Le Murmure de l'Originelle T-1

29 ○ L'entière vérité.

Il me suis en silence pendant que je laisse mes propres pas me guider. Après les premiers mètres, nous quittons enfin la petite clairière pour s'enfoncer profondément dans l'obscure forêt. Pourtant je n'ai jamais aussi bien vu. Tous les petits détails me sautent aux yeux, et ce sans exception. Mais je ne m'arrête pas pour admirer, ressentant la nécessité de continuer. 

Alors on traverse les bois enneigés, silencieux et pensifs. 

Lorsque enfin mon cœur vibre littéralement et que mon corps est parcouru de frissons d'excitation, je sais que je suis arrivée là où je le devais. Mes sourcils se fronçent, quand je comprends que je suis exactement là où j'étais, lorsque je me suis faite attaqué par l'immense lion.

Je me rapproche de Leindel dans un élan de conservation et décide de lui expliquer pourquoi.

- Ne fait pas de bruit. La dernière fois que j'étais ici, je me suis faite attaquer par un gros matou. 

Un énorme silence me répond et lorsque je me tourne vers lui, il me fixe avec stupéfaction. Puis d'un coup, il éclate de rire, brisant l'ambiance pesante. Je me renforgne immédiatement et croise les bras, l'air boudeur.

- Puisque je te dis que c'est vrai ! marmonais-je. Mais si tu veux finir en cure dent, vas y, ça me fera toujours passer le temps. Sur ce, terminais-je en m'éloignant dignement. 

Il me retient par le bras mais continue à ce moquer de moi sans scrupule. Quel pied ça serait de le voir se décomposer face au lion. Ou mieux, je pourrais le couvrir de liane pour l'empêcher de courir !

- Ingrid... me dit-il en s'essuiant une larme au bord de l'oeil. Je crois qu'il faut vraiment que t'apprenne l'entière vérité. 

Je m'arrête totalement, tire sur mon bras pour le relâcher de son emprise et le frotte théâtralement en lui jettant un regard noir. Je relève ensuite la tête dignement et pars vers l'immense arbre. Je trouve un entrelacs de racines accueillantes, même si chaque partie de cet arbre le semble, et je m'y installe confortablement. À son contact, un léger, mais pourtant puissant, frisson frôle mon échine. 

Il me regarde me mettre en place et après une breve hésitation, il me rejoint enfin. Il s'assoit sur une racine et son visage lisse se tord soudain d'inquiétude ou de stress, je ne saurais vraiment pas encore le dire. Il est si fascinant ! S'il arbore la plupart du temps un visage opaque, parfois, et en une fraction de secondes, il me sourit sauvagement ou me taquine, les yeux brillants de malice. Je n'arrive pas encore très bien à le cerner, mais cela m'envoûte. 

Enfaite c'est un peu un Kinder Surprise vivant et géant ! Moi qui suis friande du chocolat, je me ferais un plaisir, me dis-je tout en fixant ses lèvres avec plaisir. Je me reprends lorsque je les vois bouger alors qu'il décide enfin de prendre la parole.

- Bon je ne vais pas y aller par quatre chemins. Tu sais très bien que, ni toi, ni moi, ni Camille, ou même Brenda ne sommes humain.

Je sursaute légèrement en entendant que Brenda n'est pas non plus humaine. Ça c'est vraiment une surprise par contre. Mais je ne l'interromps pas, faudrait pas qu'il saute sur l'occasion pour me laisser dans le flou.

- Là, vient la subtilité maintenant. Je suis, et Camille aussi, une des espèces que le Roi soleil, selon la légende bien-sûr, à créée, m'explique-t-il en me structant attentivement. 

- Hé, t'as pas fini de me regarder comme ça ! Je suis pas en sucre bon sang, je vais pas m'évanouir à chaque fois qu'on me dit un truc, nom de la pipe en bois de l'arrière grand mère de mon grand oncle ! rouspétais-je les sourcils froncés de colère. 

- Excuse moi, dit-il en gloussant, qui est la personne qui en moins de quarante-huit heures a dormit plus de quatre voire six fois ? 

- N'exagère pas non plus, grognais-je, et puis ne confonds pas les calamars avec les bigorneaux ! Je ne me suis pas évanouie comme une princesse, me justifiais-je en croisant les bras. Bon maintenant que les choses sont mises au clair, repris-je voyant qu'il aller encore répondre, peux-tu continuer ? 

- Mais bien sûr, rit-il tout de même doucement. Hum, donc si tu veux du cach en voilà. Je fais en fait partit de ce que les humains nomment : les métamorphes. Dans notre monde à nous, nous sommes les " Écho". Parce que nous sommes capables de nous transformer en un animal. Un seul et unique, qui n'est en fait que le reflet de notre âme. D'où le nom. C'est plus qu'un animal totem, nous sommes un tout. 

J'accuse à peine le coup, fascinée par tout ce qu'il me raconte. Je bois ses paroles comme une bonne bière bien fraîche dans le désert de solitude dans lequel je me trouvais. Enfin avant de connaître tout ça, avant de comprendre que ma maladie ou les rêves étranges qui me possèdent sont commun ici, dans leur monde. 

- Camille il est quoi alors ? le pressais-je en lui agripant l'avant bras. 

- Cherche par toi même, me répond-il en haussant les épaules avec nonchalance.

- Sérieux ? Je ne sais pas lequel est le tiens, mais sûrement pas un gentil lapin !

Il hausse un sourcil avec dédain. 

- Tans mieux, je ne suis pas du genre à être en bas de l'échelle animale ! 

Je roule des yeux devant son orgueil de mâle shooté aux testostérones. 

- Bon le reflet de l'âme hein ? Alors voyons voir... Il est extrêmement sociable, mais très protecteur envers ceux qu'il aime. Parfois beaucoup trop. Il adore le contact, dis-je en me grattant la tête tout en passant en revus les adjectifs pour le qualifier. Il est aussi très fort et possède une certaine autorité. Alors c'est peut être un chien ? Mmm, nan c'est pas assez puissant ça et un peu trop bête. Parce qu'il est très intelligent, parfois même trop. Bon. Alors un chien plus puissant... Peut être un chien loup ? Un renard ? Non c'est beaucoup trop mesquin. 

Je lui jette un coup d'oeil plein d'espoir mais il m'accorde à peine un regard. Il ose même bailler bruyamment pour m'embêter. Je souffle et observe la forêt avec attention. Je glisse les doigts dans la terre et ferme les yeux. J'inspire profondément, une fois, deux fois, puis j'expire en profondeur. J'adore la nature, elle m'a toujours donnée de la force. Pourquoi pas maintenant ?

Soudain, comme répondant à ma question, une force vibre en moi pour exploser violement. Je sens encore mon corps, mais c'est comme si mon esprit s'en était échappé en un pure substance vivante. Alors cette projection de moi même se met à parcourir la forêt, me permettant de voir chaque animal vivant ici.

Tel un courant d'air, les feuilles se soulevant à mon passage et la neige virevolte furieusement. Pendant un instant, l'incrédulité la plus totale s'empare de moi. Comment ai-je réussi à faire ça ? Mais l'instant d'après, je me rappelle que Leindel attend une réponse. Alors je tâche de me concentrer et ne pense qu'à Camille.

La fois où il est rentrée dans cette stupide salle de classe et par la même occasion dans ma vie, le jour où il m'a jetée dans le lac plein de vase, le jour où on a emménagé dans notre appart et plus récemment, la fois où il m'a tout simplement couchée dans mon lit alors que j'étais totalement épuisée. 

Alors tout naturellement, ma conscience, ma projection ou quoique ce soit d'autre, bifurque et finis par plonger dans une sorte de tanière. Mes yeux tombent sur des petits louveteaux qui marche à peine. Leur mère les regarde avec amour tandis que l'un d'entre eux se démarque et trotine avec difficulté vers moi. Il me semble familier avec ce beau pelage caramel et ses prunelles chocolat. Son adorable frimousse me fait poindre un sourire. Je l'imagine sans peine être un beau loup, social, fougeux et fort ! Un peu comme... Camille ! Non d'un crustacé rouillé, c'est ça, Camille est un loup !!!

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Je poste en avance parce que demain je ne pourrais pas le faire ^^
Alors ? Est-ce que l'animal intérieur de Camille lui correspond selon vous ? ;)

Bisous mes grenouilles ❤️

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