38 • Moi ?

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Une fois assurée qu'elle n'aura ni trop chaud ni trop froid et qu'elle est confortablement installée, je me dirige vers la fenêtre et m'assois sur le léger renfoncement. Je soupire et colle ma tête contre la vitre froide. Des millions de questions se bousculent dans ma tête, mais je n'ai pas la force de m'y pencher. Découvrir un monde caché n'est pas aussi reposant qu'on peut le croire. 


Je ferme les yeux et tente de ne plus réfléchir du tout. La fraîcheur du verre apaise peu à peu ma migraine naissante et me permet de me reposer. Je sens que la fatigue me retombe dessus d'un coup et m'attire petit à petit vers un profond sommeil. Mes paupières deviennent de plus en plus lourdes et mon souffle de plus en plus profond. Mes muscles se relâchent enfin, étant constamment crispés à cause de tous les bouleversements récents.

Mais alors que je m'enfonçais enfin dans les profondeurs du sommeil, mon ouïe aperçoit un craquement sonore. Je sursaute violement et mon cœur s'affole furieusement. Je regarde dehors, mais la nuit est tombée et le gel sur la vitre ne m'aide pas beaucoup non plus. Je reste immobile, devant la fenêtre, analysant le moindre mouvement suspect.

Mais au bout de quelque minutes, je me rend à l'évidence, du bruit dans une forêt y'a rien de plus normal. Je me rassois donc et alors que j'essaie toujours de me raisonner, je remarque quelque chose. Le délicat pendentif à mon coup brille légèrement. Il vibre contre ma peau, comme si un danger me guettait. 

Aussitôt, je relève la tête et tellement vite qu'une personne normale se serait brisée la nuque. Je scrute la nuit noire essayant, malgré l'obscurité, d'y apercevoir quelque chose. Je n'ose plus respirer, mon souffle provoquant de la buée sur la vitre et m'empêchant par la même occasion d'y voir un minimum. 

Si mon corps, immobile et aux aguets semble serein, intérieurement je me pose mille questions. Serait-ce l'ombre ? Celle que j'ai vu tout à l'heure ? Ça veut dire qu'elle m'aurait suivie. Mais que cherche-t-elle ? En tout cas, elle ne peut être humaine sinon elle n'aurait jamais pu tenir mon rythme. Mais que veut-elle, me demandais-je pour la seconde fois, ce n'est à plus rien comprendre, je n'ai rien de spécial. Sauf que je suis une nymphe. Mais comment aurait-elle pu le savoir ? À part moi, Leindel, Brenda et Camille, personne ne le sait. 

Leindel est cloué en haut, Brenda dort à mes côtés et Camille... Je ne sais pas... Ce pourrais-t-il que ce soit lui ? Non, c'est absurde, tu déconnes ma pauvre, me dis-je en me moquant de ma paranoïa. 

- Mais en même temps, pourquoi il fait aussi noir ! Fais chier, pourquoi ces nuages cachent ma belle Lune ? rouspétais-je. 

Aussitôt, un petit vent se lève et pousse ces malheureux nuages. La Lune apparaît alors de toute sa splendeur. Je n'ai pas le temps de la remercier, que je distingue un mouvement. Je me fige de nouveau et je la vois. L'ombre a fait un mouvement minime pour rester cacher dans les ténèbres, mais cela a suffit à attirer mon regard.

Elle est là, à moitier dissimulée derrière un arbre. Je la fixe tellement intensément que parfois je ne vois plus que du noir et crois l'avoir perdue. Mais finalement elle est toujours là, immobile, silencieuse et inquiétante. 

Je déglutis difficilement à cause de ma gorge sèche, elle même causée par ma brusque peur, et essaye de discerner un peu plus que de l'ombre. Malheureusement, seule ces contours sont plus ou moins apparant et ils ne me laissent voir qu'une vague silhouette. Grande, trop pour être une femme, ou même un homme. Pas humain, donc, c'est bien ce que je pensais. Je cherche là où devrait être son visage, et je sursaute en remarquant des yeux. Des yeux braqués sur moi. Je glapis de peur mais refuse de m'enfuir. Comme si elle m'avait entendue, je vois sur son visage, un éclat blanc apparaître. 

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant