N'y croyant toujours pas, j'enlève carrément mon t-shirt pour m'observer. Je cligne des yeux, une fois, deux fois et à la troisième, elles sont toujours là.
Des lignes et des symboles s'entrelacent au niveau de mes reins et s'étendent sur mes hanches. Une ligne, simple, remonte le long de ma colonne vertébrale. Tout comme celle de mes hanches, la ligne s'arrête progressivement vers le milieu de mon dos, comme si elle n'était pas finie. Mais si ce n'était que ça ! Leindel ne l'a peut-être pas remarqué, mais j'ai grandi ! Et j'ai perdu ma bedaine chérie ! Elle a été remplacée par un ventre tout plat ! J'aimais bien ma couche de graisse par dessus mes abdos en béton, moi ! Oui, quand même, je fais de la boxe après tout.
Et il n'y a pas que mes cheveux qui se sont éclaircis, ma peau aussi. Heureusement que mes yeux sont noirs, sinon, je passerai sûrement pour un fantôme. J'entends un bruissement. Du coin de l'oeil je vois Leindel, l'épaule posée contre l'encadrement de la porte. Ses beaux yeux dorés parcourent, avec attention, mon nouveau corps sans même s'en cacher. Aussitôt, ma peau se remémore le tracé brûlant mais apaisant de ses grandes mains. J'adore ses mains pourvues de longs doigts fins. Des mains d'artistes. Je le vois sans mal, les cheveux relâchés, un fusain entre les doigts, posant un regard pénétrant sur son modèle.
On reste ainsi, à s'observer, face à face et immobiles. Mais je meurs d'envie de le voir comme je me le suis imaginée. Alors, je glisse vers lui, toujours vêtue de mon short et ma brassière, comme de l'eau, fluide et sensuelle. Je m'arrête doucement une fois devant lui et plante mes yeux dans les siens. Nos souffles se font cours et une tension, maintenant parfaitement tangible, nous entoure. Délicatement, je lève le bras et pose ma main sur sa nuque. Je la glisse avec plaisir dans sa chevelure, constatant qu'elle est aussi douce que sa crinière. Une fois au sommet de son crâne, je tire, avec une légère hésitation, sur l'élastique retenant ses cheveux. Il continu de me fixer avec force tandis que ses mèches cascadent le long de son visage anguleux. Je recule d'un pas et l'admire. Il est exactement comme je le pensais. Peut-être même mieux.
- Est-ce que tu dessines ? demandais-je la voix plus grave qu'en temps normal.
Il secoue la tête et je pousse un petit "oh" de déception.
- Mais je sculpte, reprit-il après un moment de silence, comme s'il avait hésité à me le confier.
J'equarquille les yeux de surprise et de joie mêlée. D'un simple mouvement de tête, il m'indique de le suivre. Je ne me fais pas prier et m'empresse de marcher dans ses pas. À mon plus grand étonnement, nous sortons dehors. Sans me prévenir davantage, il se se met à courir à une vitesse folle. Je prends quelques secondes à réagir mais c'est mieux que les minutes qu'il me fallait au tout début. Je finis par rattraper Leindel et réussis même à maintenir son rythme.
Je grimace à chacun de mes mouvements mais la douleur reste tolérable. Aussi brusquement qu'il s'y ai mis, il s'arrête de courir. Je me stoppe devant le vieux pin et reprends très légèrement mon souffle. Pendant ce temps, il a déjà grimpé dessus. Je fronce les sourcils, en le suivant tout de même, mais en me demandant s'il ne s'est pas moqué de moi.
Mon doute s'intensifie lorsqu'arrivé à la cime, il saute sur une autre un peu plus loin, comme dans l'exercice de tout à l'heure. Autant pour m'entraîner qu'aillant toujours l'espoir qu'il m'amène jusqu'à ses sculptures, je le suis. Je saute en prennant mon courage à deux mains et même si le vent fouette mes cheveux, je reste concentré sur mon objectif. Je finis par atterrir, moins gracieusement que quand la magie me possédait, mais j'y parviens tout de même. Je ris légèrement et continue de suivre Leindel.
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Le Murmure de l'Originelle T-1
ParanormalUne jeune femme muette mais pourtant sarcastique, ça c'était moi avant que tout ne soit chamboulée. Ça c'était la normalité ennuyeuse de mon autre vie. Mais aujourd'hui, qui suis-je ? Apparemment une femme dotée de pouvoirs étranges capables de cont...