L'illusion réelle.

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Ce n'est pas une illusion. Je titube sous la stupéfaction. Mais, comment ? C-ce n'est p-as possible ! Je regarde ma peau si lisse, sans le moindre détail qui pourrait révéler l'état de mon bras un peu avant. Est-ce que je rêve ? Non, ce n'est pas possible, j'ai vu de mes propres yeux ma peau se réparer et la douleur était si forte que je ne peux l'avoir imaginée...

Soudain alors que je nage toujours en plein délire et que je marche vers l'arrière comme dans un mécanisme d'autodéfense, je me heurte à quelque chose, sûrement une racine, et tombe en arrière. J'atterrie durement sur mes fesses. La neige tapissant le sol agit alors sur moi comme un électrochoc, et me ramène à la réalité. Enfin, une réalité quelque peu abracadabrante.

Je sens déjà mes jambes s'engourdir et la chair de poule tapisser ma peau. J'expire longuement et regarde avec fascination la volupté de fumée se former et disparaître vers le ciel. La mélancolie des arabesques qui se tord me gagne et soudainement toute la colère qui me possédait disparait et me laisse seule. Mon cœur se serre tandis que je murmure :

- Mon Camille, je suis si seule... Viens à moi et sers-moi dans tes bras.

Mais je crois que Camille me trouverait ridicule dans cette situation. Non en fait j'en suis sûre, je le connais tellement bien, sûrement même mieux que moi. Je connais sa couleur préférée, je sais ce qui le rend triste, ce qui le rend heureux, quoi lui faire manger pour lui remonter le moral, sa boîte de nuit et sa musique préférée. Je connais son parfum, ce qu'il mange le matin enfin bref, sa manière d'être, tout simplement. Moi qui aime tant les fleurs, pour moi il est comme du muguet, symbole d'amour et de bonheur. Mon foyer, mon ami.

 Les yeux fermés j'arrive même à imaginer l'odeur de ses petites fleurs, la douceur de leur feuille sous mes mains, leur délicat frottement sur mes chevilles. Ces impressions gagnent en force et alors un mot s'impose à moi comme une évidence :

 - Convallaria majalis*.

Je rouvre brusquement les yeux, mon instinct m'ayant prévenu de me méfier. Je hoquette de surprise et rapproche mes jambes autour de moi dans un élan de protection face à ce qui m'entoure. Je n'aurais pas dû m'écouter, j'aurais dû garder les yeux fermés.

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant