8○La joie d'être en vie, tout simplement.

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Enfin chanter, mais je ne suis pas d'humeur à jouer sur les mots. Je n'ose même pas regarder Camille. Mon frère, lui, se racle la gorge pour combler le silence pesant. 

- Bon. Camille tu as une voiture ?

Je n'entends pas répondre mais il a dû hocher la tête car Nathan continue.

- Bah je crois que je vais rentrer... Je te laisse ramener Ingrid, si ça ne te dérange pas, comme ça vous allez pouvoir parler et tu pourras connaître le chemin jusqu'à la maison pour ce week-end. Ok ? 

Encore une fois silence radio. Mon frère enfourche sa moto et nous adresse un geste de la main. 

Mais je suis bien trop distraite pour lui répondre. Comment régler le problème ? Je ne sais vraiment plus quoi dire. Désolé ? Je suis une merde en amitié ? Ça fait pas longtemps qu'on se connaît ? Franchement je ne me vois lui dire ni l'un ni autre.

Certes il est vrai que je suis nulle mais ce n'est pas une excuse pour ne pas dire la vérité. Et pour l'autre, eh bien étrangement même si cela fait que 2 semaines qu'on se connaît, il a pris une place importante dans ma vie. D'abord en me faisant chier – oui, il faut bien se l'avouer - puis à force d'insister je me suis ouverte sans cacher ce que j'étais. Il m'a supporté et m'a accepté entièrement, devenant ainsi mon premier ami. 

Voilà pourquoi, j'attends en silence tout en me tordant les doigts. Quel sera son verdict ? Va-t-'il me repousser ? Me demander pourquoi ? Et si il le fait, comment réagir ? Que dire ? Arg !!! Je suis perdue et je n'aime pas ça ! 

- Viens ma voiture est par là, dit-t-il en m'indiquant une voiture tout à fait banale. 

Sa voix est neutre. Mais ce n'est pas méchant, il parle souvent comme ça lorsqu'il est en pleine réflexion qui lui accapare tout le reste.

Je traîne des pieds en le suivant doucement. J'ai l'impression de marcher vers la guillotine, la mort dans l'âme. Pourtant j'ai quand même un espoir qu'il comprenne, qu'il me sauve de la guillotine.

Une bouffée de chaleur m'assaille lorsque j'ouvre la portière. La chaleur accumulée dans l'habitacle doublé à mon appréhension ne font vraiment pas bon ménage. 

Toutefois, je m'y engouffre, non sans avoir pris une bouffé d'air. Enfin ce n'est pas cette atmosphère brûlante causée par un soleil de plomb qui me sauvera la mise. 

Et une fois dans sa voiture, le calvaire continue. Entre le silence et la chaleur, je ne sais pas ce qui m'achèvera en premier. Alors, pour m'occuper l'esprit, je fixe mes mains. 

J'ai de légères cicatrices au niveau du pouce, du majeur et des brûlures par-ci par-là. Cela elles sont dû aux journées aux fourneaux avec ma mère. L'été, elle et moi, on teste pleins de recettes, que ce soit sucré ou salé. 

Mais j'ai aussi une très grande cicatrice au niveau du bras gauche. Elle part de l'arrondi de mon pouce jusqu'au creux de mon coude. Celle-ci, elle a une histoire très particulière, me dis-je dans un sourire nostalgique.

Je sursaute soudain en sentant sa main se poser sur mon épaule. 

J'avais presque oublié ce détail. 

Lui de son côté, il est resté silencieux et n'a pas démarré. Comment le pourrait-t-il de toute façon, il ne sait pas où j'habite. 

Je me mordille la lèvre mal à l'aise sous son regard scrutateur. On reste ainsi un moment ne sachant pas par où commencer. Finalement il soupire profondément cassant par la même occasion l'ambiance tendue. Je me sens soudainement mieux. Les silences sérieux, très peu pour moi, merci.

- Aller vas-y raconte moi, dit-il en me poussant un peu avec son coude.

Je relève la tête et vois son sourire encourageant. Alors je fais quelque chose que je n'avais pas fait depuis une éternité et que je me suis promise de ne jamais faire. Je laisse couler mes larmes. Une pour la douleur de l'isolement ressentit pendant toute ces années, une de rage pour toute ce qui ne comprennent pas ce que je vis, à toujours être dans le silence sans pouvoir m'exprimer, une autre d'amour pour ma famille qui m'a toujours aimé malgré mon caractère parfois - seulement parfois - pénible et une dernière pour finir pour la joie. Oui ce bonheur immense d'être acceptée telle que je suis par lui, mon Camille, mon ami, et bientôt celui que je considérerais comme un autre frère, sa patience envers moi et son entêtement pour m'avoir forcée et appris à m'ouvrir.

La joie d'être en vie tout simplement. De respirer. Rire. Pleurer. Aimer.

J'avais oublié tout ça, plongée dans l'habitude et la facilité de ma maladie. Alors à cause de tout ça, de toute cette accumulation, je me laisse aller et n'arrête pas l'eau salée qui trace son chemin depuis mes yeux vers le bas de mon visage. 

Je me tourne vers lui, et au travers de les larmes, je lui souris. Je lui murmure combien je suis désolé, la voix chevrotante. 

Camille me sourit et se penche vers moi pour me réconforter dans ses bras. Alors tout en pleurant comme une madeleine je lui raconte tout. Ma M.S.U.I, ma peine, ma douleur, ma colère, bref toutes les émotions négatifs qui bouillonnent depuis trop longtemps en moi. Ça m'épuise, me tue à petit feu. Il m'écoute avec attention du début jusqu'à la fin tout en me frottant le dos et en déposant des petits baiser sur mon crâne. C'est fou comment quelques jours peuvent suffire avec certaine personne. Il me détend tellement que je finis par m'écrouler sur son torse. Quand le torrent de larmes finit par se calmer, je m'écarte doucement en m'essuyant le visage avec le mouchoir qu'il me tend gentiment. 

- Il faut que j'arrête ça devient vitale à ce stade, parce que là, je me dessèche. Bientôt je vais ressembler à un vieux pruneau. Si ce n'est pas déjà le cas, je chantonne en sanglotant encore à moitié. 

Il me regarde bizarrement, je ne sais pas si c'est parce qu'il n'est pas encore habitué à ce que je chante ou par rapport à ce que je viens de dire. Alors je m'explique:

- Bah oui les larmes c'est de l'eau. 

- Sans blague ! se moque-t-il. 

Et après un silence agréable il ajoute :

- L'alcool aussi.

- Pourquoi tu parles d'alcool tout d'un coup ?

- Bah l'alcool c'est de l'eau. 

Je le regarde en silence. Je suis totalement outrée par son humour. Je crois que dans l'histoire du rire, cette réplique était le meilleurs bide. Je cligne des yeux et d'un coup j'éclate de rire. Ça le surprend autant que moi, mais je laisse mon corps épancher son désir. Il veut, autant que mon esprit, du bonheur. Tu as suffisamment vécu en moi désespérance , maintenant viens le règne de l'euphorie ! Et qui sais, peut-être bientôt celui de l'amour...

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Oui, il est plus court que l'autre, mais l'autre était particulièrement gros, enfin, pour moi ;) 

Alalala, ce Camille n'est-t-il pas parfait ? Mis à part l'humour, vous l'aurez bien compris XD. 

Aller de gros bisous pour tous le monde, parce que les bisous, c'est cool ^^ 

Ciao <3

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant