Le Murmure de l'Originelle T-1

60 • Azénia

Ma mère sirote sa tisane calmante tandis que Leindel détaille le lieu où nous sommes. Le jardin d'hiver où nous nous trouvons est un véritable refuge pour ma mère. Dès qu'une chose la contrarie ou la blesse, elle vient se reposer ici. 

- Alors ? Ces explications, elles viennent ? déclare-t-elle en claquant la langue. 

Je souris discrètement, on sait de qui je tiens mon impatience. Au vue de la lueur malicieuse dans les yeux du Lion, il doit se dire exactement la même chose. 

- Eh bien, c'est assez délicat, je ne saurais même pas par quoi commencer. 

Je ferme les yeux un instant me rappelant la fois où j'avais dû expliquer à Leindel que j'avais vu la Déesse Lune. 

"C'est dur hein ? m'avait il dit. Quand on ne sait pas comment débuter une histoire."

J'avais hoché doucement de la tête.

"Alors commence au moment où tout est devenu bizarre, m'avait-il répondu."

- Eh bien je crois que je vais devoir commencer quand tout a commencé à devenir bizarre, déclarais-je à voix haute en faisant écho aux anciennes paroles de Leindel. 

Le regard lourd de sous-entendus qu'il me lance me fait clairement comprendre qu'il sait parfaitement à quoi je fais référence. Je lui fais un petit sourire et entreprends d'appliquer ses conseils. J'explique à ma mère les événements étranges qui se sont passés récemment en commençant par mon anniversaire.

Je lui raconte ma rencontre avec Leindel, la découverte de la nature de Camille, de ce monde et des incroyables créatures qu'il renferme. 

- Tu les adorerais maman, terminais-je en parlant des Furies, ils sont tout bonnement extraordinaires et puis leurs pouvoirs le sont encore plus ils... 

Je suis interrompue par le doux rire de ma mère qui me regarde, les larmes aux yeux.

- Qu'est-ce qui t'arrives ? m'inquiétais-je aussitôt. 

- Rien c'est... c'est juste que je m'inquiétais pour toi Ingrid. Depuis que tu es petite, mais je suis rassurée maintenant, tu as trouvé un monde dans lequel t'épanouir. 

Je lui rends son sourire, en lui serrant les mains. 

- Pourquoi vous inquiétez vous tant que cela ? demande Leindel en fronçant les sourcils. Vous saviez ? 

- Ne dit pas n'importe quoi, c'est normal qu'une mère s'inquiète pour son enfant, le sermonnais-je en lui lançant un regard noir.

- Malheureusement Ingrid il a raison, marmonne-t-elle en baissant les yeux.
 
- Quoi ? m'exclamais-je en lâchant ses mains de surprise.  

- J-je, je voulais attendre ton père Ingrid, mais je crois que ça ne peut plus attendre désormais. 

- De quoi parles-tu enfin maman ? 

- Ecoute Ingrid, moi aussi j'ai une histoire à te raconter. 

Je déglutis difficilement en voyant son air attristé. Je sens que je ne vais pas apprécier son récit. 

-  D'accords, dis-je tout de même pour lui donner du courage. 

- Très bien, alors tout a commencé il y a 26 ans. Ton père et moi venions de rentrer chez nous après un énième rendez-vous avec un médecin. J'étais dévastée, il venait de nous annoncer que j'étais stérile et qu'en conséquence, il n'y avait aucun moyen pour que je puisse avoir un enfant. Je n'arrivais pas à y croire, moi qui avait toujours rêvé d'être mère ! s'exclame-t-elle, la voix éraillée devant ce souvenir encore douloureux.