61 ° Un abandon puissant et complet

150 19 25
                                    

J'ouvre les yeux en grimaçant, une douleur pulsante dans le dos.

- Tu es réveillée, dit une voix au-dessus de moi avec satisfaction.

- Maman ? m'exclamais-je en ouvrant grands les yeux, étonnée.

Je regarde aussitôt son abdomen pour découvrir, entre stupéfaction et plaisir, l'absence totale de blessure.

- Tu as guérit ! dis-je en tentant de me relever.

Ma mère m'aide aussitôt, remarquant ma difficulté.

- Tu veux dire que tu m'as guérie, répond-t-elle en insistant sur le "tu".

- Comment peux-tu être aussi sûr que c'est moi ? demandais-je.

- L'instinct maternelle, répondit-elle comme une évidence.

Je lui saute dans les bras, peut importe si je suis responsable ou non de cela, tant que ma mère est en vie.

- Maman ! J'ai eu tellement peur que je ne puisse plus jamais te tenir dans mes bras, chuchotais-je contre son coup.

- N'y pense plus mon trésor, c'est finis tout ça, me rassura-t-elle en frottant doucement mon dos pour me réconforter.

Mais c'est l'effet inverse qui se passe, au lieu de me décontracter je pousse un petit cri de douleur.

- Qu'est-ce que tu as Ingrid ? s'inquiète ma mère en arrêtant aussitôt ses caresses.

Si seulement elle m'avait caressé la tête plutôt que le dos, jurais-je intérieurement. Je ne voulais pas l'inquiéter encore plus.

- Rien, juste, je... Je, je me suis faite tatouer, mentis-je finalement.

- Tatouer ? répète-t-elle incrédule. Tu te moques de moi j'espère ? Je t'ai déjà expliqué une centaine de fois que les tatouages sont permanents ! Sauf si tu payes une fortune pour les faire enlever ! Et puis tu vas changer ! Tu ne vas pas être pareille dans vingt ans, tu n'auras plus les même goûts tu...

Je ris discrètement devant son monologue. Ce discours elle me l'a répété des centaines de fois quand j'étais adolescente. Ce qui à l'époque avait le don de m'agacer. Mais aujourd'hui, après tout ce qui s'est passé, ça me rend nostalgique et heureuse. Heureuse de voir que ma mère est toujours là, qu'elle pourra me faire ce discours au moins une centaine de fois encore.

- Aller viens maman, souriais-je en l'interrompant. C'est fait maintenant, rentrons plutôt. On a beaucoup de marche qui nous attend. Tu me passeras un savon pendant ce temps si tu veux.

- J'y compte bien ! s'exclame-t-elle, faussement sévère.

On se fixe un instant avant de se mettre à rire largement. Un rire libérateur, qui après tous ces bouleversements est le bienvenu.

- Comment sommes-nous arrivées ici et pourquoi connais-tu cet endroit ? demande ma mère au bout d'un petit moment.

- Le comment de notre arrivée, je ne pourrais te le dire. Par contre, je connais cette forêt parce que c'est là que j'habite depuis ma disparition.

- Avec ton fiancé ?

- Oui, dis-je en hésitant.

Devrais-je lui dire la vérité ? Elle avait l'air si heureuse de me voir avec quelqu'un. Je ne voudrais pas la décevoir. Mais lui mentir sur ça est inconcevable !

- Ingrid, ne te triture pas les méninges comme ça.

Je grimace, j'ai toujours détesté ce verbe.

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant