui rappeler qu'hier encore j'avais l'oscar d'asociabilité ? Il est normal que j'ai besoin d'un petit temps de réadaptation nan ? Enfin lui pense qu'il n'y a pas meilleur moyen pour cela que de charger à fond pour que ça finisse pas devenir naturel. C'est surtout qu'il a pas envie d'être seul oui. Quoique pour être honnête, il est si charmant et si ouvert avec les autres, qu'il n'aurait aucun mal à devenir amis avec tous le lycée si il le voulait.

Et quand je pense à ça, je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il fait là, avec moi. Mais vu qu'en plus de mon caractère merdique, je peux être très égoïste quand je le souhaite, je compte bien priver le reste du lycée de la formidable personne qu'il est. Jamais on ne me le fera dire et je proteste toujours contre le fait qu'il reste avec moi, mais c'est plus pour la forme qu'autre chose.

À la fin des cours, il me raccompagne jusqu'à Nathan et je l'écoute parler d'une oreille distraite. Finalement une fois à destination, je lui adresse un au revoir de la main et me retourne vers la moto. Mais lui ne voit pas les choses ainsi et il m'attrape par le bras. Je le sens qui me tire en arrière et je tombe au ralenti dans ses bras. Son torse contre mon dos. Je me fige sous la surprise et lui m'enlace en posant un bisou sur le haut de mon crâne.

Merdouille mais comment je me suis retrouvé dans cette situation très, mais alors très embarrassante ? Je me dégage et lui frappe le bras. Mes yeux lui hurlent de ne plus jamais refaire un truc pareil. Il se contente de rire comme un idiot et de partir les mains dans les poches. Je m'assois derrière mon « frère » et pendant que je mets mon casque il me demande :

-Tu lui as demandé pour ce week-end ?

Je secoue la tête violemment.

-Tu attends de voir si Aurélia et maman change d'avis ? Sourit-il malicieusement.

Je ne réponds rien, mais il me connaît trop bien, il sait qu'il a raison.

-Tu sais bien que quand nos mères ont un truc dans la tête, rien ne les fait changer d'avis ? Ni le diable, ni l'amour ni même le temps ? Glousse-t-il.

Je hausse les épaules l'air de dire : " Qui sait ? ".

-Quel entêtement ! On dirait elles, tiens.

Je lui jette un regard noir et il démarre en rigolant. Mon dieu mais que vous ai-je fait ? Pourquoi toutes les personnes qui m'entourent me poussent à bout ? Mon « frère » qui se moque de moi, Camille qui m'encourage à m'ouvrir et mes mères qui m'obligent toujours à faire des trucs farfelus. Inviter quelqu'un chez moi, non mais quelle idée ?! Moi, Ingrid Artemis. Pff franchement quelqu'un aurait-il déjà dit pareille absurdité ?

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Alors, heureux de voir notre petite Ingrid s'adoucir ? Mais pas trop vite quand même :)) 
Ne soyez pas trop impatient je vous fais la suite bientôt ;)

Bisous mes mamours <3

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant