27 ○ Ingrid a disparue.

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Point de vue Brenda

Mon cœur tambourine dans ma poitrine et rythme ma course affolée. Je tire sur chacun de mes muscles pour essayer d'arriver au plus vite. Il faut que je sois là pour elle. Je n'ai aucun doute, ces deux idiots ne l'ont sûrement pas aidée. Et alors que je ne pensais pas pouvoir encore accélérer, le sentiment de détresse que j'ai senti venant du lien que j'ai avec Ingrid, me permet de repousser mes limites. Ce lien, dont elle ignore totalement l'existence, m'a toujours permis de savoir si elle allait bien.

J'arrête de réfléchir en arrivant au centre de la forêt et saute par dessus les branches, glisse entre les arbres et vole dans une pluie de flocons. Tout cela pour arriver au plus vite. Mon souffle brûlant fait fondre ces petites taches blanches et des gouttelettes glacée se posent sur mon front. Mais peu m'importe pourvu qu'elle aille mieux. Elle représente tellement pour moi, je ne peux l'abandonner face à l'épreuve qui l'attend. Et tant pis  pour ce rustre de Leindel et son stupide frère qui m'a empêchée de venir.

En parlant du loup, mon ouïe hyper sensible me permet de les entendre discuter. Enfin, façon de parler, parce que vu le ton qu'ils emploient, ils ne sont sûrement pas en train de manger des petits gâteaux ensemble. Un élan de culpabilité me pince le cœur sachant pertinemment que je suis une des raisons principales du désaccord entre les deux frères.

Pourtant je passe outre. Certes avec un peu de difficultés, mais j'entends la voix de ma petite Ingrid me dire que si ces deux là sont pas contents qu'ils aillent à une thérapie de couple et qu'ils ne fassent pas chier le monde.

Un petit rire m'échappe, c'est tout à fait son genre. Pour toi ma belle, j'affonterais ce terrible monstre, me promis-je en arrivant devant la maison de Leindel.

J'inspire un bon coup et rentre, la tête droite et fière. Je jette à peine un coup d'oeil au deux bougres dans le salon et monte dans la chambre de ma protégée. Son odeur si particulière, douce et piquante à la fois, me mène jusqu'à elle. Je ralentis le pas devant la porte et me concentre sur sa respiration. Elle est lente et sereine, elle doit dormir. J'entre tous de même et referme délicatement derrière moi.

Mais avant de la fermer totalement, j'ai le temps d'apercevoir Leindel dans l'embrasure. Il est appuyé nonchalement contre un mur et m'observe. On s'observe en chien de faïence dans un silence lourd de sens. Je sais ce qu'il me reproche et ne peux pas lui en vouloir pour cela. Pourtant il me surprend lorsqu'il prend la parole.

- Prends soin d'elle.

Je reste abasourdie quelques instants, ne croyant pas ce que j'entends. Serait-il devenu aimable envers moi ? Je prolonge mon regard dans le sien pour le sonder.  Et après quelques secondes à peine, un puissant frisson me parcourt l'échine. Il dégage tellement de puissance que mon instinct de survie me pousse à me soumettre. Mais pas question, pour elle, je resterais. Alors je ferme enfin la porte et la rejoins dans le lit.

Pendant les quelques heures suivantes, je passe mon temps à lui caresser doucement le front et à la soutenir durant son sommeil avec en arrière fond les voix mécontentes des deux frères.

- Ils en font du boucan, protesta faiblement ma belle endormie me sortant de mes pensées.

- Tu es réveillée ? m'émerveillais-je.

- Brenda ? demanda-t-elle en se relevant sur un coude, un œil sur deux ouvert et encore, qu'à moitié.

- Bes oui, ris-je.

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant