28 ○ Égalité ?

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Que le dieu des artichauts me vienne en aide, je ne contrôle plus mon corps ! Je me suis réveillée en catastrophe à cause du bruit que faisait Camille et Brenda. J'ai voulu m'éclipser pour leur laisser de l'intimité et, sans vraiment savoir comment, je me suis déplacée à une allure inhumaine. Encore. Mais résultat des courses, je n'arrive plus à m'arrêter de courir. Je regarde avec effarement les escaliers arriver. Je vais forcément chuter à cette vitesse ! Et alors, hélas, on ne fera plus la différence entre une crêpe, et moi. Mais j'ai beau user de toutes mes forces, mes muscles ne me répondent plus, je cours droit vers ma mort.

Déjà, j'y suis et j'écarquille les yeux en voyant mon premier pied se poser dans le vide. Mais je me crispe vraiment en sentant le deuxième suivre le même chemin. Mais, soudain, un étaux m'attrape par la taille et me tire vers la terre ferme stoppant net ma course. Je pousse un petit couinement sous le coup brusque et la douleur.

- Vous aurez pas pu me faire moins mal ? ronchonnais-je à Leindel vu que cela ne pouvait être que lui. Mais, merci, je suppose qu'il vaut mieux cela que finir en pâtisserie au pied d'un escalier, terminais-je en lui souriant après avoir regarder ce qui semblait avoir été ma dernière demeure.

Il haussa les épaules comme simple réponse, le visage lise et froid. Mais ses mains sont tellement brûlantes sur ma taille.

- Quelle éloquence, dis-je avec ironie tout en levant un sourcil moqueur.

Je bondit en arrière lorsqu'il s'approche encore plus près de moi. Mais il me tient fermement et en profite pour fait glisser son doigt d'abord sur ma joue puis vers mon sourcil. Je suis figée par sa proximité soudaine et l'apparition toute aussi brusque de son sourire carnassier.

- Vous auriez préféré que je vous dise que cela aurait été beaucoup moins marrant de vous attraper délicatement ? Ou que j'aurai aussi pu vous arrêter bien avant les escaliers ? Mais quel dommage cela aurait été, glousse-t-il, je n'aurai pas pu entendre votre si mignon petit couinement !

Je reste sans voix. Comment a-t-il osé ?

- Oh et maintenant que j'y pense, tachez de contrôler votre sourcil, sursure-t-il en le caressant tandis que je déglutis difficilement, je n'aime pas qu'on se moque de moi.

- Eh bien si on en est à fixer des limites, rétorquais-je sans me laisser démonter, tachez de ranger vos sales pattes de rustre, je n'aime pas que l'on empiète sur mon intimité.

- J'accepterais volontiers le marché si je vous savez capable de le tenir. Ce dont je doute fort. Vous semblez être incapable de tenir en laisse cette bouche, se moque-t-il en la tapotant.

Offusquée, j'entrouve les lèvres pour cracher mon poison. Mais je tombe de nue lorsque rien ne me vient. Alors je referme ma bouche et la plisse de contrariété. Je me dégage brusquement de lui, rejette ma chevelure derrière mon épaule pour me donner un peu plus de crédit et descends les escaliers la tête droite.

Mais je n'ai pas besoin d'avoir des yeux derrières la tête pour voir son sourire triomphant, je le sens très, voir trop bien.

Mais se serait-il idiot de croire que je suis du genre à m'avouer vaincu. Je me concentre très fort et un sourire moqueur naît sur mon visage lorsque une chaleur caractéristique balaie mon corps et m'assure, par la même occasion, que j'ai réussi ce que je voulais faire. J'atteins, pile à temps, la fin de l'escalier et me retourne pour voir mon œuvre en action.

Une fraction de secondes après, je regarde avec délectation son pied se coincer dans une petite racine. Petite je viens justement de faire pousser. Son sourire hautain disparaît, ses yeux s'écarquillent de surprise et une légère panique l'envahit, désordonnant ses gestes. Il chute seulement de trois marches mais, quel plaisir de le voir là, étendu à mes pieds. Il secoue la tête pour reprendre ses esprits et se relève sur un de ses coudes. Son autre main passe dans ses cheveux puis glisse vers son visage, cachant toute la partie du bas.

Je tends la mienne pour l'aider à se relever mais souriant tout de même bien largement après cette franche victoire.

Il me fixe un instant sans bouger, puis finit par glisser sa main. Je remarque tout de suite et avec étonnement que les coins de sa bouche sont légèrement relevés dans un sourire. Mais je ne dis rien et tire de toute mes forces pour le remettre sur pied.

- Égalité ? je demande malicieusement.

- Ça pour l'être, ça l'est ! Rit-il doucement.

À ma plus grande surprise, son hilarité ne fait que grandir au point qu'il finit par se plier en deux, secoué des pieds à la tête. Une fois mon étonnement passé je me joins volontiers à lui et nous voilà en train de rire aux éclats, les larmes aux yeux.

Lorsqu'on réussi enfin à retrouver notre souffle, je brûle littéralement.

- Ça va, me demande-t-il avec curiosité riant toujours à moitié, tu es toute rouge ?

Je remarque le tutoiement mais peut m'importe, au contraire même, je trouve ça plus naturel maintenant que je le connais un peu.

- Je meurs de chaud, lui expliquais-je en posant une mains sur mon front. Mais de toute façon, je rougis tellement vite ! Je m'en suis toujours plainte auprès de ma mère et tu sais ce qu'elle me répondais ?

Il secoue la tête avec amusement.

- Mais Ingrif, enfin...Tu te pleins d'être en bonne santé toi ? dis-je d'une voix ridiculeusement aiguë. Tu veux être une chose toute pâle ? Tu sais que ceux qui ne rougissent pas pendant le sport ont une grave maladie et risque de mourir bientôt ?

- Mais c'est n'importe quoi.

- Je sais, gloussais-je, elle faisait ça pour que j'arrête de me plaindre.

- Et ça marchait ?

- Pas vraiment, j'étais bien trop têtue.

Il secoue la tête en riant à moitié.

- En tout cas, j'ai une solution moi, me chuchota-t-il comme s'il me confiait un secret.

- C'est vrai ? demandais-je pleine d'espoir.

Il se décale légèrement attrape un manteau et le pose sur ses épaules.

Je le regarde faire dubitative.

- Je m'attendais à mieux, ronchonnais-je.

Il me regarde en soufflant et lève les yeux au ciel. Puis il se retourne et marche vers la porte.

- Tu veut aller dehors, m'exclamais-je.

Il ne répond pas et ouvre la porte. Je passe devant lui et croire l'entendre marmonner un truc du genre" stupide humain". Mais je ne relève pas et je laisse l'air glacial me mordre les joues. J'entends la porte claquée et les crissement de ses pas sur la neige lorsqu'il me rejoint. Un silence appaissant règne quelques instants et se fond dans l'obscurité.

- Alors, efficace ? finit-il par me demander après un moment.

Je hoche la tête vigoureusement et cligne doucement des yeux lorsque la neige se remet à tomber. Je regarde le rideau de glace nous tomber dessus. Mais mon regard est inévitablement attiré par la lune. Si j'en crois ce que j'ai récemment appris, ce que le monde entier crois être un simple morceaux de roche et en faite une incroyable Déesse. Pris d'une envie soudaine, j'attrape la manche de Leindel pour qu'il me suive, et m'enfonce dans les bois.

Si j'avais su en cette instant que c'était la Lune qui me guidait vers la vérité, vers ma moitié. J'allais enfin comprendre qui j'étais. 

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Et non, cela aurait trop beau de résoudre le mystère de Brenda et Camille tout de suite ! Va falloir attendre un peu hehe ;P
J'espère que ce p'tit moment de complicité vous a plu, moi j'ai adoré  l'écrire !
Bon je vous embrasse et je vous souhaite bon weekend mes grenouilles ❤️😘

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Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant