- Ingrid lève toi !
Je plaque mes mains contre mes oreilles pour occulter la voix de Camille. Mais rien à faire. De tout façon, si je ne me lève pas, il finira par me réveiller brusquement, comme souvent depuis le début de notre coloc. Je me lève avec une migraine horrible, sûrement à cause de ce rêve. C'est fou, je le fais chaque jour de mon anniversaire depuis cette soirée lointaine, et il est de plus en plus intense. Cette fois c'était horrible, j'avais l'impression que j'allais éclater comme une beaudruche. Pourtant, il ne se passe rien d'extraordinaire, c'est juste Camille et moi, regardant la Lune et parlant tranquillement.
- INGRID !
- Oui bon ça va, je suis debout !
Je grimace en entendant ma voix. Et pour cause, le réveil c'est toujours une épreuve et ce, quelque soit l'organe. Alors, vous vous doutez bien que mes cordes vocales obéissent aux mêmes lois. Donc quand on me force à chanter, juste après le saut du lit, et bien ma voix ressemble plus à un croassement qu'autre chose.
J'enfile rapidement mon peignoir et sors de ma chambre. Je traîne des pieds jusqu'à la cuisine et m'affale sans plus attendre sur le tabouret. Bref, un vrai modèle de grace dans toute sa splendeur.
- Ah, enfin debout marmotte, dit-il en me tendant une assiette pour mon déjeuner. Il était temps, on ne fête pas ses 25 ans tous les jours.
- Pourquoi j'ai juste le droit à deux kiwis ? je proteste d'un vif mouvement de bras.
- Parce qu'on va en boîte ce soir et qu'on doit pas voir ta bedaine, rit-il.
Je lui frappe le bras.
- N'importe quoi, depuis que je fais de la boxe, je suis encore plus musclée qu'avant, idiot ! Et je t'interdis de rire ! le menace-je de mon petit doigt, le regard sévère.
Ne vous inquiétez pas, depuis le lycée je ne suis pas devenu un démon qui interdit à ses amis de rire. Non en fait c'est plus compliqué et ça remonte à la toute fin de mon lycée. Plus précisément dans les premières semaines de mon installation dans mon appartement avec Camille.
Ça faisait une semaine qu'on avait emménagé et la course me manquait beaucoup trop. En plus ma nouvelle fac était assez intense en charge de travail. J'ai décidé de laisser la musique et le chant de côté, juste en tant que passion. Et j'ai plutôt choisis une carrière dans le soin. Je ressentais ce besoin de soigner les gens, qui me dévorait de l'intérieur. C'étais aussi puissant que mon attrait des plantes. Alors j'ai mélangé les deux. Me voilà donc étudiant la phytothérapie. C'est un mot d'origine grecque qui désigne l'art de soigner par les plantes, mais ça, vous l'aurez compris. Enfin, avant j'ai du faire tout un tas d'études pour ça, notamment des études de médecine et de botanique. Ce n'est qu'après ça que j'ai pu aborder un cycle de phytothérapie. Et comme la médecine ce n'est pas de tout repos, j'avais vite ressentis le besoin de courir.
Alors je suis partis faire un footing dans la forêt du coin. Je n'ai plus jamais retenté l'expérience. Non sérieusement, j'ai cru que j'allais mourir ce jour-là. En fait je courais tranquillement dans les abords de la forêt quand j'ai entendu un bruit bizarre. Comme tout le monde l'aurais fait je me suis retournée pour voir. Et là .... J'étais presque face à face avec un prédateur redoutable : un loup. Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie et j'ai foncé vers la ville et la sécurité qu'elle m'offrait.
En rentrant j'ai raconté ça à Camille, et vous ne devinerez jamais comment il a réagi. Enfin si du coup, vous l'aurez compris : il s'est moqué de moi et quand je lui ai dis que c'était un ami indigne et qui ne s'inquiétait pas pour moi, il s'est mis à hurler de rire. Du coup, j'ai décidé de me mettre à la boxe, parce que, là au moins, je sais que je ne rencontrerai pas de loup ou de tueur en série. Et depuis, à chaque fois que je parle de la boxe, il se met à rire car il repense à ce moment. Je ne sais toujours pas ce qui le fait aussi rire. Faut croire que je m'embête à aller à la boxe pour éviter les fous furieux pour rien vu que je vie avec un.
- Aller dépêche toi, on doit rejoindre Brenda.
Ah oui, encore une nouveauté j'ai une autre amie. J'avoue que notre amitié a commencé d'une manière pas très commune. La première fois que je suis allé à mon cours de boxe, tout c'est bien passé, la prof était géniale, l'ambiance aussi et même l'endroit. Bref parfait. Du coup, je suis allée à mon deuxième cours. Et là, quelle mauvaise nouvelle m'attendait ? Une nouvelle venue. Je l'ai détestée dès le premier regard. Le stéréotype même d'une pouffiasse. Grande et mince mais avec des formes généreuses là où il faut, une longue chevelure blonde et des yeux de biche bleue. La première chose que j'ai pensé c'est :" qu'est ce qu'elle fout là celle-là. Au premier coup, elle va hurler qu'on lui a cassé un ongle". Je crois que, quand elle m'a vu...et bien non le problème c'est ça, ce genre de stéréotype vivant se sent obligé de péter plus haut que son cul.
Alors, elle m'est passée devant sans même m'accorder un regard. Évidement, quand elle est passé, un sillage de parfum à la rose flottait. Franchement, je n'ai pas pu m'en empêcher, le physique, le mentale, le nom, tout, absolument tout, m'indiquait dans l'idée qu'elle était superficielle au possible. Alors, pour la provoquer, lorsqu'elle est repassée devant moi j'ai doucement chuchoté: "pouffe". C'est pas glorieux, je sais, mais j'ai toujours tellement eu envie de rabattre le claquet de ces bimbos qui martyrisent tout le monde ! Mais si j'avais su à l'époque à quel point je me trompais !
Enfin, toujours est-il qu'à ce moment, je le pensais vraiment. Quand elle m'a entendue, elle s'est tournée si brusquement que je ne l'ai presque pas vue. J'ai croisé son regard brûlant de rage et l'instant d'après elle me hurlait dessus. La prof est aussitôt venue et mon secours en lui expliquant qu'il devait avoir erreur parce que j'étais muette. J'aurais pu faire profil bas, mais j'ai préféré planter mes yeux droits dans les siens et lever le menton de défis. Elle a arrêté d'insister et m'a juste défiée au combat. On est partit sur le ring en ignorant les remontrances de la prof et on s'est placé. Puis le combat a commencé.
C'était vraiment génial quand j'y pense. Je crois qu'on a toutes les deux étaient bien surprise du niveau de l'autre. Après quelque minutes d'échanges, j'avais le visage en sang, une côte fêlé. Mais elle n'était pas en reste, son visage aussi faisait peur et elle boitait comme une dingue. La prof est intervenue en fin de compte et nous a virées du club. Et pendant qu'elle nous remontait les bretelles, la fille et moi, on se regardait sous un nouveau regard. Une fois dehors on a échangé un sourire commun et on est partit ensemble à l'hôpital. On s'est tout raconté, comme de vieilles amies, moi de ma M.S.U.I et elle m'a expliquée qu'elle en avait plus que marre d'être jugée sur son physique. Bref, à partir de là, on a cherché un nouveau club et on est devenue de grandes amies.
- Ingrid tu es encore partit dans tes pensées ? Réveille-toi parce qu'on part dans trois minutes.
- Quoi ?! Mais non ! Je serais jamais prête ! Je proteste inutilement au mur.
- Tic tac... continue-t-il tout en l'ignorant.
- Goujat ! Attend, non, si tu pars je vais....
ARG je suis à cours d'idée.
- Trop tard ! Aller viens, rit-il en apparaissant devant la porte de ma chambre.
Il s'avance vers moi, elle m'attrape le bras pour m'obliger à sortir. Il me traîne tandis que je tente de freiner son avancé. Mais pour tout vous dire, je ressemble à une coccinelle qui essaye d'arrêter un mammouth.
- Hey ! Mais je suis encore en pyjama ! Non Camille ! Stop !!
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Et voilà, j'espère que vous avez aimé, et je souhaite bon courage au personne, qui, comme moi, reprennent les cours !
Bisouilles <3
PS: Merci à toi aphrodillia ! <3
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Le Murmure de l'Originelle T-1
ParanormaleUne jeune femme muette mais pourtant sarcastique, ça c'était moi avant que tout ne soit chamboulée. Ça c'était la normalité ennuyeuse de mon autre vie. Mais aujourd'hui, qui suis-je ? Apparemment une femme dotée de pouvoirs étranges capables de cont...