Le Murmure de l'Originelle T-1

36• Marché conclu

Je pose mes affaires sur le plan de travail et farfouille dans ses placard à la recherche de casseroles, de couteaux, et tous les ustensiles utilent pour faire une tisane. 

J'entends au dessus, Leindel et Camille parler. C'est fou, je ne m'habiturais jamais à cette ouïe surnaturelle. Entendre le moindre grincement à des kilomètres ou même la respiration de chaque être vivant aux alentours n'est vraiment pas naturelle pour moi. Mais étrangement, ça ne me dérange pas, mon esprit fait la part des choses et occulte les bruits inutiles. 

- Raaa, y'a pas un seul couteau à dent ? Pourquoi il n'y a que des couteaux à viandes ? ralais-je, mécontente. 

Je m'arrête et après un instant je me frappe le front. Bien sûr, que suis-je bête. Il ne doit manger que de la viande. 

Je ris de ma propre bêtise, et m'attèle à ma tâche, ayant enfin réunis tout ce dont j'avais besoin. Je coupe tant bien que mal les fleurs avec mon couteau non adapté. 

J'entends les pas de Camille et Brenda dans les escaliers et je les vois du coin de l'œil, s'installer dans la cuisine. Brenda vient jusqu'à moi et s'assoit sur un tabouret en face de mon plan de travail, Camille lui, reste à l'écart et s'adosse a un mur. 

Intérieurement je fais la moue, ils se font toujours la gueule apparemment. 

On reste assis en silence pendant un moment tandis que je termine la tisane. Je souris un instant en voyant une fleur que je n'avais pas l'intention d'utiliser. Une fleur de tiaré. Sûrement un ajout de la Déesse Lune. Même si la science ne l'a pas prouvé, je sais qu'elle est utilisée par les Tahitiens pour guérir les plaies infectées. Mais étant donné qu'il n'y a pas de séquelles externes, je pense surtout qu'elles sont là pour leur odeur divine ! 

Une fois l'eau frémissante, je plonge mes fleurs dans l'eau, baisse le feu, et laisse décocter en posant un couvercle. 

Je souffle un bon coup sur une mèche retombant sur mon front et les regarde.

- Un thé ? Café ? je propose gentillement.

Ils hochent négativement la tête sans piper un mot. Bonjour l'ambiance. Je hausse les épaules et m'en retourne à ma tisane. Je lui jete un coup d'oeil et, satisfaite, je m'occupe de mon thé. 

Ils suivent chacun de mes gestes mais n'ouvrent toujours pas la bouche. Qu'est-ce que ça peut être agaçant ! Ils me font penser à des hiboux entrain de regarder un ballet, suivant des yeux mais sans bouger un instant. 

Je souffle bruyamment pour les faires réagir, mais rien n'y fait. Très bien, on est au niveau supérieur là. 

Une fois mon thé prêt, je bave littéralement et me jette dessus avec empressement. Je ferme les yeux et respire la délicieuse odeur en tentant d'ignorer leur regard. J'avale ma première gorgée de thé avec délectation et soupire de plaisir. Mais pourtant il est gâché par ces deux idiots.

Je pose ma tasse avec force sur la planche de bois brut, manquant à deux doigts de la briser à cause de ma nouvelle force étonnante. Ignorant le thé sur mes doigts, je leur jette un regard que je veux sévère. 

- Mais qu'est-ce qui vous prend à la fin ? je m'exclame avec force. 

J'appuie mon propos en faisant quelques mouvements rapides des bras, mécontente. Ils me regardent pas impressionnés pour un sou. Mais Camille semble enfin enclin à ouvrir la bouche. 

- Leindel m'a expliqué. Dès qu'il va mieux on s'en va. Je sais déjà où on va aller s'entraîner. Il y a une forêt pas très loin de la ville, elle est un peu fréquentée mais quand on sait où aller il n'y a pas âme qui vive.